L’opposition grandit à la loi fasciste française sur l’immigration
Dimanche, 150 000 manifestants ont participé à 160 manifestations dans toute la France contre la loi sur l’immigration du président Emmanuel Macron. La loi fasciste est actuellement examinée au Conseil constitutionnel qui doit publier une décision finale jeudi. Il a été voté à l’Assemblée nationale par une alliance parlementaire entre le parti Renaissance de Macron, le parti Républicain et le Rassemblement national (NR) néofasciste de Marine Le Pen.
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La lutte contre la loi sur l’immigration de Macron recoupe des manifestations internationales de masse contre le génocide du régime israélien soutenu par l’impérialisme à Gaza, ainsi que des grèves ferroviaires, des manifestations antifascistes et des manifestations d’agriculteurs en Allemagne voisine. Le programme d’extrême droite de guerre, d’austérité sociale et de chauvinisme anti-immigration imposé par tous les gouvernements impérialistes se heurte à une opposition internationale croissante au sein de la classe ouvrière.
La loi sur l’immigration de Macron restreint les prestations sociales accordées aux immigrés, notamment l’aide familiale et l’aide au logement pendant les périodes de chômage. Le Parlement fixera des quotas d’immigration pour les trois prochaines années, déterminant combien de migrants seront autorisés à entrer chaque année. Bien que la suppression complète des soins de santé pour les étrangers malades ait été retirée de la version finale du projet de loi, le gouvernement s’est engagé à revoir cette question plus tard en 2024.
La loi restreint également le droit de naissance à la citoyenneté. Les personnes nées en France n’obtiendront plus automatiquement la nationalité française. Au lieu de cela, ils devront demander la citoyenneté à 16 ans. Les personnes reconnues coupables de tout crime avant l’âge de 16 ans se verront refuser la citoyenneté. Les conditions de regroupement familial ont également été renforcées, avec notamment l’exigence de justifier de ressources financières suffisantes pour accueillir un conjoint.
Les journalistes du WSWS se sont entretenus avec les manifestants lors du rassemblement à Paris, auquel étaient présents Fabien Roussel, le chef du Parti communiste français stalinien, Manon Aubry du parti de Jean-Luc Mlenchon La France Insoumise (LFI), ainsi que de hauts responsables syndicaux.
Adama, travailleur sans papiers et membre du syndicat CGT, a déclaré au WSWS : Il y a des idées de l’ancien Front national (aujourd’hui Rassemblement national Le Pens) qui ont été reprises par Emmanuel Macron. Nous savons tous que sans les immigrants, le pays serait paralysé. Les migrants sont des travailleurs, ils cotisent à toutes les caisses de sécurité sociale, ils participent massivement à la vie économique de ce pays.
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Adama a critiqué la tromperie politique de Macron, qui s’est engagé à s’opposer à l’extrême droite pour ensuite adopter une loi fasciste contre l’immigration. Il a dit : Mais pour satisfaire l’extrême droite, pour satisfaire les racistes, ceux qui veulent à tout prix accéder au pouvoir dénoncent chaque jour les immigrés, même ceux qui travaillent et ne vivent pas des aides (de l’État). Je me réveille à 4 heures du matin pour travailler. Je participe à la vie économique du pays, et je suis lié à la France par l’histoire.
Adama a également souligné sa solidarité avec le mouvement international contre la guerre et le génocide du régime israélien à Gaza, déclarant : « Je me sens solidaire avec tous les opprimés. Le peuple palestinien est opprimé. On peut gagner une guerre, mais on ne gagne jamais par la guerre.
Le WSWS s’est également entretenu avec Martin, un médecin. Martin a expliqué : « Je suis venu aujourd’hui parce que je suis à la fois médecin et immigrant. Supprimer l’Aide Médicale de l’État (AME) me semble être quelque chose de très inhumain et contre-productif. Même s’ils ont retiré l’aide de la loi (actuelle), ils l’ajouteront à nouveau plus tard, c’est une tactique politique. Médicalement, c’est injustifié et dangereux.
