La France va réguler les influenceurs sur les réseaux sociaux

Le gouvernement français s’apprête à présenter un plan visant à mieux réglementer le travail commercial des influenceurs des médias sociaux afin de garantir qu’eux-mêmes, ainsi que les consommateurs de leur contenu, soient mieux protégés, a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Franceinfolundi.

Le marché mondial des influenceurs sur les réseaux sociaux est estimé à plus de 15,3 milliards en 2022. En France, le marketing d’influence est l’une des formes de promotion les plus efficaces pour les marques françaises, avec 68% utilisant des influenceurs, notamment sur Instagram, pour promouvoir leurs produits.

Ce marché de grande valeur avec une portée sans précédent a suscité des inquiétudes chez les législateurs quant au pouvoir et à l’influence qu’ils exercent.

Les influenceurs doivent être soumis aux mêmes règles que celles qui s’appliquent aux médias traditionnels, a déclaré Le Maire, ajoutant qu’Internet n’est pas le Far West et qu’il souhaite donc donner un statut et renforcer les contrôles sur les influenceurs.

Ce n’est pas un combat contre eux. Au lieu de cela, il doit y avoir un système pour protéger les influenceurs, pas pour les stigmatiser, a-t-il noté.

L’industrie du marketing d’influence a proliféré ces dernières années, tant en Europe que dans le monde.

L’objectif est de lutter contre les dérives inacceptables du secteur de l’influence pour protéger les consommateurs français.

Les influenceurs sont des utilisateurs de médias sociaux avec des suivis importants sur des sites tels qu’Instagram, TikTok et YouTube qui s’engagent souvent dans le marketing et la promotion de produits ou de services en échange d’un paiement.

Une enquête estime qu’en 2022, il y avait près de 10,5 millions d’utilisateurs européens d’Instagram considérés comme des influenceurs car ils comptaient plus de 1 000 abonnés.

Une consultation publique a été lancée en France en début d’année, impliquant les acteurs du secteur de l’influence, et a abouti à plusieurs recommandations, qui pourraient être incluses dans le plan annoncé par Le Maire.

Celles-ci incluent une définition juridique des influenceurs et de leurs agents et le renforcement de leurs obligations contractuelles. L’interdiction ou la restriction de la promotion de certains produits pourrait également être envisagée, de même que la création d’un label certifiant la responsabilité d’un créateur de contenu.

En janvier dernier, les services de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) constataient des anomalies chez 60% des influenceurs contrôlés, qui ne respectaient pas la réglementation sur la publicité et le droit des consommateurs.

Selon la DGCCRF, tous les influenceurs [inspected] n’ont pas respecté les règles sur la transparence du caractère commercial de leurs publications.

Le rapport indique que certains consommateurs ont trompé les consommateurs sur les propriétés des produits vendus […] ou fait la promotion de produits ou de services à risque.

Dans des cas plus rares, certains ont proposé, voire organisé, le détournement de fonds publics dédiés à la formation pour obtenir des cadeaux ou des récompenses monétaires ou poussé leurs adeptes à recourir à des pratiques cosmétiques dangereuses pour la santé.

Ces dernières années, plusieurs influenceurs ont été traduits en justice, soupçonnés d’avoir monté des stratagèmes d’escroquerie ou de fraude, voire condamnés.

Actuellement, les seules restrictions sur les influenceurs viennent des plateformes où ils doivent indiquer si un post est rémunéré ou en collaboration avec une marque particulière.

Trouver le bon équilibre

Selon une étude externe de 2022 demandée par la commission IMCO du Parlement européen, les consommateurs s’engagent volontairement avec des influenceurs mais sont simultanément exposés à des publicités qui reposent sur la relation entre le consommateur et l’influenceur, ce qui soulève des inquiétudes quant à la protection des consommateurs.

L’étude a défini un influenceur comme un créateur de contenu avec une intention commerciale, qui établit des relations de confiance et d’authenticité avec son public (principalement sur les plateformes de médias sociaux) et s’engage en ligne avec des acteurs commerciaux à travers différents modèles commerciaux à des fins de monétisation.

Les influenceurs sont également souvent financés directement par leurs fans ou par le biais de leurs entreprises commerciales et de leurs collaborations avec des marques.

Mais l’étude a averti que dans certaines pratiques, le marketing d’influence pourrait avoir un impact négatif sur les consommateurs, y compris les enfants et les adolescents.

Parmi les recommandations fournies par l’étude, il y a l’appui et l’élargissement de la législation existante sur la protection des consommateurs et le soutien aux États membres dans le développement d’outils numériques pour mieux surveiller les activités commerciales des influenceurs.

Cependant, l’étude souligne également que la réglementation des influenceurs doit veiller à trouver le bon équilibre, afin d’éviter les obstacles à l’interaction sociale en ligne et à la création de contenu non commercial.

(Davide Basso | EURACTIV.fr Edité par Sarantis Michalopoulos | EURACTIV.com)

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