Mises à jour de la directive européenne sur la protection des lanceurs d’alerte : France | JD Supra
[author: Jan Stappers]
Depuis décembre 2021, tous les États membres de l’UE doivent se conformer aux exigences légales de la directive européenne sur la protection des lanceurs d’alerte. La directive a été conçue pour protéger, habiliter et améliorer les options de signalement disponibles pour les lanceurs d’alerte dans toute l’UE. Dont la France, de nombreux États membres modifient les anciennes lois sur les lanceurs d’alerte pour transposer efficacement les règles de la directive dans leur droit national. La France a depuis modifié sa loi Sapin II, qui oblige les entreprises françaises et les multinationales opérant en France à prévenir et détecter les actes de corruption pour répondre aux attentes de l’Agence Française Anticorruption (AFA).
Pour vous aider à mieux comprendre les nouvelles lois françaises sur les lanceurs d’alerte, NAVEX répond à quelques-unes des questions fréquemment posées ci-dessous :
Qu’est-ce que le décret d’application n°2022-1284 et en quoi consiste-t-il ?
A partir du 3rd Octobre 2022, le décret d’application n° 2022-1284, inclus dans Sapin II, est entré en jeu pour apporter des précisions supplémentaires aux entreprises françaises sur le reporting interne et externe.
Pour rapports internes, si un dénonciateur souhaite signaler oralement, la procédure de dénonciation d’une entreprise doit désormais spécifier les options de hotline disponibles. Un signalement peut être recueilli par téléphone, messagerie vocale ou, à la demande du lanceur d’alerte, lors d’une visioconférence ou d’une réunion physique. Cependant, les réunions vidéo ou physiques doivent avoir lieu dans les 20 jours ouvrables suivant la réception du rapport. En outre, le lanceur d’alerte doit être informé, par écrit, de la réception du signalement dans les sept jours ouvrables suivant le signalement.
En outre, l’entreprise doit communiquer par écrit au dénonciateur des informations sur les mesures prévues ou prises pour évaluer l’exactitude des allégations. Le cas échéant, le rapport devrait viser à être clôturé dans les trois mois à compter de l’accusé de réception.
Concernant rapports externes, le décret énumère en annexe les autorités externes compétentes pour collecter et traiter les signalements d’alerte. Ces autorités doivent également communiquer, par écrit au lanceur d’alerte, des informations sur les mesures envisagées pour évaluer les allégations et l’objectif de remédier au signalement dans un délai de trois mois à compter de l’accusé de réception. Toutefois, ce délai peut être étendu à six mois si le rapport est complexe. Dans ce cas, le lanceur d’alerte est informé de la prolongation pendant les trois premiers mois.
Outre les modifications apportées aux directives de reporting internes et externes, plusieurs obligations supplémentaires doivent désormais être respectées :
- Chaque autorité doit communiquer, avant le 31 décembre de chaque année, au Défenseur des Droits (« Défenseur des Droits », c’est-à-dire le leader français en charge de la protection des droits) un rapport détaillé sur les signalements traités.
- Les organisations doivent informer le déclarant de tout motif justifiant le refus de leur signalement dans les cas où un signalement est jugé irrecevable par l’entité réceptrice (en raison du statut juridique du déclarant ou de la nature de l’alerte).
- Il existe 23 « autorités compétentes » répertoriées qui reçoivent, fournissent un retour d’information et assurent le suivi des signalements externes : l’Agence française anticorruption (« AFA »), l’Autorité de la concurrence, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (« CNIL »), l’Autorité nationale de Santé (« HAS »), l’Inspection Générale des Affaires Sociales (« IGAS »), etc.
FAQ sur la dénonciation en français
Si une dénonciation est faite par quelqu’un en France, peut-elle faire l’objet d’une enquête hors de France ?
Les lois françaises actuelles n’interdisent en principe pas une enquête de dénonciation française en dehors de la France. Cependant, si une enquête a lieu en externe au niveau du groupe, les entreprises doivent s’assurer que les procédures d’enquête sont conformes aux lois françaises et au RGPD.
Comment les entreprises mondiales appliquent-elles la directive française ?
Le cadre juridique français des lanceurs d’alerte s’applique actuellement aux personnes morales de 50 salariés ou plus ou aux entreprises de secteurs spécifiques (par exemple, l’industrie financière). Si une entreprise mondiale compte moins de 15 salariés en France, elle n’a pas besoin de mettre en place un système français de dénonciation . Cependant, laisser un nombre quelconque d’employés en France sans accès à un système d’alerte ou à des lignes directes ne fait preuve ni de sérieux ni de responsabilité sur le sujet de l’alerte de cette entreprise.
Par ailleurs, « Décret n° 2022-1284 du 3 octobre 2022 : pour les personnes morales de droit privé et les personnes morales de droit public employant du personnel sous contrat de droit privé, le seuil sera apprécié au terme de deux exercices sociaux consécutifs et déterminé par les dispositions de l’article L. 130-1 du code de la sécurité sociale. » – Présentation du webinaire NAVEX EU Whistleblower Protection Directive, webinaire spécial France.
Selon la loi française, existe-t-il des sanctions en cas de non-mise en place d’un canal d’alerte ?
Il n’y a pas de sanctions juridiques directes en place si une entreprise ou un employeur ne met pas en œuvre un programme de dénonciation. Cependant, par exemple, si un employé estime qu’il a été injustement licencié ou qu’il n’a pas eu accès à un canal de dénonciation lorsqu’il avait besoin d’aide, l’entreprise pourrait être tenue de verser des dommages-intérêts à l’employé car l’entreprise n’a rien fait en interne pour aider leur situation. La violation de l’obligation générale de prévention de la corruption peut être passible de lourdes sanctions administratives prononcées par la commission des sanctions de l’AFA.
Voir l’article original sur Risk & Compliance Matters