Les partis de gauche français devraient terminer premiers aux élections législatives, tenant l’extrême droite à distance
Une alliance tendue entre les partis centristes et de gauche français a tenu à distance le parti d’extrême droite du Rassemblement national, selon les sondages de sortie, le Premier ministre Gabriel Attal étant sur le point de démissionner.
A la surprise générale, un bloc de partis de gauche devrait arriver en tête, tandis que l’alliance centriste du président Emmanuel Macron devrait arriver en deuxième position. Les instituts de sondage suggèrent que le Rassemblement national, connu en France sous le nom de RN, devrait arriver en troisième position, malgré sa victoire écrasante au premier tour du scrutin le week-end dernier et le meilleur score parmi les partis.
Le taux de participation a été le plus élevé depuis des décennies, à 67,1 %, et les résultats officiels sont attendus tôt lundi.
Le leader de gauche Jean-Luc Mlenchon a déclaré que les résultats étaient un immense soulagement pour la majorité des gens de notre pays et a appelé à la démission d’Attal.
Le président a le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner, a-t-il déclaré.
Aucun bloc n’est toutefois en mesure de s’approcher d’une majorité absolue. Sans majorité parlementaire, le gouvernement français, désormais composé de partis rivaux aux divisions idéologiques profondes et sans centre de pouvoir clair, risque de se retrouver dans une impasse politique qui pourrait rendre difficile l’adoption de nouvelles lois.
Attal, qui dirige l’alliance centriste de Macron, a annoncé dimanche qu’il présenterait sa démission lundi matin.
Ce soir, aucune majorité absolue ne peut être portée par les extrêmes, a-t-il affirmé. Nous le devons à cet esprit français, si profondément attaché à la République et à ses valeurs.
Le bureau de Macron a déclaré qu’il attendrait de prendre une décision sur un nouveau gouvernement, mais qu’il veillerait à ce que le choix souverain du peuple français soit respecté.
Les élections anticipées, convoquées il y a moins de quatre semaines par le président français Emmanuel Macron, ont plongé le pays dans une saison électorale volatile et rapide qui a enflammé les tensions dans le pays alors que les centristes se sont efforcés de négocier avec la gauche pour empêcher l’extrême droite de prendre la majorité absolue après que le RN a pris la tête après le premier tour de scrutin le mois dernier. Depuis lors, plus de 200 candidats ont confirmé qu’ils ne se présenteraient pas au second tour pour éviter de diviser le vote anti-RN, selon les estimations des médias locaux. Des manifestations ont également balayé le pays alors que les manifestants ont appelé les électeurs à se mobiliser contre le RN, avec des marches dans la capitale française mercredi.
La superstar du football français Kylian Mbappé a également exhorté les électeurs à se mobiliser contre l’extrême droite la semaine dernière, qualifiant de catastrophiques les gains du RN au premier tour.
Le président du RN, Jordan Bardella, un jeune homme de 28 ans au physique soigné et à l’aise avec les médias, qui espérait devenir le prochain Premier ministre français, a critiqué l’alliance contre nature et déshonorante qui a privé le peuple français d’une victoire du RN.
Si de telles tactiques ont pu empêcher l’extrême droite de mettre en œuvre son programme farouchement anti-immigrés et eurosceptique, elles ont probablement laissé le Parlement enfermé dans une paralysie politique.
Et après?
Un Parlement sans majorité absolue ouvre la voie à une inertie politique, où les partis coopèrent au travers d’alliances ad hoc au cas par cas pour faire passer des lois, privant la France d’un gouvernement fonctionnel et renforçant potentiellement le sentiment de désillusion déjà ressenti par de larges pans de l’électorat.
Cela affecterait non seulement la politique intérieure de la France, mais pourrait également étouffer sa présence internationale au sein de l’Union européenne et neutraliser ses dirigeants les plus importants sur la scène mondiale.
Bardella a déclaré qu’il ne gouvernerait pas la France sans majorité et semble avoir peu d’alliés parmi lesquels choisir, selon les sondages de sortie.
L’alliance de gauche du Nouveau Front populaire et les centristes de Macron devraient remporter suffisamment de sièges pour former une coalition, mais Macron a déclaré qu’il rejetterait une coalition qui inclurait le parti d’extrême gauche La France insoumise. Les centristes de Macron se sont déjà alliés aux républicains de centre-droit lorsqu’ils étaient au pouvoir.
Alors que son mandat présidentiel court jusqu’en 2027, Macron n’était pas sur le bulletin de vote, mais il a déclaré qu’il resterait en fonction quel que soit le résultat de l’élection.
D’ordinaire, le président nommeraitun Premier ministre issu du groupe parlementaire qui détient le plus de sièges à l’Assemblée nationale. Mais la composition controversée du gouvernement pourrait transformer ce processus en un processus tumultueux. Un Premier ministre risque d’être renversé par une motion de censure si d’autres partis s’unissent.
La coalition de gauche, qui a promis d’augmenter le salaire minimum, de geler les prix des denrées alimentaires et de l’énergie et d’annuler une loi qui a relevé l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, Le gouvernement n’a pas encore annoncé publiquement le choix d’un candidat au poste de Premier ministre. Parmi les personnalités de premier plan de ce côté du spectre idéologique figurent Manuel Bompard, du parti d’extrême gauche La France insoumise, et Raphaël Glucksmann, du Parti socialiste.
Samantha de Bendern, commentatrice géopolitique pour le média La Chaîne Info, a déclaré que la France pourrait être confrontée à une année de chaos alors que les partis se bousculent pour le pouvoir et se disputent pour savoir qui devrait être Premier ministre, Macron étant incapable de convoquer de nouvelles élections parlementaires avant juin 2025.
Qui est l’extrême droite ?
Même si le RN est loin d’être à la hauteur des attentes, le parti est en passe de remporter plus de sièges que jamais auparavant.
Le parti RN, anti-immigrés et eurosceptique, a fait campagne sur un programme qui promettait de remettre la France sur pied en donnant aux citoyens français la préférence nationale sur les immigrés pour l’emploi et le logement, tout en abolissant le droit à la citoyenneté française automatique pour les enfants de parents étrangers, et en abrogeant certaines des politiques les plus controversées de Macron, notamment l’abolition par son gouvernement d’un impôt sur les plus riches de France et les réformes des retraites qui ont vu des milliers de personnes descendre dans les rues de Paris en signe de protestation.
Le porte-étendard du RN dans ces élections est Bardella, président du parti et fidèle protégé de Marine Le Pen, la cheffe idéologique du parti. (Le Pen est considérée comme candidate à la présidence française en 2027). Avec Bardella au premier plan, le Rassemblement national a arraché le pouvoir au centre lors des élections parlementaires européennes du mois dernier.
Le parti a également gagné des partisans après que Le Pen a commencé à l’éloigner de ses racines de parti ethnocentrique extrême, comme c’était le cas sous son père, Jean-Marie Le Pen, son président fondateur qui a dirigé le parti jusqu’en 2011.
Un sondage Ipsos réalisé auprès de 10 000 électeurs a montré que le RN bénéficiait d’un soutien important auprès des électeurs de tous âges, avec un soutien croissant parmi les jeunes Français. Une majorité de ceux qui s’identifient comme défavorisés ont également massivement soutenu le RN au premier tour.
Le RN avance avec le vent en poupe alors que la France entre dans une période d’incertitude politique.
Marine Le Pen, provocatrice, a déclaré aux journalistes que la victoire de son parti n’avait été que retardée.