LA FRANCE DEVIENT-ELLE UN FAUCON UKRAINIEN ? par Darius Pio Muccilli

UNUn autre avion français pour Zelensky (pour aller au G7) indique une bande dessinée sur l’hebdomadaire français Canard Enchan, dépeignant Zelensky montant dans un airbus et un politicien français lui disant que nous avons convenu que ce n’était qu’un prêt.

Loin d’être une simple bande dessinée, cette petite blague montre à quel point la diplomatie aérienne a un impact sur la politique étrangère du pays. Macron est impatient non seulement de montrer son soutien à l’Ukraine, mais d’être le meilleur dans ce domaine, en exploitant la guerre en cours pour restaurer la grandeur française à l’étranger et peut-être pour détourner l’attention des problèmes intérieurs tels que la réforme de l’âge de la retraite.

Alors que les prochaines élections américaines menacent le soutien ukrainien en raison d’une éventuelle prise de pouvoir républicaine et que l’opinion publique allemande fait pression sur Berlin pour qu’elle soit moins impliquée, Paris est prêt à occuper un rôle de premier plan en comblant un vide qui pourrait émerger. Zelensky fait monter les enchères jour après jour. Il a déjà remporté le dossier des jets F-16, une demande qui a finalement rencontré l’approbation de Biden lors du G7. C’est un pas énorme et Zelensky courtise patiemment tous les gouvernements alors qu’il s’efforce de collecter suffisamment d’armes et de fournitures pour évincer les Russes.

Mais, même si la France est la première puissance militaire d’Europe, du moins sur le continent, elle ne peut répondre à tous les besoins de Kiev. Néanmoins, il semble qu’ils cherchent à monter la barre.

Le 22 mai, le gouvernement a présenté au Parlement un budget militaire qui est le plus important depuis 1960, lorsque la France était impliquée dans la guerre d’indépendance de l’Algérie.

Cette augmentation n’est pas seulement une façon d’aider mieux les Ukrainiens, mais comme souvent en politique, une façon d’aider Macron. Il a besoin d’une grande victoire à l’étranger en ce moment, après qu’une série de défaites ait terni son chemin politique : la réforme de l’âge de la retraite, même si elle est réalisée, a condamné Macron à la haine publique. La réforme de l’Union européenne vers un mode plus social-démocrate avance lentement avec chaque pas possible uniquement avec l’accord de l’Allemagne, faisant vaciller son projet d’une organisation européenne commune de défense alors que l’OTAN a repris de l’élan.

Plus d’influence pour Macron

Suivant la politique étrangère traditionnelle à la française, Macron avait voulu que l’OTAN, toujours considérée en France comme un outil américain, réduise son pouvoir remplacé par une armée paneuropéenne.

Après le déclenchement de la guerre, Macron a tenté d’ouvrir des canaux diplomatiques rencontrant à la fois Poutine et Xi-Jinping en mars 2022. Ces tentatives ont été un échec, humiliant Macron qui représentait la France.

Macron comprend maintenant que la seule façon d’avoir de l’importance est au sein de l’OTAN, il essaie donc d’avoir plus d’influence au sein de l’alliance, à la fois avec le soutien à l’Ukraine et l’augmentation des dépenses militaires.

Cette stratégie est loin d’être facilement réalisable, car si la France veut influencer davantage l’alliance, la Turquie travaille avec un certain succès pour faire de même. De plus, les sentiments anti-OTAN sont toujours forts en France, remontant à de Gaulle dans les années 1950.

Une mesure du succès français serait le rôle que le pays jouera dans la prochaine nomination du nouveau secrétaire général de l’OTAN, car le mandat de Stoltenberg se terminera bientôt. Il a déclaré qu’il ne souhaitait pas demander de prolongation. Voir un secrétaire général français est un fantasme absolu, c’est un objectif que Paris tente d’atteindre.

Alors voyons bien si tous les efforts de Macron en valent la peine pour lui, car si la mission sera accomplie, il sera si naturel pour lui de se montrer comme le héraut de l’UE et le promoteur d’une OTAN renouvelée, eurocentrique et moins américaine.Dario Pio Muccilli fait un reportage sur la politique européenne pour le Star-Revue. C’est un Italien vivant actuellement à Paris.