Nouvelle controverse sur l’islam en France alors que la Haute Cour discute de l’interdiction de l’abaya

Le Conseil d’État doit décider si l’interdiction des abayas dans les écoles est constitutionnelle, après les cris d’« islamophobie » depuis l’entrée en vigueur de l’interdiction.

La plus haute juridiction de France doit se prononcer jeudi sur l’interdiction controversée de l’abaya dans le paysune décision qui a provoqué un tollé des deux côtés de la barrière politique.

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L’abaya, une robe longue ressemblant à une robe, est interdite dans les écoles du pays depuis le mois dernier.

Cette interdiction est la dernière d’une longue série de mesures similaires visant à imposer la séparation de l’État et de la religion en France.

En août, le ministre français de l’Éducation, Gabriel Attal, a mis en place cette interdiction, estimant que le vêtement violait le « principe de laïcité ».

Depuis la rentrée des élèves le 4 septembre, des dizaines de filles ont été renvoyées chez elles pour avoir refusé de retirer leur abayas.

Bien que bafouer l’interdiction puisse irriter certains qui pensent que c’est une idée solide, explique l’expert en psychologie Bayu Prihandito Euronews que cela pourrait conduire à une crise d’identité.

« L’adolescence est une période critique pour la construction de notre identité. L’abaya, pour beaucoup, n’est pas seulement un vêtement mais un symbole de foi, de culture et de choix personnel », explique Prihandito, ajoutant : « Restreindre son usage peut conduire à une crise d’identité. , où les étudiants se demandent qui ils sont et où ils peuvent s’intégrer dans la société ».

La France impose son veto aux symboles religieux dans les écoles publiques depuis 2004, interdisant notamment le port du foulard dans les écoles et le voile intégral dans les lieux publics.

Connu comme de dentelle, il s’agit d’une forme de laïcité stricte qui s’est révélée source de division, déclenchant régulièrement des tensions politiques dans le pays. La communauté musulmane, forte de plus de cinq millions de personnes, s’est fréquemment prononcée contre ces décisions.

Afin de faire respecter l’interdiction de l’abaya, Gabriel Attal avait annoncé précédemment que 14 000 personnels éducatifs seraient formés d’ici la fin de cette année, et que ce nombre atteindrait 300 000 d’ici 2025.

L’annonce a immédiatement suscité la controverse, certains y voyant un rappel bienvenu de la laïcité, tandis que d’autres ont affirmé qu’il ne s’agissait que d’un écran de fumée destiné à éclipser les problèmes du ministère de l’éducation – ou à alimenter « l’islamophobie ».

En conséquence, le Conseil d’État – ou Conseil d’État – a été contraint de se mêler du débat.

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Datant de 1302, c’est la plus haute juridiction de France pour les questions et affaires impliquant l’administration publique.

Elle a été contactée en urgence par une association musulmane, qui estime que cette interdiction constitue une « atteinte aux droits de l’enfant ».

En réponse, Guillaume Odinet, du ministère de l’Éducation nationale, a déclaré que l’abaya « reconnaît immédiatement celui qui la porte comme appartenant à la religion musulmane ».

La loi de 2004 interdisait le port dans les écoles publiques de vêtements démontrant « de manière visible » une appartenance religieuse.

La laïcité est un pilier de la République française depuis une loi de 1905 et a souvent incité les législateurs à prendre des décisions spécifiquement axées sur la population musulmane.

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Les débats qui font rage autour d’interdictions comme celle de l’abaya sont devenus de plus en plus tendus depuis qu’une vague d’attentats islamistes meurtriers a frappé le pays au cours de la dernière décennie.

« Nous vivons dans notre société avec une minorité, des gens qui, détournant une religion, viennent défier la République et la laïcité », a déclaré lundi le président Emmanuel Macron, en commentant cette interdiction.

« On ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas eu d’attentats terroristes et (le cas de) Samuel Paty », a poursuivi Macron, faisant référence à l’enseignant assassiné en 2020 par un jeune radicalisé d’origine tchétchène. Paty aurait montré des caricatures de Mahomet en classe dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression.

Selon une enquête récente, rapportée par AFP, quelque 81% des Français approuvent l’interdiction de l’abaya dans les écoles.

Prihandito raconte Euronews que l’interdiction pourrait conduire au pire à l’isolement social et à la violence.

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« En tant qu’êtres humains, nous sommes par nature des êtres sociaux, et un tel isolement peut être plus dommageable qu’il n’y paraît à première vue, conduisant à des sentiments de solitude et, dans des cas extrêmes, à des symptômes dépressifs », explique Prihandito.

Il ajoute : « Certains pourraient intérioriser le conflit, conduisant à des émotions refoulées, tandis que d’autres pourraient l’extérioriser, entraînant des problèmes de comportement violents ».

Outre les problèmes psychologiques et comportementaux parmi les écoliers, on craint également que l’interdiction ne provoque de nouvelles vagues au sein de la communauté musulmane dans son ensemble.

« Quand vous interdisez l’abaya en France, vous donnez un prétexte aux islamistes pour dire : ‘Regardez, nous sommes discriminés’. On dira que la laïcité française est anti-islamique. Cela sera critiqué. Cela pourrait servir à justifier violence, craint Pooyan Tamimi Arab, chercheur iranien en études religieuses à l’Université d’Utrecht.

La France est régulièrement qualifiée d’« islamophobe » dans le monde musulman, avec ses fréquentes interdictions et ses caricatures controversées du prophète Mahomet publiées dans le journal Charlie Hebdo, souvent décriées comme allant « trop loin ».

Il appartient désormais au Conseil d’État de décider si l’interdiction de l’abaya va également « trop ​​loin » – ou si elle est entièrement justifiée au regard du droit français.

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