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Cette (mesure) est contraire aux règles médicales et à l’engagement des médecins et soignants en général. Donc je pense qu’ils (les médecins) continueraient à les soigner, j’en suis sûr, mais avec quels moyens, je ne sais pas.
Il est significatif que la manifestation d’hier ait été boycottée par le Collectif des Sans-Papiers (CSP), qui avait organisé une manifestation contre la loi sur l’immigration de plus de 40 000 personnes dans toute la France le 14 janvier. Le collectif a critiqué le refus des responsables syndicaux de soutenir sa précédente protestation. et leur décision d’abandonner d’autres revendications en faveur des droits des travailleurs sans papiers qu’elle avait avancées lors de la manifestation précédente.
Dans sa déclaration annonçant le boycott, le CSP s’en est pris aux bureaucraties syndicales françaises qui ont appelé à la manifestation du 21 janvier, déclarant : Là où il est nécessaire de construire une unité de lutte, les initiateurs de l’appel à la manifestation du 21 janvier ont semé les graines de la division. avec ceux qui luttent depuis des mois contre cette loi raciste. Pour nous, la lutte pour l’égalité des droits dans la société doit se traduire par l’égalité des droits dans l’organisation même de la lutte.
Les manifestations du 14 janvier ont été initiées par les collectifs Sans-Papiers de région parisienne et organisées avec 500 organisations, dont beaucoup de structures locales. Les initiatives dans une trentaine de villes ont mobilisé plus de 40 000 personnes. Ces manifestations du 14 ont montré qu’il y avait une réponse unifiant les sans-papiers et les ayants-papiers (Français et immigrés).
Le collectif a également soutenu les appels à une grève contre la loi prévue le 25 janvier et à une nouvelle série de manifestations, indépendantes des directions syndicales, le 3 février.
Le boycott du CSP est une première expression de l’opposition croissante de la classe ouvrière à la trahison stupéfiante des bureaucraties syndicales et de leurs alliés politiques de pseudo-gauche. Terrifiées par un mouvement menaçant leur propre place au sein de l’establishment au pouvoir, ces forces se sont fermées et ont trahi les grèves de masse et les manifestations de l’année dernière contre les réductions extrêmement impopulaires des retraites de Macron. Ils ont également travaillé pendant des années pour étouffer l’opposition de la classe ouvrière en France aux mesures anti-immigration telles que la politique meurtrière de l’Union européenne, la Forteresse Europe, qui a conduit à la noyade de plus de 20 000 migrants dans la Méditerranée au cours de la dernière décennie.
La question décisive à laquelle sont confrontés les travailleurs en France, alors que des protestations éclatent en Allemagne voisine et dans le monde entier, est de construire un mouvement international de la classe ouvrière.
Les travailleurs immigrés et les jeunes ne peuvent pas surmonter les menaces auxquelles ils sont confrontés dans un cadre national, sous le contrôle des bureaucraties syndicales nationales. Ils sont confrontés à l’escalade des guerres impérialistes, à la militarisation de la société, à l’austérité sociale et aux politiques fascistes anti-immigration coordonnées par les puissances impérialistes à travers l’Europe et au niveau international. Ces politiques ne peuvent être combattues qu’à l’échelle internationale, contre la classe capitaliste qui les impose. Dans cette lutte, les meilleurs alliés des immigrés sont leurs collègues travailleurs à travers l’Europe et le monde.
La méfiance et l’opposition croissantes à l’égard des bureaucraties parmi des couches toujours plus larges de travailleurs et de jeunes soulignent le besoin urgent de construire des organisations de lutte de base, des comités d’action responsables envers leurs membres et indépendants des dirigeants syndicaux. De telles organisations sont essentielles pour surmonter le sabotage des luttes ouvrières par la bureaucratie, unifier ces luttes au niveau international et préparer une lutte directe de la classe ouvrière internationale pour le pouvoir, le renversement du capitalisme et la construction du socialisme.