Les grondements en Afrique de l’Ouest provoquent des frissons énergétiques en France
Une vue générale montre les panneaux solaires photovoltaïques de la centrale électrique de La Colle des Mées, Alpes … (+)
Au cours des quatre dernières années, de nombreux coups d’État militaires ont secoué les pays d’Afrique centrale et occidentale. Le plus récent s’est produit l’année dernière au Niger, qui a semé la consternation en Occident en renversant un allié démocratiquement élu dans un pays d’importance stratégique majeure pour le Premier Monde. Dans chaque cas, de la Guinée à l’ouest de l’Afrique au Soudan à l’est, une junte pro-russe a pris la direction du pays. Aujourd’hui, ces juntes ont pris des mesures pour s’envelopper dans une rhétorique anti-occidentale et ont pris des mesures préliminaires pour se débarrasser des vestiges de leur passé colonial. Ce faisant, ils pourraient déstabiliser les économies et les approvisionnements énergétiques européens et, ce faisant, saper l’engagement mondial en faveur des énergies propres et de la lutte contre le changement climatique.
En 1975, quinze pays d’Afrique de l’Ouest se sont regroupés au sein d’une communauté semi-économique et politique connue sous le nom de CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Après le coup d’État au Niger en 2023, la CEDEAO a adopté une position ferme et a exigé que la junte du pays rétablisse un régime démocratique. Les dirigeants militaires ont refusé. La CEDEAO a alors lancé un ultimatum à la junte : si la démocratie n’était pas rétablie d’ici le 6 août, les troupes de la CEDEAO envahiraient le Niger. La junte a de nouveau refusé, mais les forces de la CEDEAO n’ont pas envahi.
Peut-être enhardie par un tel défi, la junte du Niger s’est ensuite jointe aux juntes distinctes du Mali et du Burkina Faso pour déclarer, le 28 janvier, qu’elles quitteraient ensemble la CEDEAO car elle était devenue une menace pour ses membres. Parallèlement à ce retrait, les trois États ont également annoncé qu’ils adoptaient leur propre monnaie et abandonnaient le CFA.
CFA
Bien que désespérément pauvres en termes de PIB, ces pays sont d’une richesse presque embarrassante en ressources minérales inexploitées. Cette richesse inhérente a été historiquement exploitée par les puissances coloniales, conférant aux dirigeants de la junte à la fois une crédibilité morale et un soutien populaire à leurs initiatives. Pour la France, cette inimitié a des implications énergétiques directes.
Concrètement, le Niger est le septième producteur mondial d’uranium. Ceci est particulièrement important pour la France car, contrairement à d’autres pays occidentaux, l’Allemagne étant un bon exemple avec sa dépendance historique au charbon et, plus récemment, au gaz naturel, la France n’a jamais renoncé à son engagement initial en faveur de l’énergie nucléaire dite propre. Autrement dit, pas plus tard qu’en 2021, la France produisait encore 68 % de son énergie à partir de sources nucléaires, ce qui représente le plus grand pourcentage d’énergie d’origine nucléaire de tous les pays du monde.
Pendant ce temps, la France obtient une grande partie de son uranium du Niger et, afin de maintenir son engagement en faveur de l’énergie nucléaire, la France doit être sûre que son approvisionnement en uranium reste relativement constant et suffisant pour ses besoins futurs. Cependant, selon le Niger, cet approvisionnement en uranium a été pillé par la France dans le passé à des prix réduits.
En conséquence, le Niger menace non seulement de cesser complètement d’utiliser le CFA, qui rend d’ailleurs le commerce français avec ses anciennes colonies très rentable pour ce pays, mais encore la semaine dernière, le chef de l’État nigérien, le général Abdourahamane Tiani, a annoncé que le Niger exigeant désormais des paiements en espèces de la France pour 65 ans de pillage.
Personne ne sait encore ce que le gouvernement de la junte nigérienne entend par là, et personne ne sait si le Niger mettra à exécution ses menaces, mais tout cela souligne une vulnérabilité énergétique majeure de la France. Autrement dit, il existe actuellement peu de sympathie ou d’empathie pour la France parmi ses anciennes colonies d’Afrique.
Aujourd’hui, cependant, la France est confrontée à la même question à laquelle tous les pays occidentaux ont inévitablement été confrontés ou seront inévitablement confrontés : où trouvera-t-elle les matières premières nécessaires pour fournir son énergie, en particulier à une époque où le mécontentement persistant à l’égard des vestiges de son passé colonial continue de s’accentuer ? être ressuscité. Pourtant, la France a continué à s’appuyer à nouveau sur une ressource naturelle, l’uranium fourni par des personnes dont la France a historiquement exploité les ressources. Alors que la guerre en Ukraine fait toujours rage et que l’approvisionnement énergétique de l’Europe dans son ensemble est de plus en plus incertain, la France, qui a toujours semblé disposer, peut-être, de l’approvisionnement énergétique le plus sûr parmi tous les pays occidentaux, se retrouve désormais obligée de répondre des effets persistants de son propre passé colonialiste. alors qu’elle tente d’assurer son avenir en tant que leader dans la recherche continue d’énergie propre à travers le monde.