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Comment le Rassemblement national d’extrême droite français compte obtenir sa majorité absolue au Parlement

Fort de son franc succès au premier tour des législatives anticipées, le Rassemblement national (RN) espère obtenir la majorité absolue au second tour, le 7 juillet. Mais avant d’y parvenir, son président Jordan Bardella devra se défendre contre le Nouveau Front populaire (gauche) et la coalition Ensemble du président Emmanuel Macron.

La question sur toutes les lèvres à l’approche du second tour des élections législatives anticipées du 7 juillet prochain est : le Rassemblement national (RN), parti d’extrême droite français, obtiendra-t-il la majorité absolue à l’Assemblée nationale ?

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Le RN, soutenu par une partie des Républicains, a remporté le premier tour des législatives avec 33,1% des voix, suivi du Nouveau Front populaire (28%) et de la coalition Ensemble du président Emmanuel Macron (20%). Large favori pour le second tour, le RN pourrait néanmoins perdre si la coalition de gauche et le parti d’Emmanuel Macron s’unissent et retirent leurs candidats respectifs arrivés en troisième position afin de faire barrage à l’extrême droite. Le Nouveau Front populaire a retiré plus de 130 de ses candidats et le camp présidentiel plus de 80 dans des circonscriptions où le RN a de bonnes chances de l’emporter.

Déterminé à contrer cette menace, le RN maintient sa stratégie de se positionner comme l’unique défenseur de la démocratie et du peuple contre le « chaos de l’extrême gauche ».

Le problème Mlenchon

Lors de son passage sur TF1 lundi soir, le président du RN, Jordan Bardella, s’est étonné lorsque le présentateur l’a interrogé sur la stratégie de ses adversaires pour empêcher son parti d’obtenir la majorité absolue au Parlement. « L’alliance un peu contre nature entre M. Mlenchon et Emmanuel Macron est très surprenante », a déclaré M. Bardella, reprochant au président de la République de « collaborer avec un mouvement d’extrême gauche violent ».

Plus tôt dans la journée, Bardella avait a proposé la tenue d’un débat Entre les deux tours de scrutin, Jean-Luc Mlenchon, fondateur du parti d’extrême-gauche La France insoumise, lui a répondu sur X que le « Nouveau Front populaire n’a pas encore désigné de candidat au poste de Premier ministre ». Marine Tondelier, chef de file des écologistes, s’est également jointe à la discussion, les informant que c’était désormais au tour de son parti de débattre, Olivier Faure ayant déjà débattu au nom du Parti socialiste et Manuel Bompard pour La France insoumise. Cet ordre de débat, a précisé Marine Tondelier, avait été convenu entre les membres du Nouveau Front populaire.


La tactique du RN est de présenter Mlenchon comme le leader du Nouveau Front Populaire, car ils savent que de nombreux électeurs ont de fortes réserves à son égard.

Bardella et ses partisans font semblant d’ignorer que Mlenchon, quelque peu relégué au second plan dans cette campagne, est une figure qui divise même au sein du Nouveau Front populaire, qui comprend aussi le Parti socialiste, les écologistes et le Parti communiste. Certains de ses membres, comme Tondelier et Faure, ont déclaré qu’en cas de victoire, Mlenchon ne serait pas nommé Premier ministre car le candidat devrait être choisi à l’unanimité.

Mais le RN reste inflexible. « C’est un choix dimanche prochain entre M. Mlenchon comme Premier ministre et nous », a répété lundi soir M. Bardella sur TF1.

Attaques vicieuses

Tout au long de cette campagne, les collègues de Bardellas ont pris pour cible des membres de La France Insoumise, comme en témoignent plusieurs propos tenus dimanche soir lors de la soirée électorale.

« D’un côté, vous avez ceux qui aiment la France et de l’autre, ceux qui aiment le Hamas », a déclaré Laure Lavalette, porte-parole du RN, lors d’une interview sur BFMTV, provoquant l’ire de Raquel Garrido, députée sortante de la Seine-Saint-Denis. « Soyez loyaux, soyez honnêtes », a-t-elle lancé, qui avait qualifié quelques mois plus tôt l’attentat du 7 octobre perpétré par le groupe palestinien Hamas en Israël d' »acte terroriste absolument méprisable ».

