Macron sera-t-il contraint de rompre sa promesse et d’augmenter les impôts ?

L’inévitable commence enfin à poindre pour Emmanuel Macron. La frénésie de dépenses extravagantes initiée après les violentes et longues manifestations des gilets jaunes de 2018 devra être inversée.

Les caisses vides, la France est non seulement à la merci de la finance internationale, elle est désormais très vulnérable à la prochaine crise sociale ou politique

Les subventions excessives de Covid et de l’énergie devraient pousser le déficit budgétaire à 4,9% du PIB, le ratio dette française / PIB à 114%, le plus gros endettement absolu de l’UE et l’un des plus importants au monde. Contrairement à la dette de l’Italie, la majeure partie de la France est détenue par des étrangers, de sorte qu’elle est beaucoup plus vulnérable à la gentillesse des étrangers. La France a déjà des taux d’imposition parmi les plus élevés de l’OCDE. Nous apprenons maintenant que la législation extrêmement impopulaire de Macron étendant l’âge de la retraite à 64 ans laissera encore un déficit annuel de 6 milliards de pensions d’ici 2030. Bien que le nouvel âge de la retraite en France soit toujours bien inférieur à celui d’autres économies développées, comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, une nouvelle extension est hors de question compte tenu des grèves et des manifestations qui ont duré un an et que la hausse précédente a provoquées. La France est désormais l’objet d’un mouvement de tenaille la poussant dans le sens d’une hausse des impôts. Malgré la promesse répétée de Macron de ne pas le faire, nous savons tous qu’il n’est pas opposé à un bon revirement, du démantèlement et maintenant de la construction de centrales nucléaires à l’interdiction puis à l’autorisation des pesticides.

La première pince vient des hausses de taux d’intérêt de la BCE qui ont mécaniquement élevé le service de la dette française au deuxième rang des dépenses budgétaires après l’éducation, avec d’autres à venir. La seconde vient de la note de crédit internationale récemment abaissée de la France menée par Fitch et Scope Ratings, tandis que Standard and Poors maintient une perspective négative pour la France. Les agences de crédit sont surtout préoccupées par la trajectoire de la dette en constante augmentation de la France depuis 2007 et son incapacité à l’arrêter, et encore moins à l’inverser. Les agences soulignent que Macron est paralysé dans son projet de réforme du travail et des avantages sociaux extrêmement généreux de la France par l’absence d’une majorité de travail parlementaire pour les quatre prochaines années.

Troisièmement, avec de moins en moins à dépenser, son ministre des Finances a annoncé cette semaine qu’il fallait trouver 10 milliards d’économies (8,6 milliards). Enfin, en 2024, Bruxelles exigera des États membres qu’ils reviennent progressivement au carcan de la dette et du budget pré-Covid de la Commission. Emmanuel Macron est contraint à la hausse des impôts. Elles seront camouflées en mesures vertes ou pour les très riches ou cibleront des catégories particulières d’entreprises, telles que les sociétés de péage autoroutier, les taxes exceptionnelles sur les bénéfices excessifs ou les transactions financières. Lors du sommet de Paris cette semaine sur l’aide financière internationale aux pays en développement, il a cherché une couverture internationale pour augmenter les impôts.

Mais Macron sait l’impact que cela aura sur la capacité internationale de la France à attirer des investissements étrangers. Pas plus tard que la semaine dernière, Henley & Partners a produit un tableau de classement des pays vers lesquels les personnes à valeur nette élevée (HNWI), avec des actifs investissables de plus d’un million de dollars (800 000), migrent ou sortent. La France a perdu 12 000 millionnaires en 2016 sous la présidence socialiste de François Hollande. Emmanuel Macron s’est engagé à endiguer ce flux et a été surnommé le président des riches. Mais une philosophie égalitaire profondément ancrée, notamment en matière de fiscalité, explique pourquoi même Macron n’a pas pu adopter le type de programme de migration d’investissement proposé dans des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou l’Australie pour attirer les HNWI. En 2018, la France a perdu 3 000 millionnaires et en 2019 1 800, soit 1 % par an de son stock total de millionnaires. Le régime fiscal hostile du pays est cité comme cause.

Augmenter les impôts porterait un coup supplémentaire au désir déclaré de Macron de faire de Paris la capitale financière européenne après le Brexit en aspirant les HNWI de Londres. Relativement peu de banquiers londoniens se sont rendus dans l’UE, sans parler de Paris. En 2022, Londres était classée quatrième ville du monde en termes de millionnaires (285 000), loin devant Paris au 18e rang (93 000). Après le Brexit, une commission parlementaire française a pointé toutes les raisons pour lesquelles un exode de la City de Londres vers Paris était peu probable. Outre le système juridique, la complexité, le coût et les délais d’embauche et de licenciement des salariés, un obstacle majeur cité par les responsables des établissements bancaires français était non seulement le niveau élevé des impôts sur les sociétés et les particuliers, mais aussi leur imprévisibilité, les administrations successives les augmentant ou les rendant plus complexe.

Les meilleures choses de la vie sont gratuites (pendant un mois)

Débloquez un mois d’accès illimité en ligne et aux applications en vous abonnant aujourd’hui gratuitement. Après cela, c’est juste 1 par semaine, économisant plus de 50% sur le tarif habituel.

S’ABONNER

L’économiste Agns Verdier Molini a récemment prévenu que la France était au bord de la faillite. Le président Macron fait clairement l’objet d’un complexe mouvement de tenailles le poussant à augmenter les impôts. Les caisses vides, la France n’est pas seulement à la merci de la finance internationale, elle est désormais très vulnérable à la prochaine crise sociale ou politique qui obligera à secouer l’arbre à argent. Comme la Grande-Bretagne l’a récemment vécu sous le bref gouvernement Truss, les marchés peuvent se retourner en un clin d’œil et imposer des hausses d’impôts aux administrations les plus déterminées à les réduire.

www.actusduweb.com
Suivez Actusduweb sur Google News


Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite