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Manifestations et amour – Organisations paysannes, manifestations et alliances sociales de France

« Une maraîchère en colère cherche le soutien du public pour mettre du beurre sur ses épinards » Photo : Hannes Lorenzen

Jean-Marc Desfilhes et Hannes Lorenzen présentent une histoire des associations paysannes et des alliances sociales françaises à la lumière des récentes manifestations et des réactions politiques associées. Ils proposent : c’est maintenant le moment est venu de mobiliser l’amour et la protestation pour mettre fin au recul actuel de la politique agricole.

Cet article est traduit de la version allemande parue dans le Bauernstimme.

Par Jean-Marc Desfilhes et Hannes Lorenzen

Les Français aiment leurs agriculteurs. Les enquêtes menées lors des grandes manifestations du début de l’année ont montré une grande compréhension de la population française pour la mobilisation sur tout le territoire. Mais le gouvernement les craint. La protestation et l’amour peuvent ensemble faire la différence. Le Premier ministre français nouvellement élu, Gabriel Attal, est donc immédiatement entré en scène en février et a promis à peu près tout : plus d’argent, moins de bureaucratie et de réglementation environnementale, si nécessaire, la France ferait cavalier seul en matière de politique agricole, pas d’accord commercial avec le Mercosur, etc. La police a longtemps été très indulgente. Ce n’est que lorsque le blocus de Paris menaça que l’amour prit fin. Il convient de s’intéresser à l’histoire des organisations paysannes et des associations agricoles françaises.

Perspective historique

France’s farmers’ organisation, the FNSEA (Fdration nationale des syndicats d’exploitants agricoles), has a central position. Le gouvernement de Vichy, qui collaborait avec les occupants nazis, fonda la Corporation Paysanne, censée représenter les intérêts de l’ensemble du secteur agricole. De là naît la FNSEA en 1946.

Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, un profond changement dans la position sociale des agriculteurs s’amorce avec l’introduction de la sécurité sociale, la fin du métayage et le renforcement des droits des agriculteurs vis-à-vis des propriétaires. La FNSEA a organisé cette modernisation en contrôlant de manière centralisée l’octroi du crédit, les coopératives et la redistribution des terres.

Au milieu des années 1960, la position dominante de l’association commence à se fissurer. Un grand nombre de petites exploitations se sont rebellées, résistant à la politique des prix, à l’endettement croissant et au favoritisme de la FNSEA envers les exploitations en croissance. Certains se sont organisés en Confdration Nationale des Syndicats de Travailleurs Paysans (CNSTP). D’autres ont fondé la FNSP (Fédération Nationale des Syndicats d’Agriculteurs). Les deux ont donné lieu plus tard à l’actuel Confdration Paysannequi est resté le seul opposant à la FNSEA jusqu’en 1992 et continue aujourd’hui de représenter les intérêts des petits et paysans de France.

La réforme de la PAC de 1992 a donné lieu à un débat animé en France sur la répartition des subventions de Bruxelles et à de vives protestations, notamment contre la FNSEA. La FNSEA a exigé des primes à l’hectare afin de maintenir le statu quo de la politique agricole commune (PAC) de l’UE et de promouvoir les exploitations agricoles en croissance.

Des manifestations contre cette mesure ont eu lieu notamment dans les régions défavorisées du sud-ouest de la France. La Confdration Paysanne a critiqué le productivisme, la surproduction structurelle et la perte drastique de revenus pour la grande majorité des exploitations agricoles. Il était et est politiquement indépendant et est plus étroitement aligné sur le spectre politique de gauche et les écologistes.

Cependant, il existe également une protestation paysanne à droite de l’échiquier politique. Le Coordination rurale, par exemple, est ouvertement revendiquée comme organisation politique par le parti d’extrême droite de Marine Le Pen. La FNSEA n’a pas besoin de s’engager politiquement ; il a eu et a toujours un siège permanent dans littéralement tous les gouvernements au sein de son ministère de l’Agriculture.

