Pourquoi la France est plus résistante que de nombreux pays au wakeism
Éveilisme (jee wokisme en français) suscite des débats dans les médias depuis de longs mois.
Le terme a ses racines dans la langue vernaculaire afro-américaine, avec un usage datant des années 1930.
Au cours de la dernière décennie, cependant, il a été utilisé pour décrire une personne consciente des injustices sociales, notamment du racisme et du sexisme.
Sa diffusion en France a été progressive, en partie parce que la France ne collecte aucune donnée démographique sur l’ethnicité.
Le wokeism s’insinue dans la société
Pourtant, il s’insinue dans la société française, et non sans polémique.
En 2021, le dictionnaire français de référence Petit Robert a été contraint de défendre sa reconnaissance officielle d’un pronom inclusif, tandis que la décision de Renault de changer la couleur de son logo en arc-en-ciel LGBT en signe de solidarité a également fait la une des journaux, notamment parce que dans certains pays où les droits des homosexuels ne sont pas défendus, le logo est resté controversé.
Lire la suite : Le Petit Robert suscite le débat en ajoutant un pronom neutre au dictionnaire
Un moment décisif est survenu en février 2022 lorsque les sénateurs ont débattu de la façon dont le réveillon constituait une menace pour les universités, l’enseignement supérieur et la liberté académique.
Il a suivi l’introduction d’un groupe de réflexion en 2021 pour coordonner la lutte contre ce qu’il considère comme une idéologie importée des États-Unis.
La valeur fondamentale de l’universalisme en France
Le débat a été porté par des politiciens de la droite Les Républicains, qui ont tendance à critiquer le wokeism comme étant incompatible avec la valeur fondamentale française d’universalisme, un terme large qui concerne l’acceptation de toutes les personnes sous une seule identité.
Ils voient également le wokeism comme une menace pour la liberté d’idées, arguant que les débats sont fermés parce qu’ils ne sont pas jugés politiquement corrects.
Nathalie Heinich, sociologue et directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique, affirme que les partisans du réveil en France viennent principalement de l’extrême gauche, mais tracer des lignes politiques traditionnelles n’est pas utile.
Bien sûr, les partisans ne cessent de prétendre que leurs détracteurs sont de droite, ou pire, parce qu’ils se considèrent comme les seuls représentants du progressisme, mais c’est une stratégie rhétorique qui leur permet de disqualifier les arguments des opposants sans avoir à y répondre.
En 2021, Mme Heinich a publié un livre examinant le débat sur le réveil, intitulé Oser l’universalisme : Contre le communautarismeet elle insiste sur le fait que le sujet mérite plus qu’un examen parlementaire.
Sénat sous contrôle des pouvoirs publics
Le wokeism a été débattu au Sénat car, en France, les universités et les grandes institutions culturelles sont sous le contrôle des pouvoirs publics et vivent des subventions accordées par l’État.
Il est donc légitime que les représentants de la communauté nationale veillent à ce que ces institutions fonctionnent conformément à leurs missions.
Quant à sa propre opinion sur le wokeism, Mme Heinich dit que, comme de nombreux collègues, elle est préoccupée par sa progression.
Conduit à une baisse du niveau intellectuel
Le wokeism conduit à un abaissement du niveau intellectuel car il repose, non sur un désir de découverte, mais sur la répétition de clichés.
Elle ne crée pas des individus ouverts à de nouvelles connaissances, à une découverte élargie du monde, à la compréhension de l’ambivalence ou de la pluralité des points de vue.
Elle ajoute que les détracteurs du wokeism en France se répartissent en deux groupes principaux :
Tout d’abord, dans le monde académique, les opposants pensent qu’il ne produit qu’une recherche et un enseignement de bas niveau parce qu’il est rempli d’activisme, visant à transformer la société plutôt qu’à enrichir les connaissances.
Elle repose sur des concepts réduits au statut de slogans, n’apportant rien d’autre que la confirmation de points de vue hautement idéologiques.
L’autre groupe accuse le mouvement d’être fondé sur une conception communautaire de la citoyenneté, qui réduit les individus au statut de représentants d’une identité autoritairement attribuée, telle que le sexe, la race, la religion.
C’est le contraire de la conception française de la citoyenneté, qui ne reconnaît que les individus appartenant à la communauté nationale, et n’accorde aucun droit civique aux communautés.
En cela, la France est à la pointe de la résistance au réveil.
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