L’alliance France-Inde : opérationnaliser l’autonomie stratégique dans l’océan Indien
Le président français Emmanuel Macron visite à New Delhi le 26 janvier 2024, en tant qu’invité d’honneur à l’occasion de la Fête de la République indienne, six mois après le Premier ministre indien Narendra Modi j’ai passé le 14 juilletLe 14 juillet à Paris est une nouvelle occasion pour les deux pays de réaffirmer la solidité du partenariat stratégique entre la France et l’Inde.
La proximité entre les deux pays repose dans une large mesure sur une préférence commune pour un ordre international multipolaire, dans lequel la France et l’Inde s’efforceraient de façonner plutôt que d’accepter passivement les transformations mondiales. C’est dans ce contexte que Macron souligne régulièrement que la France est allié, mais pas aligné fait écho au concept de multi-alignement régulièrement promu par l’Inde. Historiquement, Paris et New Delhi ont souvent souligné leur des quêtes comparables d’autonomie stratégique, qui est généralement définie comme la capacité de prendre des décisions indépendamment des pressions extérieures. Cette synergie a été un moteur de convergence et de coopération stratégiques.
Cependant, deux visites bilatérales importantes en moins de six mois et un contexte géopolitique de plus en plus incertain susciter des attentes pour une collaboration stratégique concrète sur les principaux défis de sécurité du moment. Un domaine de coopération opérationnelle forte qui mérite davantage d’attention du public et pourrait constituer le prochain horizon du partenariat France-Inde est la sécurité maritime dans la partie nord-ouest de l’océan Indien.
Depuis une décennie, l’Indo-Pacifique constitue un cadre favorable au partenariat franco-indien. La France a un intérêt direct pour la stabilité de l’océan Indien, à travers ses territoires d’outre-mer au sud de l’océan Indien et ses bases militaires au nord, à Djibouti et aux Émirats arabes unis (EAU). Cela a conduit à une coopération bilatérale prolifique, guidée par la Vision stratégique commune pour l’océan Indien, adoptée en 2018. Paris et New Delhi ont simultanément renforcé leur coopération avec des partenaires communs, à travers des formats trilatéraux, et notamment avec le Émirats arabes unis et Australie. En juillet, les deux pays ont adopté un feuille de route ambitieuse pour 2047 à l’occasion du centenaire de la relation bilatérale.
Ce nouveau cadre bilatéral semble bien adapté pour faire face à l’environnement sécuritaire en évolution rapide dans l’océan Indien. Si le corridor maritime Suez-Malacca reste une bouée de sauvetage essentielle pour le commerce mondial, le Crise actuelle de la mer Rouge a mis en lumière la volatilité de cette autre voie maritime cruciale de l’ensemble de l’Indo-Pacifique. Tout en déployant des navires de guerre pour protéger les navires internationaux et en dénonçant les attaques des Houthis, Paris et New Delhi ont s’est abstenu de rejoindre l’opération Prosperity Guardian dirigée par les États-Unis pour éviter toute nouvelle escalade.
Au-delà de cette crise, la Région de l’Océan Indien est en proie par une multiplicité de menaces de sécurité non traditionnelles, notamment la coercition de la zone grise, la criminalité en haute mer et les calamités induites par le changement climatique. Ces menaces ont proliféré dans un environnement où de nombreux États n’ont pas les moyens de protéger adéquatement leurs eaux souveraines contre les activités intrusives et criminelles et où les mécanismes régionaux ne parviennent pas à favoriser la coopération nécessaire.
En tant qu’aspirant major fournisseurs de sécurité Internet Dans la région, et à la lumière de leur coordination bilatérale croissante, la France et l’Inde disposent des outils et de la légitimité nécessaires pour devenir les principaux moteurs d’une nouvelle architecture de sécurité coopérative et inclusive dans la région. Malgré le développement substantiel de la coopération maritime bilatérale, les défis à venir nécessitent une collaboration beaucoup plus approfondie et globale.
Le partenariat France-Inde a fait quelques progrès en fournissant une assistance au renforcement des capacités des États tiers et en leur fournissant ainsi les outils souverains nécessaires pour réguler, exploiter et sécuriser leurs domaines maritimes. Tout en continuant à mettre en synergie leurs efforts au sein d’institutions régionales formelles préexistantes (l’Association des pays riverains de l’océan Indien, la Commission de l’océan Indien et le Symposium naval de l’océan Indien) et de groupements informels (trilatéraux avec les Émirats arabes unis et l’Australie), Paris et New Delhi peuvent jeter les bases d’un nouveau mécanisme de sécurité régionale. Un groupement Quad de l’Océan Indien composé de la France, de l’Inde, de l’Australie et des Émirats arabes unis offrirait une plate-forme flexible pour des projets de coopération sur des questions de sécurité strictes et souples.
L’engagement de la France dans le nord-ouest de l’océan Indien est soutenu par une présence militaire permanente et une influence diplomatique, et contribue également à stimuler l’engagement européen dans la sécurité régionale. En 2022, Paris a réussi à faire pression pour que l’UE élargisse le Concept de présence maritime coordonnée dans le nord-ouest de l’océan Indien, en complément de l’opération anti-piraterie ATALANTA. La France doit rester un bailleur de fonds actif du programme européen CRIMARIO, qui vise à fournir des outils aux États de l’océan Indien pour améliorer leur connaissance du domaine maritime. La France devrait également poursuivre ses efforts pour encourager une plus grande implication de l’UE et de ses États membres dans l’environnement de sécurité de l’océan Indien et promouvoir une coordination plus forte des opérations navales UE-Inde dans le nord-ouest de l’océan Indien.
La principale menace à la sécurité des États de l’océan Indien demeure changement climatique, Tel quel exacerbe d’autres périls. Ainsi, renforcer les synergies dans les opérations d’assistance humaine et de secours en cas de catastrophe, les processus et les échanges de savoir-faire permettrait une meilleure anticipation. En tant que premiers intervenants après le cyclone Idai au Mozambique en 2019 et la marée noire de Wakashio au large de l’île Maurice en 2020, la France et l’Inde ont une responsabilité partagée dans la préparation et l’anticipation conjointe de tels événements.
Le Projet de corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC) dévoilé en marge du sommet du G20 tenu à Delhi en septembre 2023 et de la crise de la mer Rouge ont encore fait monter les enjeux et les enjeux du partenariat France-Inde. Le renforcement des liens bilatéraux dans le cadre de la visite de Macron constitue le signal d’une coopération soutenue et concrète dans le nord-ouest de l’océan Indien.