Les manifestations reprennent dans toute la France après que Macron a forcé une réforme contestée des retraites

Le gouvernement Macron a invoqué jeudi un pouvoir exécutif controversé pour imposer le projet de loi par décret, ce qui est légal selon la constitution.

Cette décision a provoqué l’indignation de la classe politique ainsi que des manifestations de colère dans la rue, présentant au dirigeant de 45 ans l’un de ses plus grands défis moins d’un an après le début de son deuxième et dernier mandat.

Le président n’a depuis jeudi fait aucun commentaire public sur le projet de loi visant à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans ni sur le mécontentement populaire qui s’en est suivi.

Une source de son entourage a toutefois indiqué samedi soir à l’AFP qu’il « suivait l’évolution ».

La police a interdit samedi les rassemblements sur une place clé de Paris en face du Parlement après deux nuits de troubles sur le site, mais les manifestants se sont quand même rassemblés pour une marche dans une autre partie de la capitale.

Parmi eux, une femme de 55 ans, qui n’a donné comme nom de famille qu’Allemand, a déclaré qu’elle était là parce qu’elle ne pouvait pas attendre d’avoir 64 ans pour prendre sa retraite.

« Je suis déjà épuisé », a déclaré l’employé du secteur de la santé publique.

« Je suis assis devant un écran d’ordinateur toute la journée. J’ai mal aux yeux, à la tête et j’ai déjà eu deux caillots de sang. »

‘En avoir marre’

Beaucoup ont également manifesté samedi dans d’autres villes du pays après que les syndicats régionaux ont appelé à un week-end de manifestations.

Ariane Laget, 36 ans, faisait partie des quelque 200 personnes qui manifestaient dans la petite ville méridionale de Lodève.

« Nous en avons marre. Nous avons l’impression d’être piétinés et personne n’écoute », a-t-elle déclaré.

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Nantes, dans l’ouest du pays.

«Mort au roi», lit-on sur une pancarte, dans une référence apparente au président.

La tension s’est légèrement intensifiée dans l’après-midi à Nantes lorsque des manifestants ont lancé des bouteilles sur des membres des forces de sécurité qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes, a constaté un photographe de l’AFP.

A Bordeaux, dans le sud-ouest du pays, un photographe de l’AFP a vu des poubelles s’enflammer.

Les syndicats ont appelé à une nouvelle journée de grèves et de rassemblements à l’échelle nationale jeudi.

Les sondages d’opinion ont montré qu’environ deux tiers des Français s’opposent à la réforme, qui obligera également les gens à travailler plus longtemps pour une retraite à taux plein.

Le gouvernement a déclaré qu’il était nécessaire d’éviter que le système ne sombre dans le déficit et d’aligner la France sur ses voisins européens où l’âge légal de la retraite est généralement plus élevé.

Mais les critiques disent que les changements sont injustes pour les personnes qui commencent à travailler à un jeune âge dans des emplois physiquement difficiles et les femmes qui interrompent leur carrière pour élever des enfants.

Vote de défiance

Au parlement, les députés de l’opposition ont déposé deux motions de défiance à l’égard du gouvernement, qui doivent être débattues lundi après-midi selon des sources parlementaires.

Ils espèrent recueillir suffisamment de soutien pour renverser le cabinet et abroger la loi.

Mais on s’attend à ce que le gouvernement du Premier ministre Elisabeth Borne survive à tout vote de défiance.

La motion aurait besoin du soutien d’environ la moitié du groupe des républicains de droite de l’opposition, un scénario considéré comme hautement improbable.

Les manifestations de samedi font suite à deux nuits de troubles précédentes.

Des milliers de personnes se sont rassemblées place de la Concorde face au parlement vendredi soir pour exprimer leur frustration.

Des groupes de personnes ont lancé des bouteilles et des feux d’artifice sur les forces de sécurité, qui ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes pour tenter de dégager la place. La police a déclaré avoir procédé à 61 arrestations.

Dans l’est de la ville de Lyon, des manifestants ont tenté de s’introduire dans une mairie et d’incendier le bâtiment, a indiqué la police, qui a fait état de 36 interpellations.

Grève des ordures

Les manifestations depuis la mi-janvier ont rassemblé certaines des plus grandes foules depuis des décennies, mais le mouvement populaire semblait commencer à décliner dans les jours précédant l’imposition du projet de loi par le gouvernement.

Les éboueurs municipaux de la capitale ont cependant maintenu une grève continue, laissant environ 10 000 tonnes de déchets pourrir dans les rues vendredi.

Un représentant syndical a déclaré samedi que les grévistes de trois incinérateurs en région parisienne laisseraient passer des camions à ordures « pour limiter le risque d’épidémie ».

La police a déclaré que les camions de cinq dépôts avaient repris le travail.

Dans le secteur de l’énergie, le syndicat CGT a déclaré que les grévistes avaient interrompu la production dans deux raffineries au cours du week-end.

Les syndicats de l’opérateur ferroviaire national SNCF ont exhorté vendredi les travailleurs à poursuivre une autre grève continue.

Macron a placé la réforme des retraites au centre de sa campagne de réélection l’an dernier.

Mais l’ancien banquier a perdu sa majorité parlementaire en juin après les élections à l’Assemblée nationale.

(AFP)

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