Les chambres d’agriculture

Les élections pour représenter la profession agricole ont lieu tous les six ans en France. Ils constituent l’étalon de l’influence des trois plus grands syndicats d’agriculteurs sur la politique agricole nationale. La Confdration Paysanne a atteint sa plus grande influence avec Jos Bov en 2001 (28%) sur fond de libéralisation des marchés agricoles et de mobilisation contre l’OMC, les OGM et les brevets.

Depuis, il a perdu des partisans, tandis que la Coordination rurale de droite a fait des gains. La FNSEA pourrait passer pour la première fois sous la barre symbolique des 50 pour cent en 2025. On peut toutefois supposer que la FNSEA continuera à avoir une influence significative sur la prochaine, peut-être plus tôt, réforme de la PAC.

Les récentes manifestations d’agriculteurs en France ont suivi celles des Pays-Bas, de Belgique, de Pologne et d’Allemagne. En France également, ces mesures ont été déclenchées par de nouvelles exigences légales et par l’expiration d’avantages fiscaux. Cependant, l’ambiance enflammée était basée sur la situation généralement précaire des revenus et du moral, en particulier dans les exploitations agricoles. Seule la moitié des exploitations ont des repreneurs et la France a perdu 20 % de ses exploitations au cours des dix dernières années. L’infrastructure rurale se rétrécit de façon spectaculaire dans certaines régions, et les nouveaux arrivants n’ont guère de chance en raison du prix élevé des terrains et des coûts d’exploitation.

Panique à Bruxelles

De ce point de vue, les réactions de panique actuelles du gouvernement et de la Commission européenne sont à la fois modestes et totalement erronées. La réduction de la bureaucratie et des contrôles n’aide pas économiquement la plupart des exploitations agricoles et ne conserve les avantages fiscaux qu’à court terme. L’éviscération actuelle du Green Deal n’est qu’un moyen de détourner l’attention des problèmes réels du commerce agricole mondial injuste et de l’augmentation des marges bénéficiaires dans les industries en amont et en aval de l’agriculture.

Sous l’impulsion de la présidente de la FNSEA Christine Lambert, la COPA, la fédération européenne des principales associations agricoles, a réussi depuis le début de la guerre en Ukraine à remettre sous contrôle 4 millions d’hectares de jachères européennes (dont 300 000 hectares en France). labourer, sous les slogans de la souveraineté alimentaire et de nourrir le monde. Le Copa a empêché l’interdiction des néonicotinoïdes et a poussé à l’extension de l’autorisation du glyphosate. Il s’agit désormais d’autoriser de nouveaux OGM. Le gouvernement français prend cette feuille de route au pied de la lettre. Une irresponsabilité historique face au chaos climatique et à la santé publique.

Alliances sociales

Mais il y a aussi des contre-mouvements. Avec la fondation du Collectif Nourrir alliance, la plateforme d’action française Pour une autre PAC a tenté une nouvelle fois de rassembler les différents intérêts des mouvements environnementaux, climatiques et sociaux dans une stratégie alimentaire commune. Face à une population agricole et rurale en déclin, l’alliance s’efforce de tirer davantage d’influence sur les décideurs politiques de l’engagement de la population urbaine.

Le travail de relations publiques et de pédagogie du Collectiv Nourir porte sur la qualification du soutien public à la PAC au regard des grands enjeux de l’environnement, du climat, de la biodiversité et de la justice sociale. Une collaboration avec des alliances nationales en Europe, comme la plateforme allemande des associations pour la politique agricole commune, est recherchée, mais dans la pratique, cela reste difficile en raison des barrières linguistiques et du manque de possibilités de coopération.

Sans alliances sociales réunissant une compréhension plus large et un engagement en faveur des changements urgents dans les domaines de l’agriculture, de l’environnement et de l’alimentation – tant au niveau national qu’européen – le recul actuel de la politique agricole sera imparable pendant de nombreuses années. Le moment est donc venu de mobiliser à nouveau l’amour et de protester efficacement.

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