Meloni s’est bien comportée, maintenant son masque commence à tomber
Les eurosceptiques de Budapest ou de Bratislava n’ont cependant pas assez d’influence pour vider l’UE de sa substance. Mais s’ils sont rejoints par des membres fondateurs comme l’Italie et peut-être les Pays-Bas, leur promesse ou menace de transformer le bloc en une Europe des nations devient de plus en plus réalisable. De plus, pour les populistes de droite déterminés à couper l’UE de ses genoux, la montée en puissance du Rassemblement national au parlement français et le récent triomphe du populiste de gauche Jean-Luc Mlenchon aux élections anticipées du pays ne sont pas non plus un tel revers qu’ils peuvent compter sur lui pour harceler également Bruxelles.
Compte tenu de tout cela, et de la perspective de la réélection de Trump, le masque de Meloni commence à tomber. Il suffit de penser à la position de Rome contre l’utilisation par l’Ukraine d’armes fournies par l’Occident sur le sol russe, à sa prétendue insistance à édulcorer le langage sur l’avortement et les droits des LGBTQ+ lors du sommet du G7 dans les Pouilles, ou à son refus de ratifier le mécanisme européen de stabilité.
De plus, l’abstention de Melonis lors de la reconduction de von der Leyen à la présidence de la Commission, ainsi que son vote contre l’ancien Premier ministre portugais António Costa à la présidence du Conseil européen et contre la Première ministre estonienne Kaja Kallas au poste de Haute Représentante, sont des signes qu’elle n’a pas été formée du tout. Au contraire, elle commence à se sentir enhardie.
Dans la même veine, sur instruction de Meloni, son parti, les Frères d’Italie, a voté contre la réélection de von der Leyen au Parlement européen jeudi dernier. Et si Trump est réélu en novembre, les dernières contraintes et feintes disparaîtront. Meloni se comportait auparavant à son meilleur, mais elle commence désormais à changer de tactique en prévision de la montée en puissance de la « nouvelle droite » européenne et du retour d’un autre prédateur à Washington.
Dans l’ensemble, les divergences entre les nouveaux partis de droite européens sont nombreuses, mais il est risqué de miser sur ces différences et de tenter de les exploiter pour protéger le projet européen. Ainsi, plutôt que de faire une distinction entre la droite modérée et la droite radicale, il serait peut-être plus utile et certainement plus sage de distinguer parmi eux ceux qui adoptent une approche progressive, comme Meloni, et ceux qui se précipitent. Car c’est précisément parce que les tactiques des premiers sont plus intelligentes qu’elles pourraient être bien plus dangereuses.