Explication-Comment la France vise à décourager l’achat de véhicules électriques chinois

PARIS (Reuters) – La France a publié mercredi de nouvelles règles d’éligibilité aux incitations pour les voitures électriques afin d’exclure les véhicules électriques fabriqués en Chine, même si les constructeurs automobiles européens n’ont pas de modèles concurrents plus abordables sur le marché français.

POURQUOI LA FRANCE RÉVISE-T-ELLE SES RÈGLES D’ÉLIGIBILITÉ AU BONUS VÉ ?

Le gouvernement français offre actuellement aux acheteurs une incitation en espèces comprise entre 5 000 et 7 000 euros pour les modèles éligibles afin de mettre davantage de voitures électriques sur la route, pour un coût total d’un milliard d’euros (1,07 milliard de dollars) par an.

Cependant, en l’absence de véhicules électriques bon marché fabriqués en Europe, un tiers de toutes les incitations vont aux consommateurs qui achètent des véhicules électriques fabriqués en Chine, a déclaré une source du ministère français des Finances. Cette tendance a contribué à stimuler une augmentation des importations et un écart de compétitivité croissant avec les producteurs nationaux.

Le système sera remanié à partir du 15 décembre pour prendre en compte le carbone émis lors du processus de fabrication d’un modèle.

Le président Emmanuel Macron et les ministres du gouvernement n’ont pas caché qu’ils voulaient s’assurer que l’argent de l’État français ne profite pas aux constructeurs automobiles chinois.

QUE FONT LES NOUVELLES RÈGLES ?

En vertu des nouvelles règles, les modèles de voitures seront évalués en fonction de seuils fixés par le gouvernement concernant la quantité d’énergie utilisée pour fabriquer leurs matériaux, lors de leur assemblage et de leur transport vers le marché, ainsi que le type de batterie du véhicule.

Étant donné que l’industrie chinoise dépend généralement largement de l’électricité produite à partir du charbon, les critères risquent de mettre le bonus hors de portée des constructeurs automobiles chinois.

Le gouvernement, qui doit publier en décembre les noms des modèles répondant aux nouvelles normes, affirme que les critères sont conformes aux règles de l’OMC car des dérogations sont autorisées pour des raisons sanitaires et environnementales.

EST-CE QUE CELA FERA RIEN ?

Les voitures chinoises étant estimées 20 % moins chères que leurs concurrentes de fabrication européenne, le bonus pourrait faire la différence pour les véhicules dont le prix est inférieur à 25 000 euros.

Mais les acheteurs de voitures français devront attendre car la citadine e-C3 de Stellantis, fabriquée en Slovaquie, et la R5 de Renault, fabriquée en France, ne devraient pas arriver sur le marché avant 2024.

Néanmoins, de nombreux véhicules électriques fabriqués en Chine resteront compétitifs même sans incitation financière.

Avec un prix de départ de 30 000 euros, la MG4 du groupe SAIC sera moins chère que la voiture compacte Mégane équivalente de Renault, qui démarre à 38 000 euros – ou 33 000 euros avec une prime de 5 000 euros.

Son prix de départ de 46 000 euros étant juste en dessous du seuil de 47 000 euros du bonus, le modèle Y de Tesla – l’un des véhicules électriques les plus vendus en France – pourrait en théorie également être impacté par les nouvelles règles pour les véhicules fabriqués en Chine.

Lorraine Morard, analyste chez S&P Global Mobility, a déclaré que même si la plupart des voitures chinoises ne sont pas éligibles au bonus, elles obtiendraient probablement 7 à 8 % du marché français des voitures électriques l’année prochaine, au lieu de 10 % autrement.

LES FABRICANTS VONT-ILS SE DÉLOCALISER EN EUROPE ?

Le PDG de Renault, Luca De Meo, a récemment exclu de déplacer la production de la Dacia Spring de la Chine vers l’Europe et a déclaré qu’il pourrait vivre sans le bonus.

Le modèle est actuellement l’une des voitures électriques les plus vendues en France avec la Tesla Y, la e-208 de Peugeot, la 500e de Fiat, la Mégane eTech et la MG4.

La société mère chinoise de MG, SAIC, a déclaré qu’elle recherchait un site de production en Europe, tout comme son rival chinois BYD, dont le modèle Dolphin rivaliserait dans le même segment que les MG4 et Mégane avec un prix de départ de 29 000 euros.

(1$ = 0,9330 euros)

(Reportage de Gilles Guillaume, écrit par Leigh Thomas ; édité par Sharon Singleton)

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