La France ne peut pas garder ses Juifs en sécurité | Le spectateur
La France abrite environ un demi-million de Juifs. La communauté juive du pays est la plus importante d’Europe et la troisième au monde derrière Israël et les États-Unis. Vous pourriez supposer alors que la vie juive en France est florissante. Mais vous auriez tort.
Au cours du week-end, la nouvelle du meurtre d’Eyal Haddad, un juif tunisien vivant dans la banlieue parisienne, est tombée. Ce qui s’est passé est encore entouré de mystère : l’avocat de la famille a démenti les informations précédentes selon lesquelles le corps de la victime avait été brûlé et que l’agresseur avait avoué avoir tué Haddad pour une dette de 100 euros, et parce qu’il était juif. Mais ce que nous savons, c’est ceci : Haddad a été tué avec une hache et un couteau dans une attaque antisémite présumée et son assassin présumé est apparu sur une photo Facebook le montrant en train de brûler un drapeau israélien.
S’il s’agissait d’un incident isolé, ce serait une tragédie. Mais ce n’est pas. Le meurtre de Haddad fait en fait partie d’une tendance terrifiante.
Le meurtre déchirant d’Ilan Halimi en 2006 a mis en évidence le sort de la communauté juive française. Le jeune homme de 23 ans a été kidnappé et lentement torturé à mort par un gang criminel se faisant appeler les Barbares. Halimi a été ciblé par le groupe parce qu’il était juif, et donc supposé être issu d’un milieu aisé, malgré le fait qu’il vivait dans la même banlieue parisienne délabrée qu’eux. Dans un schéma qui est maintenant devenu aussi habituel que les attaques elles-mêmes, la police française a d’abord minimisé l’antisémitisme comme motif, une erreur de calcul qui, selon la mère de Halimis, a été un facteur contributif sérieux à la mort éventuelle de son fils.
La vie juive en France est en déclin depuis une bonne partie de la décennie. En 2015, près de 8 000 Juifs ont fait leur alyah (immigrés en Israël), le plus grand nombre de tous les pays occidentaux depuis la création des États modernes. Cet exode a été précipité par deux fusillades antisémites, qui ont provoqué une onde de choc dans la communauté juive. En 2012, le djihadiste d’origine française, Mohammed Merah, s’est déchaîné en tuant sept personnes, dont un rabbin et trois enfants dans une école juive de Toulouse. Moins de trois ans plus tard, en janvier 2015, Amedy Coulibaly qui avait prêté allégeance à l’État islamique a abattu quatre personnes dans un supermarché casher à Paris.
En avril de l’année dernière, il semblait que la sécurité des Juifs français pourrait enfin devenir une priorité politique : 25 000 personnes sont descendues dans les rues de Paris pour demander justice pour Sarah Hallimi, ce qui a conduit le président Macron à demander une réforme judiciaire. Hallimi, 65 ans, a été assassinée en 2017 par son voisin, Kobili Traor, qui est entré par effraction dans son appartement parisien et a lancé une attaque frénétique avant de la pousser hors de son balcon du troisième étage en criant « Allahu Akbar ». Les protestations ont été déclenchées par la décision de la plus haute cour d’appel de France de confirmer une décision antérieure selon laquelle Traor ne devrait pas être jugé, car deux psychologues sur trois avaient découvert qu’il était en proie à une psychose induite par le cannabis au moment du meurtre. , et donc pas pénalement responsable de ses actes.
Le sentiment parmi de nombreux juifs en France et au-delà est que la vie juive en France est bon marché. Haddad n’est que l’un des trois Juifs à être mort dans une attaque antisémite présumée en France cette année. En février, Jeremy Cohen, 31 ans, a été tué après avoir été percuté par un tramway à Bobigny, près de Paris. Au départ, la police l’a qualifié d’accident de la route; cependant en mai, après avoir lancé leur propre enquête, sa famille a publié des images qui montrait Cohen qui portait une kippa, le rendant visiblement juif fuyant une foule dans les instants précédant sa mort.
Puis en mai, dans un écho effrayant du meurtre de Sarah Halimis, Ren Hadjaj, 89 ans, a été étranglé et jeté à mort du 17e étage de son immeuble lyonnais par un voisin. Bien sûr, la police française a d’abord nié que l’héritage juif de Hadjaj ait été un facteur dans son assassinat, mais a été forcée de faire demi-tour quelques jours plus tard, lorsqu’un groupe juif a déterré une série de messages antisémites postés par son assassin présumé en ligne.
Les juifs ne sont pas en sécurité en France. Jusqu’à ce que les autorités du pays confrontent cette vérité et fassent quelque chose contre la vague d’antisémitisme, le sang juif continuera à couler sur le sol français. Quant à savoir si la France a l’estomac pour une conversation aussi inconfortable, je ne retiens pas mon souffle.