Moody’s abaisse la note de crédit de la France quelques heures seulement après la nomination du nouveau Premier ministre
La note de crédit de la France a été abaissée par l’agence de notation Moody’s, accentuant la pression sur le Premier ministre qui vient d’être nommé pour qu’il maîtrise les finances publiques du pays.
Cette dégradation intervient quelques heures seulement après que le président français Emmanuel Macron a nommé le centriste François Bayrou comme son quatrième Premier ministre cette année, suite à l’effondrement de l’administration de Michel Barnier. Barnier a été renversé la semaine dernière par des députés de gauche et d’extrême droite opposés à la réduction de la dette qui, espérait-il, permettrait de maîtriser la spirale des déficits budgétaires dans la deuxième économie de la zone euro.
Moody’s a abaissé la note de la France de Aa3 à Aa2, affirmant dans un communiqué que cette dégradation « reflète notre vision selon laquelle les finances publiques du pays seront considérablement affaiblies dans les années à venir ». La note de la France avait déjà été abaissée à des niveaux équivalents par Standard & Poor’s et Fitch.
« La fragmentation politique est plus susceptible d’empêcher une consolidation budgétaire significative » en France, a déclaré Moody’s dans son communiqué. « Il y a désormais très faible probabilité que le prochain gouvernement réduise durablement l’ampleur des déficits budgétaires au-delà de l’année prochaine », a-t-il ajouté.
« Il existe un risque d’augmentation durable des coûts de financement qui affaiblirait encore davantage l’accessibilité de la dette », selon l’agence de notation. « Cela pourrait créer une boucle de rétroaction négative entre des déficits plus élevés, un endettement plus élevé et des coûts de financement plus élevés, dans un contexte de besoins d’emprunt annuels importants. »
Le ministre français de l’Economie, Antoine Armand, a déclaré que la nomination vendredi de Bayrou comme nouveau Premier ministre « et la détermination réaffirmée de réduire le déficit constituent une réponse explicite » à la dégradation de la note de Moody’s.
Bayrou a qualifié vendredi la réduction des finances publiques françaises d’obligation « morale ». « Le déficit et la dette, c’est une question qui soulève des questions morales », a déclaré Bayrou dans son premier discours après son entrée en fonction, a rapporté France24.
Moody’s a abaissé fin octobre la perspective de la France à négative en raison des inquiétudes concernant la dette et le déficit du pays. L’agence de notation a évoqué le « risque croissant que le gouvernement français soit incapable de mettre en œuvre des mesures qui empêcheraient des déficits budgétaires plus importants que prévu et une détérioration de l’accessibilité de la dette ».
Giorgio Leali a contribué au reportage.