Zelenskyy voit des « signaux positifs » quant à sa capacité à frapper des cibles russes
KIEV — La pression incessante exercée par l’Ukraine pour que ses alliés l’autorisent à frapper des cibles en Russie avec des armes données pourrait commencer à porter ses fruits, a déclaré lundi le président Volodymyr Zelenskyy.
« Nous avons commencé à recevoir des signaux positifs sur l’utilisation d’armes à longue portée : certains », a déclaré Zelensky lors d’une conférence de presse à Kiev, ajoutant : « Il y a un point d’où une roquette ou une bombe correspondante vole, et nous comprenons d’où elle vient, et il est injuste que nous ne puissions pas répondre à son origine. »
Si cette autorisation n’est pas accordée, l’Ukraine utilisera ses propres armes pour frapper la Russie.
« Nous avons commencé à développer nos moyens… et nous avons déjà des drones et pas seulement des drones », a-t-il dit, ajoutant que l’Ukraine a été obligée de développer ses propres capacités de frappe en profondeur en raison du retard dans l’obtention du feu vert des alliés.
Beaucoup de ses alliés, les États-Unis en tête, limitent les cibles qu’ils peuvent frapper en Russie, ce qui, selon Kiev, rend impossible de frapper les bases aériennes et les infrastructures russes critiques que Moscou utilise pour bombarder les villes ukrainiennes.
« Nous comprenons qu’il y a une résistance et une réaction négative à l’idée que nous utilisions nos propres armes pour frapper la Russie, mais nous pensons que c’est injuste et nous devons nous battre pour nos propres intérêts. Aujourd’hui, tout le monde n’en parle plus », a déclaré Zelensky, ajoutant : « Frapper avec des armes à longue portée en Russie est toujours une décision impopulaire. Nous devons donc continuer à faire pression pour en faire plus. »
Cette réticence à risquer une escalade avec la Russie s’étend même aux alliés les plus proches et les plus belliqueux de l’Ukraine.
Les suggestions selon lesquelles la Pologne pourrait utiliser les défenses aériennes situées sur son territoire pour abattre des missiles russes au-dessus de l’Ukraine ont été rejetées par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
« La politique de l’OTAN reste inchangée : nous ne nous impliquerons pas dans ce conflit. Nous ne deviendrons pas partie prenante du conflit », a déclaré M. Stoltenberg.
Au cours du week-end, le ministre polonais des Affaires étrangères Radosław Sikorski dit Varsovie étudie la proposition de Kiev selon laquelle les forces polonaises intercepteraient les missiles russes se dirigeant vers le territoire polonais alors qu’ils se trouvent encore dans l’espace aérien ukrainien.
Zelensky a déclaré que l’idée était de protéger les stocks de gaz ukrainiens près de la frontière polonaise utilisés par les pays européens.
« Si nous ne parvenons pas à protéger ces réserves, ces pays se retrouveront sans gaz en hiver », a-t-il déclaré.
L’Ukraine espère également que les avions de combat F-16 de fabrication américaine donnés par la Norvège, le Danemark, la Belgique et les Pays-Bas contribueront à changer l’équilibre dans la guerre aérienne, bien que Zelenskyy ait averti que trop peu d’avions étaient envoyés.
« Il n’y en aura pas assez pour pouvoir affronter la Russie dans le ciel. Nous espérons en avoir plus. Nous devons raccourcir la durée de la formation et élargir la base de la formation. Nous devons augmenter le nombre d’avions que nous recevons prochainement, pas dans trois ou cinq ans », a déclaré Zelensky.
Les alliés de l’Ukraine promettent également de lui envoyer davantage de défenses aériennes pour abattre les missiles et les drones russes, mais Zelensky a averti que ce qui est envoyé est encore trop peu pour fermer le ciel aux attaques russes.
« Notre armée dit que nous avons besoin de 25 systèmes (de défense aérienne Patriot) pour fermer complètement le ciel », a déclaré Zelensky. La semaine dernière, les alliés de l’OTAN ont convenu d’envoyer à l’Ukraine au moins quatre batteries Patriot ainsi que des dizaines d’autres systèmes.