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Les législateurs français proposent un projet de loi interdisant la discrimination capillaire

PARIS (AP) Les législateurs de la chambre basse du parlement français ont approuvé jeudi un projet de loi qui interdirait la discrimination sur la texture, la longueur, la couleur ou le style des cheveux d’une personne.

Les auteurs du projet de loi espèrent que ce projet de loi révolutionnaire enverra un message de soutien aux Noirs et à d’autres personnes qui ont été confrontées à l’hostilité sur le lieu de travail et au-delà à cause de leurs cheveux.

Mais cette mesure a encore un long chemin à parcourir. Il sera ensuite renvoyé au Sénat, où il pourrait se heurter à une opposition.

Alors que seuls 50 des 577 députés de l’Assemblée nationale étaient présents pour le vote, ils ont massivement soutenu le projet de loi par 44 voix contre 2. Il y a eu quatre abstentions.

Un client se fait shampouiner dans un salon de coiffure, à Paris, le mercredi 27 mars 2024. (AP Photo/Thibault Camus)

Les partisans de la mesure en dehors du Parlement étaient ravis que le projet de loi parvienne au corps législatif.

Il était temps, s’exclame Estelle Vallois, consultante de 43 ans, se faisant couper les cheveux courts et bouclés dans un salon parisien, où les coiffeurs sont formés pour traiter tous les types de cheveux, ce qui est rare en France. Aujourd’hui, nous allons encore plus loin dans la suppression de ces barrières de discrimination.

Le projet de loi fait écho à des lois similaires dans plus de 20 États américains. Le projet de loi a été proposé par Olivier Serva, un législateur français de l’île des Caraïbes françaises de Guadeloupe. Selon lui, si ce texte devenait une loi, cela ferait de la France le premier pays au monde à reconnaître la discrimination fondée sur les cheveux au niveau national.

C’est un grand pas en avant pour notre pays, a déclaré Serva après le vote. La France s’en est rendue fière.

Le projet de loi modifierait les mesures anti-discrimination existantes dans le code du travail et le code pénal pour interdire explicitement la discrimination à l’encontre des personnes aux cheveux bouclés et enroulés ou d’autres coiffures perçues comme non professionnelles, ainsi que des personnes chauves. Il ne cible pas spécifiquement la discrimination fondée sur la race, bien que ce soit la principale motivation du projet de loi.

Les personnes qui ne correspondent pas aux normes eurocentriques sont confrontées à la discrimination, aux stéréotypes et aux préjugés, a déclaré Serva, qui est noire, à l’Associated Press.

Les partis de gauche et les membres du parti centriste Renaissance du président Emmanuel Macron ont soutenu le projet de loi, ce qui a suffi à le faire adopter à l’Assemblée nationale. Le projet de loi se dirige maintenant vers le Sénat dominé par les conservateurs, où il se heurtera probablement à l’opposition des législateurs de droite et d’extrême droite qui y voient une tentative d’importer en France les concepts américains sur la race et la discrimination raciale.

Aux États-Unis, 24 États ont adopté une version du CROWN Act, qui signifie Création d’un monde respectueux et ouvert pour les cheveux naturels, interdisant la discrimination capillaire fondée sur la race dans l’emploi, le logement, les écoles et l’armée. La législation fédérale américaine a été adoptée à la Chambre des représentants en 2022, mais les républicains du Sénat l’ont bloquée un mois plus tard.

Les opposants au projet de loi français affirment que le cadre juridique français offre déjà une protection suffisante aux personnes confrontées à la discrimination en raison de leurs cheveux afro naturels, de leurs tresses, de leurs tresses ou de leurs dreadlocks.

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Les auteurs du projet de loi ne sont pas d’accord. Un exemple qu’ils citent est celui d’un agent de bord noir français qui a poursuivi Air France en justice après s’être vu refuser l’accès à un vol en raison de ses tresses et avoir été contraint de porter une perruque aux cheveux raides. Aboubakar Traor a obtenu gain de cause en 2022 après une bataille judiciaire qui a duré une décennie. Mais le tribunal a statué qu’il n’avait pas été victime de discrimination à cause de ses cheveux, mais parce qu’il était un homme, puisque ses homologues féminines étaient autorisées à porter des tresses.

La France ne collecte pas de données officielles sur la race, car elle suit une vision universaliste qui ne différencie pas les citoyens selon les groupes ethniques, ce qui rend difficile la mesure de la discrimination capillaire fondée sur la race.

Les partisans du projet de loi espèrent qu’il répondra au long combat des Noirs français pour adopter leurs cheveux naturels.

Aude Livoreil-Djampou, coiffeuse et mère de trois enfants métis, a déclaré que si certains considèrent le projet de loi comme frivole, il s’agit de quelque chose de plus profond.

Ce n’est pas seulement un problème de cheveux. Cela donnera la force aux gens de pouvoir répondre, lorsqu’on leur demande de lisser leurs cheveux, ils pourront dire : Non, ce n’est pas légal, vous ne pouvez pas attendre cela de ma part, cela n’a rien à voir avec ma compétence professionnelle.

Le salon Djampou-Livoreils s’occupe de toutes sortes de clientèle, de celles aux cheveux lisses à celles aux boucles serrées.

C’est très émouvant de voir une femme de 40 ans, parfois dans une position très élevée, embrasser enfin sa beauté naturelle. Et cela arrive tous les jours, dit-elle.

Vallois, cliente du salon, espère que sa fille de 5 ans vivra à l’avenir dans une société qui ne stigmatise pas ses cheveux.

Quand j’étais plus jeune, je me souviens avoir déploré le manque de salons et même de produits capillaires (pour cheveux crépus) il fut un temps où, malheureusement, il fallait utiliser des produits conçus pour les cheveux européens et non adaptés à nos cheveux. Je suis heureuse, aujourd’hui, que les choses soient plus accessibles et qu’il y ait du changement, a-t-elle déclaré.

Il n’y a aucune raison d’avoir honte de qui vous êtes, que ce soit vos cheveux ou même le fait que vous n’en avez pas !

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