Les Ougandais poursuivent TotalEnergies en France, l’accusant de violations des droits de l’homme
Rejoints par cinq groupes d’aide ougandais et français, les personnes ougandaises des communautés touchées affirment que la société française d’énergie TotalEnergies a causé « de graves dommages », en particulier à leurs droits à la terre et à la nourriture.
Au cœur de leur plainte devant le tribunal de Paris se trouvent deux vastes projets de TotalEnergies : l’exploration Tilenga de 419 puits de pétrole, dont un tiers dans le plus grand parc national d’Ouganda, Murchison Falls, et EACOP, un pipeline de 1 500 kilomètres (930 milles). apportant du pétrole brut à la côte tanzanienne à travers plusieurs réserves naturelles protégées.
Les militants affirment que plus de 118 000 personnes ont vu leurs terres totalement ou partiellement expropriées à cause des deux projets de TotalEnergies, y compris par le biais de ventes prétendument consenties sous intimidation.
L’un des militants, Maxwell Athura, a déclaré lors de leur conférence de presse à Paris mardi avoir fait face à « des menaces et des intrusions à son domicile » de la part du groupe, et avoir été « arrêté arbitrairement à deux reprises en 2022 ».
Juliette Renaud, porte-parole des Amis de la Terre France, a déclaré: « Ce que nous demandons au tribunal, c’est de reconnaître la responsabilité civile de Total et de condamner l’entreprise à indemniser les personnes touchées par les violations. »
Une porte-parole de l’entreprise a expliqué que « TotalEnergies accueille favorablement un débat sur les faits devant les tribunaux ».
Elle a ajouté que la société « estime que son plan de surveillance (des éventuelles violations des droits) est conforme aux exigences légales » et « mis en œuvre efficacement » par ses filiales en Tanzanie et en Ouganda.
Violations majeures des droits
Sur le terrain, les personnes concernées par les travaux « ont été privées du libre usage de leurs terres pendant trois ou quatre ans, en violation de leurs droits de propriété », ont indiqué les associations française et ougandaise dans un communiqué.
Cela « les a privés de leurs moyens de subsistance » et a entraîné de « graves pénuries alimentaires » pour certaines familles », ajoute le communiqué.
Certains ont reçu une compensation en nature, tandis que d’autres se sont vu offrir des conditions financières « bien en deçà » de ce qui était nécessaire.
D’autres villages ont subi des inondations causées par la construction de l’usine de traitement d’huile du projet Tilenga, ont affirmé les associations.
En outre, « plusieurs plaignants ont été menacés, harcelés et arrêtés simplement pour avoir osé critiquer des projets pétroliers en Ouganda et en Tanzanie et défendre les droits des communautés touchées », ont-ils ajouté.
Deux de ces militants, Jelousy Mugisha et Fred Mwesigwa, se sont déjà rendus en France en 2019 pour exiger de Total qu’il veille à d’éventuelles violations des droits.
« Lorsqu’ils sont rentrés en Ouganda, l’un a été arrêté à l’aéroport et l’autre agressé à son domicile 10 jours plus tard », ont indiqué les ONG.
« En manquant à son devoir de vigilance, Total a causé un préjudice grave aux plaignants, notamment à leurs droits à la terre et à l’alimentation. Ils demandent donc que l’entreprise soit condamnée à les indemniser », poursuit le communiqué.
Manifestations internationales
Au même moment, mardi, des manifestants pour le climat de Stop The Oil ont pris pour cible le siège de la compagnie pétrolière britannique à Londres.
EACOP a également été la cible des militants, qui ont pulvérisé de la peinture orange et noire sur la façade et le hall du siège britannique de TotalEnergies dans le quartier financier de Canary Wharf.
Britanique La police a déclaré que 27 personnes avaient été arrêtées lors de la manifestation du groupe Just Stop Oil contre à la fois l’effet de l’oléoduc sur les communautés locales et ses émissions de gaz à effet de serre projetées de 379 millions de tonnes de carbone.
TotalEnergies a répondu dans un communiqué qu’elle « respecte pleinement le droit de manifester et la liberté d’expression, mais déplore toutes les formes de violence, qu’elles soient verbales, physiques ou matérielles ».
(Avec les fils de presse)