La France et la Grande-Bretagne sont des frères désespérés | Le spectateur

Depuis le Brexit, la Grande-Bretagne et la France semblent s’être séparées. Les dirigeants des deux pays se sont engagés dans une guerre des mots. Mais malgré ces fractures politiques, la Grande-Bretagne et la France se ressemblent plus que jamais. Il est désormais difficile de différencier les conditions économiques, financières, sociales et politiques qui existent de part et d’autre de la Manche.

La France et la Grande-Bretagne font face à une vague de grèves au cours des prochains mois. Après une accalmie au cours de l’été, les travailleurs gaulois se retirent à nouveau : les syndicats du secteur public et des cheminots ont organisé une grève nationale pour des augmentations de salaire la semaine dernière. Même les syndicats modérés menacent désormais des arrêts massifs si Macron poursuit ses réformes du travail. Pendant ce temps, en Grande-Bretagne, des mois de grèves du coût de la vie dans tous les secteurs économiques ont aligné le Royaume-Uni sur les habitudes françaises. Ces débrayages pourraient devenir de plus en plus politiques comme Frances lorsque le gouvernement Truss tente de mettre en œuvre sa proposition de réforme des syndicats et des grèves.

Politiquement, le gouvernement minoritaire de Macron est obligé de négocier chaque projet de loi face à l’opposition véhémente des partis. Mais son dernier mandat le force à mettre en œuvre les réformes du travail réitérées dans son récent manifeste électoral. Sa grande peur est de devenir un président canard boiteux comme le second mandat de Jacques Chirac après 1995. Chirac a notoirement dissous le parlement en 1997 dans l’espoir de gagner une plus grande majorité pour se retrouver avec une cohabitation socialiste. La semaine dernière, Macron a déclaré qu’il dissoudrait le Parlement si son projet de loi sur la réforme des retraites faisait l’objet d’une motion de censure parlementaire, comme le menacent les partis d’opposition. Marine Le Pen a accueilli la nouvelle avec joie ; chiche (apportez-le), dit-elle. Le Pen calcule que les élections pourraient booster son 89 sorties et obliger Macron à faire appel à elle comme Premier ministre.

La situation politique au Royaume-Uni n’est pas si grave, mais elle pourrait le devenir. Liz Truss est relativement isolée au sein de son propre parti : la plupart des députés conservateurs n’ont pas soutenu sa campagne à la direction. Quelques semaines seulement après son entrée en fonction, la Première ministre fait déjà face à l’opposition croissante de ses propres bancs : le revirement d’aujourd’hui sur le taux d’imposition de 45 pences est survenu après que plus d’une douzaine de députés conservateurs ont déclaré qu’ils ne soutiendraient pas la mesure. Si elle continue à faire face à une opposition similaire à son mini-budget, elle pourrait être forcée de prendre certaines des mesures radicales employées par Macron.

Il existe également de nombreux parallèles économiques entre la France et la Grande-Bretagne. La deuxième (Royaume-Uni) et la troisième (France) économies les plus importantes d’Europe continuent d’afficher une croissance minimale. accroché à la cinquième place par le bout des doigts, mais l’écart entre les deux économies n’est qu’une bagatelle.

C’est une histoire similaire quand il s’agit d’inflation, même si la France fait un meilleur travail que la Grande-Bretagne pour garder un œil sur cela. L’inflation française est de 6,2 % ; La Grande-Bretagne est de 9,8 % (l’Allemagne vient d’atteindre 10,9 %). Le succès de l’inflation en France s’explique en partie par la sage décision d’Emmanuel Macron en mai, bien qu’à des fins électorales, de plafonner les prix de l’énergie en forçant son fournisseur national d’électricité EDF à absorber le coup (désormais déficitaire de 44 milliards d’euros (39 milliards)) et pour le gouvernement à accorder 55 milliards d’euros (48 milliards) de subventions aux ménages et aux entreprises pour compenser les coûts énergétiques.

Rattrapant son retard et suivant les traces de Macron face à la hausse du coût de l’énergie, le gouvernement de Liz Truss a été contraint d’introduire le mois dernier un programme de soutien énergétique de 60 milliards pour les ménages et les entreprises. Cela est venu en même temps que des dizaines de milliards de livres de réductions d’impôts. En conséquence, la dette va gonfler, bien qu’il y ait une certaine assurance que le ratio dette/PIB entre le Royaume-Uni et la Grande-Bretagne est le plus bas du G7 à environ 95 %, et reste inférieur à celui de la France à 115 % dette/PIB.

Mais ce ne sont pas toutes de bonnes nouvelles pour le Royaume-Uni : la Grande-Bretagne et la France ont toutes deux des déficits record de balance des paiements et des déficits budgétaires exorbitants (GB 7,1 %, France 5 % et en hausse). En France, Macron n’a cessé de réduire les taux les plus élevés de l’impôt sur les personnes physiques (à 48 %), a réduit les taxes professionnelles et refuse d’imposer une taxe exceptionnelle, malgré le tollé général. Lui et son ministre des Finances, Bruno LeMaire, insistent sur le fait que tout sera financé par la croissance économique. Ses mesures semblent avoir inspiré Liz Truss, qui a opté pour un paquet fiscal similaire malgré certaines mesures clairement impopulaires auprès des électeurs.

Ainsi, alors que les politiciens britanniques et français pourraient ne pas aimer l’admettre, il existe des ressemblances frappantes entre leurs deux pays. Ceux qui tentent d’attribuer les malheurs actuels de la Grande-Bretagne au Brexit devraient prendre note et se rendre compte que bon nombre des problèmes auxquels notre pays est confronté sont partagés par la France. Les deux pays subissent des difficultés macroéconomiques et financières similaires et semblent, malheureusement, emprunter la même voie politique. .

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