Clémentine Autain, députée de La France insoumise réélue dans une autre circonscription de Seine-Saint-Denis, a subi le même traitement. « Quelle est la République que défend Madame Autain ? La République islamique », a déclaré Julien Odoul, député RN réélu dans l’Yonne, obligeant Benjamin Duhamel, présentateur de BFMTV, à prendre la défense de la militante féministe.


Lors d’un débat sur France 2, Lavalette a accusé Eric Dupont Moretti, le ministre de la Justice, d’être laxiste en matière pénale tandis que Moretti a affirmé que le RN utilise les crimes odieux comme « tremplin ».

Le front républicain du déshonneur

Une autre tactique utilisée par le RN est de critiquer ce qu’il considère comme les contradictions de l’alliance républicaine formée entre la coalition de Macron et le Nouveau Front populaire.

« Venir dire, comme l’a fait le président de la République il y a quinze jours, que ‘Nupes 2’ (la nouvelle alliance de gauche) est antiparlementaire, antisémite, communautariste et puis aujourd’hui (…) dire qu’ils sont meilleurs, qu’ils sont plus raisonnables que Jordan Bardella, que Marine Le Pen (…), ça n’a aucun sens », a déclaré Marine Le Pen, ancienne dirigeante du RN, lors d’un entretien sur France Inter mardi.

Macron a appelé dimanche à la formation d’une « alliance large, clairement démocratique et républicaine pour le second tour » pour éviter que le RN n’obtienne la majorité absolue.

Les élus du RN ont également vivement critiqué le candidat de la France Insoumise, No Gauchard, lorsqu’il s’est retiré de la course dans l’une des circonscriptions du Calvados, en Normandie, afin de ne pas diviser le vote contre l’extrême droite avec l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne.

« La France Insoumise a fait le choix de retirer sa candidate et d’appeler à voter pour Madame Borne, qui a mis en œuvre la réforme des retraites en s’appuyant sur l’article 49.3 (qui permet à un Premier ministre de faire voter une loi sans vote du Parlement) », a déclaré lundi Bardella, dénonçant un « alliance fondée sur le déshonneur sur les deux côtés ».

Les critiques de Bardella sont quelque peu incohérentes, étant donné que sa réforme des retraites obligerait certains Français à travailler jusqu’à 66 ans, soit deux ans de plus que la limite actuelle.

Défendre le peuple

En adressant ces critiques à l’alliance dite républicaine, le RN remet en cause l’intégrité de la coalition Ensemble et du Nouveau Front populaire. Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, a ainsi dénoncé ces « manigances » visant à « conserver des sièges ».


Le RN se positionne ainsi en défenseur du peuple et en critique des prétendues tentatives d’infantilisation des électeurs.

« Cette élection est celle de l’émancipation des Français », a déclaré Marine Le Pen mardi. « C’est exactement ce que le peuple est venu dire : arrêtez de nous donner des leçons de morale, arrêtez de nous dire où nous devons voter, comment nous devons penser ». C’est ce qu’ils ont dit au premier tour, et j’espère qu’ils le diront aussi au second tour, car c’est la clé pour changer la politique qu’ils subissent depuis sept ans ».

Si Bardella se dit « confiant » dans sa capacité à devenir Premier ministre, il est néanmoins conscient que la société française nourrit encore de fortes réserves à l’égard de son programme, qualifié de xénophobe et raciste par ses détracteurs. « Je serai le Premier ministre garant des droits de tous les Français », affirme-t-il, appelant les électeurs à « choisir une rupture responsable avec le passé ».

Dans un entretien au quotidien Le Parisien paru le 17 juin, Bardella a prévenu qu’il ne deviendrait Premier ministre que s’il obtenait la majorité absolue, soit au moins 289 des 577 sièges de l’Assemblée nationale. Ses proches, dont Marine Le Pen et Sébastien Chenu, ont toutefois fait des déclarations plus modérées.

« Une fois qu’on aura atteint, par exemple, 270 députés, il en faudra 19 de plus », a déclaré mardi Marine Le Pen à l’Assemblée nationale, laissant entendre que d’autres alliances pourraient être conclues avec « différents députés de droite, de gauche et LR (Les Républicains) » pour former une majorité.

Si le RN est en tête et semble en mesure de remporter la majorité absolue, rien n’est encore acquis. Au premier tour, le parti de Bardella et ses alliés a obtenu 39 sièges, contre 32 pour le Nouveau Front populaire. Il lui faudra 250 sièges au second tour pour prendre le contrôle de l’Assemblée nationale.

Cet article a été traduit de l’original en français.


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