Un militant indépendantiste de Nouvelle-Calédonie sera détenu en France métropolitaine
Christian Tein, un leader indépendantiste de la Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique, sera détenu en France après avoir été inculpé samedi pour les émeutes meurtrières du mois dernier, a indiqué son avocat. Tein était l’un des trois militants indépendantistes au moins menacés d’être transférés en détention vers la France métropolitaine.
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Tein, le patron de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), sera envoyé en France sur près de 17 000 kilomètres en compagnie de la responsable de la communication du groupe, Brenda Wanabo.
Un juge d’instruction a inculpé Tein samedi à Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie. Il était le premier d’un groupe de 11 personnes arrêtées mercredi à être inculpé pour ces violences, au cours desquelles neuf personnes sont mortes, dont deux policiers.
Des centaines d’autres ont été blessés et environ 1,5 milliard d’euros (1,6 milliard de dollars) de dégâts ont été infligés lors des troubles.
Les autorités n’ont pas précisé dans l’immédiat les charges retenues contre Tein, même si le procureur général de Nouméa, Yves Dupas, a déclaré que son enquête couvrait des vols à main armée et des complicités de meurtre ou de tentative de meurtre.
L’avocat de Tein, Pierre Ortent, s’est dit « stupéfait » que son client soit envoyé dans une prison de Mulhouse, dans l’est de la France. Le représentant de Wanabo, Thomas Gruet, a indiqué qu’elle serait envoyée à Dijon.
Dupas a confirmé que certaines des personnes arrêtées mercredi seraient transférées en détention en France, sans donner de noms.
« Personne ne savait à l’avance qu’ils seraient envoyés en France métropolitaine. Ce sont des mesures tout à fait exceptionnelles » pour la Nouvelle-Calédonie, a déclaré Ortent.
Gruet a déclaré que Wanabo, mère de trois enfants, « n’avait jamais appelé à la violence » et était « désolée » d’être séparée de sa famille.
« La justice a commis toutes les erreurs dans la gestion de cette crise », a-t-il ajouté, estimant que les magistrats « répondaient à des considérations purement politiques ».
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Stéphane Bonomo, avocat d’un autre détenu, Gilles Joredie, a déclaré que les actions du procureur créaient des « martyrs de la cause indépendantiste ».
Des émeutes, des barricades de rue et des pillages ont éclaté en Nouvelle-Calédonie à la mi-mai à la suite d’une réforme électorale qui, selon les autochtones Kanak, les laisserait dans une minorité permanente, mettant définitivement hors de portée les espoirs d’indépendance.
Le gouvernement français a accusé à plusieurs reprises le CCAT de Tein d’avoir orchestré les violences, ce à quoi il a répondu en envoyant plus de 3 000 soldats et policiers sur le territoire. Le CCAT a nié être à l’origine des émeutes.
(FRANCE 24 avec AFP)