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Robert Badinter, qui a gagné le combat pour mettre fin à la peine de mort en France, est décédé à 95 ans

Robert Badinter, avocat français et ancien ministre de la Justice qui a mené la lutte pour l’abolition de la peine de mort en France et est devenu l’une des personnalités intellectuelles les plus respectées du pays, est décédé tôt vendredi. Il avait 95 ans.

Son décès a été confirmé par Aude Napoli, sa porte-parole. Elle n’a pas précisé où il est mort.

Il est une pierre de touche pour de nombreuses générations, a déclaré vendredi le président Emmanuel Macron aux journalistes lors de sa visite à Bordeaux, saluant M. Badinter comme un sage et une conscience pour la France.

La nation lui doit beaucoup, a déclaré M. Macron, ajoutant que le gouvernement organiserait un hommage national.

M. Badinter a passé des décennies en tant qu’avocat de la défense estimé, mais il était surtout connu pour avoir promulgué la loi de 1981 qui a aboli la peine capitale en France, l’un de ses tout premiers actes en tant que ministre de la Justice dans le gouvernement socialiste du président François Mitterrand.

Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue, a déclaré M. Badinter aux législateurs en 1981 dans un discours enflammé de plusieurs heures défendant la loi.

Il y est parvenu malgré le large soutien du public en faveur de la peine de mort à l’époque. La lutte contre la peine capitale a été au cœur de sa vie durant de défense des droits humains contre l’oppression et la cruauté. C’est également sous la direction de M. Badinters, en 1982, que la France a dépénalisé l’homosexualité.

Dans The Execution, un livre de 1973, il se souvient très bien du claquement sec de la lame de la guillotine alors qu’il assistait à l’exécution de l’un de ses clients, un détenu condamné à mort pour complicité dans le meurtre d’un gardien et d’une infirmière après une prise d’otages. en prison.

Cette expérience traumatisante a conduit M. Badinter à se lancer dans une croisade contre la peine de mort. Des décennies plus tard, dans une interview accordée au New York Times en 2010, il qualifiait toujours la guillotine de mon vieil ennemi.

M. Badinter a été ministre de la Justice de 1981 à 1986, puis est devenu président du Conseil constitutionnel français, poste qu’il a occupé pendant neuf ans. Le conseil est l’institution qui examine les lois pour s’assurer qu’elles sont conformes à la Constitution.

Il a également été député socialiste au Sénat de 1995 à 2011 et, pour beaucoup, notamment à gauche, il est progressivement devenu la conscience de la République, fervent défenseur de l’État de droit.

Profondément engagé pour la justice, défenseur de l’abolition, homme de droit et de passion, il laisse un vide à la hauteur de son héritage : incommensurable, ric Dupond-Moretti, ministre de la justice français et lui-même avocat de longue date. dit sur les réseaux sociaux.

M. Dupond-Moretti a annoncé plus tard que le ministère de la Justice serait exceptionnellement ouvert au public jusqu’à dimanche, permettant aux gens de venir signer un livre de condoléances.

Robert Badinter est né le 30 mars 1928 à Paris d’immigrés juifs de Bessarabie, une région d’Europe de l’Est aujourd’hui à cheval sur la Moldavie et l’Ukraine. Il a été élevé dans le respect des valeurs libérales et de tolérance de la république française.

Mais en 1943, alors qu’il a 15 ans, son père, Simon, est déporté de Lyon et ne revient jamais des camps de la mort nazis. Plusieurs autres membres de sa famille, dont une de ses grand-mères, ont également été tués par les nazis.

La leçon pour M. Badinter n’est pas que les promesses de la république sont vaines mais qu’une vigilance constante est nécessaire pour les honorer et les défendre. Le gouvernement de Vichy en France, qui a collaboré avec les nazis à la déportation des Juifs en temps de guerre, a constitué la trahison ultime de la république.

Se définissant comme républicain, laïc et juif, il a porté en lui pour le reste de sa longue vie la marque de la perte de sa famille dans un moment de trahison française.

Je suis Français, juif français, les deux sont indissociables, déclarait-il au Monde en 2018. Ce ne sont pas que des mots, c’est la réalité vécue.

M. Badinter et d’autres membres de sa famille ont fui vers une petite ville des Alpes françaises, où les habitants les ont hébergés. Après la guerre, il étudie la littérature et le droit à Paris et obtient un Master of Arts de l’Université Columbia de New York. Il a débuté sa carrière d’avocat en 1951 et, plus tard, tout en enseignant à l’université, il s’est battu pour aider plusieurs condamnés à éviter la peine de mort.

En tant que ministre de la Justice, M. Badinter a aboli les tribunaux spéciaux qui fonctionnaient en dehors du cadre normal de la loi, comme s’ils jugeaient uniquement les crimes contre l’État, et il a fait adopter des réformes visant à améliorer les conditions de vie en prison, alors même que les opposants de droite et d’extrême droite s’insurgent. contre lui comme étant trop indulgent envers les criminels.

M. Badinter faisait partie d’un gouvernement qui a remodelé le Parti socialiste en un mouvement de centre-gauche et a abandonné la nationalisation massive des industries, mais sa mort survient à un moment où le pays a basculé vers la droite et où l’influence du parti a radicalement diminué.

Il était particulièrement proche de M. Mitterrand, qui s’est adressé à M. Badinter en 1984 pour contresigner, dans le plus strict secret, le document dans lequel le président reconnaissait Mazarine Pingeot, sa fille issue d’une relation adultère.

Le premier mariage de M. Badinter était avec Anne Vernon, une actrice française. Il laisse dans le deuil sa seconde épouse, Lisabeth Badinter, philosophe et auteure française qui est vice-présidente du conseil de surveillance de Publicis, une société de publicité et de relations publiques, ainsi que leurs trois enfants.

Jusqu’à la fin, M. Badinter a exhorté la France à assumer ses responsabilités dans la quête de la dignité humaine et de la paix universelles. Dans sa dernière interview, il y a 10 mois, il faisait allusion au conflit en Ukraine, déclarant à la radio France Inter : « Nous Français, nous ne réalisons pas assez qu’il y a une guerre en Europe.

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