Les victimes d’abus de l’église française obtiennent réparation et reconnaissance

PARIS Je suis revenu à la vie.

Comme d’autres victimes de maltraitance d’enfants par des prêtres, Stéphane, 52 ans, a déclaré que le fait d’obtenir une reconnaissance officielle de l’Église catholique française de ce qui s’était passé l’aidait enfin à aller mieux.

Stéphane fait partie des 201 victimes qui ont obtenu des réparations financières ou autres de la part de l’église jusqu’à présent dans le cadre d’un processus lancé l’année dernière par un organisme français indépendant menant un effort national pour lutter contre des décennies d’abus répandus et cachés depuis longtemps. Des centaines d’autres personnes attendent l’examen de leur dossier.

Les réparations peuvent également inclure un soutien non financier. Les demandes ont porté sur l’aide aux victimes pour écrire leurs histoires, l’organisation de réunions avec des représentants d’églises locales ou l’installation d’une plaque à la mémoire des victimes. Le chef de l’Autorité nationale indépendante pour la reconnaissance et la réparation, ou INIRR, soutient également une demande visant à changer le nom d’une place nommée d’après un archevêque qui a activement couvert les abus sexuels.

Stéphane a dit avoir été violé par un prêtre quand il avait 13 ans. Trois ans plus tard, il a tenté de dénoncer son agresseur mais l’église a fermé la porte et sa mère ne l’a pas cru, a-t-il dit.

Pendant des années, il est resté silencieux, avec un traumatisme majeur qui a affecté toute sa vie. Je me sentais mort, dit-il.

Stéphane le Presse associée n’identifie généralement pas complètement les victimes d’abus sexuels a recommencé à parler en 2019, lorsqu’il a pu rencontrer un archevêque qui a rapidement reconnu les abus. Et l’année dernière, il a tendu la main à l’INIRR, ce qui lui a permis pour la première fois de se sentir accueilli, entendu et reconnu en tant que victime. Il a décrit le processus comme une libération.

La conférence des évêques catholiques de France a accepté de fournir des réparations après qu’un rapport de 2021 estimait que quelque 330 000 enfants avaient été abusés sexuellement pendant 70 ans par des prêtres ou d’autres personnalités liées à l’Église en France. Les estimations étaient basées sur des recherches plus larges menées par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale de France sur les abus sexuels sur les enfants.

Le rapport décrit une dissimulation systémique par des responsables de l’Église et exhorte l’Église catholique française à respecter l’État de droit en France.

Laure de Balincourt travaille avec l’INIRR en tant que personne référente, écoutant les récits des victimes et les conseillant. Le référent est également chargé de contacter l’archevêque de la région où les abus sexuels ont été commis pour aider à confirmer les témoignages.

Balincourt a expliqué comment, par exemple, elle a accompagné une victime masculine qui voulait lire une lettre devant la tombe de son agresseur, en présence de sa famille et de l’archevêque local.

J’ai vu dans son apparence physique que la honte le quittait, et je suis retournée dans la tombe, se souvient-elle avec émotion.

Plus de 1 180 victimes de prêtres ou d’autres représentants d’églises se sont manifestées pour demander réparation depuis la création de l’organisme, a déclaré Marie Derain de Vaucresson, responsable de l’INIRR. Elle a dit que 32% étaient des femmes et 68% des hommes. Parmi eux, 404 sont désormais pris en charge par l’INIRR, tandis que la plupart attendent l’examen de leur dossier.

La majorité de ceux qui ont contacté l’INIRR ont signalé des crimes très graves, a-t-elle souligné, ajoutant que 60% de ceux qui ont reçu une compensation financière avaient été violés une ou plusieurs fois. Dans 58 % des cas, les abus se sont poursuivis pendant plus d’un an. Ils se sont produits dans les écoles, au domicile des agresseurs, à la classe de catéchisme, dans les organisations de jeunesse et dans d’autres situations, a déclaré l’INIRR dans un rapport.

Derain de Vaucresson a déclaré que 80 % des sommes accordées jusqu’à présent sont supérieures à 20 000 euros (21 128 $), dont 40 personnes qui ont reçu le montant maximum, fixé à 60 000 euros (63 386 $). Une fois que l’INIRR a approuvé la compensation financière, chaque cas est envoyé à un fonds spécial financé par l’église pour paiement.

Beaucoup de ceux qui ont signalé des abus à l’INIRR se sont sentis incapables d’en parler pendant des décennies, jusqu’à maintenant.

Florence, 74 ans, a déclaré qu’elle avait subi des abus sexuels de la part d’un prêtre entre 12 et 17 ans, mais qu’elle l’a gardé pour elle pendant près de 60 ans. Le prêtre, un ami proche de ses parents, est entré dans sa chambre la nuit alors qu’il était invité dans la maison familiale, se souvient-elle.

Elle a contacté l’INIRR l’année dernière. Le processus l’a aidée à sortir du chaos, dit-elle. Avant, a-t-elle décrit, vous êtes dans un brouillard sombre, vous ne comprenez pas vraiment ce qui s’est passé.

Florence a reçu une compensation financière, mais aussi un soutien pour obtenir une médiation familiale afin de recréer des liens avec ses filles qui, selon elle, ont été fortement impactées par ce qu’elle a vécu.

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