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Pourquoi la France fait-elle de l’avortement un droit constitutionnel ? | Contexte

Quel est le contexte ?

La France est en passe d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, avec le soutien à cette démarche pionnière galvanisée par le recul américain

  • Le Sénat soutient que l’avortement est un droit des femmes
  • La France agit à la suite du retour en arrière des États-Unis dans l’affaire Roe v. Wade
  • Les militants espèrent un effet domino dans toute l’Europe

BRUXELLES – Face au recul des États-Unis sur les droits reproductifs, la France s’est rapprochée mercredi de la volonté de faire de l’avortement un droit constitutionnel de la femme – une initiative saluée comme une première mondiale par ses partisans.

Les législateurs du Sénat ont massivement soutenu un amendement constitutionnel visant à accorder aux femmes une « liberté garantie » de mettre fin à toute grossesse non désirée jusqu’à 14 semaines. L’approbation finale est attendue lors d’une session conjointe spéciale des législateurs prévue dans les prochains jours.

L’effort français pour constitutionnaliser l’avortement était une réponse directe au recul des droits reproductifs aux États-Unis par la Cour suprême en 2022.

Les partisans affirment que cette mesure protégerait mieux les droits des femmes car il est plus difficile de modifier la constitution, tandis que les opposants la jugent superflue, dans la mesure où l’accès à l’avortement est déjà garanti.

Voici ce qu’il faut savoir sur l’avortement en France aujourd’hui et quel message la réforme pourrait envoyer au reste de l’Europe, où la plupart des pays offrent l’accès à l’avortement dans les 12 à 14 premières semaines de grossesse, tandis que la Pologne et Malte l’ont de facto interdictions.

Quelles sont les règles en France et pourquoi les changer ?

Les femmes ont le droit légal à l’avortement en France depuis 1975 et la loi actuelle autorise une interruption jusqu’à 14 semaines.

En 1988, il est devenu le premier pays à légaliser l’utilisation de la mifépristone comme médicament abortif. Le coût de l’avortement, chirurgical ou médicamenteux, est couvert par l’assurance maladie nationale.

Même si l’avortement est largement accessible et connaît peu de restrictions légales en France, les partisans du projet de loi d’amendement de la Constitution affirment qu’il envoie un signal fort aux opposants de plus en plus virulents aux droits des femmes.

Les militants contre l’avortement soulignent le pouvoir croissant des groupes politiques d’extrême droite en France et dans certaines poches à travers l’Europe, citant les tentatives de limiter les droits reproductifs en Hongrie et en Pologne.

Le changement rendra-t-il l’accès à l’avortement irréversible ?

Après avoir été approuvé par le Sénat, le projet de loi sera soumis aux deux chambres dans les prochains jours, lorsque les législateurs devront voter ensemble pour ratifier son adoption. Étant donné que les deux chambres ont déjà approuvé le changement, cela est largement considéré comme une formalité.

Même si en faire un droit constitutionnel donnerait aux femmes une protection supplémentaire et rendrait plus difficile le retour en arrière des législateurs, les dispositions du projet de loi ne sont pas gravées dans le marbre, affirment les militants.

Certains souhaitent plus de libéralisation, étendant le délai légal au-delà de 14 semaines, tandis que d’autres font pression pour un meilleur accès dans les zones rurales, ou souhaitent que les femmes aient le choix si les médecins refusent de pratiquer un avortement en raison de leurs convictions personnelles.

Cela pourrait-il avoir un effet d’entraînement dans toute l’Union européenne ?

La plupart des pays de l’UE offrent une certaine forme d’accès à l’avortement au cours du premier trimestre, mais les militants citent des limitations telles que le droit de refuser des services en raison d’une objection de conscience, du coût ou de la criminalisation de l’avortement dans certains pays.

La Pologne et Malte sont les pays les plus restrictifs du bloc, tandis que les Pays-Bas et les Britanniques autorisent l’avortement jusqu’à 24 semaines, la plus longue fenêtre d’accès à une interruption volontaire de grossesse en Europe.

Les militantes des droits des femmes espèrent que la décision française encouragera d’autres pays à emboîter le pas, même si certaines craignent que cela risque également de provoquer une réaction violente dans les bastions conservateurs.

Cela pourrait également stimuler les efforts visant à ajouter l’avortement à la Charte européenne des droits fondamentaux, garantissant l’accès à l’avortement dans toute l’UE.

(Reportage de Joanna Gill ; édité par Lyndsay Griffiths.)

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