Les erreurs des attentats terroristes de la Belgique ternissent sa prochaine présidence de l’UE
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BRUXELLES La Belgique avait de grands projets pour sa prochaine présidence du Conseil. Mais sa gestion de la fusillade du 16 octobre perpétrée par le tireur tunisien Abdesalem Lassoued, qui a coûté la vie à deux supporters de football suédois, a depuis donné lieu à une série de révélations embarrassantes.
Lassoued vivait dans le pays en tant que migrant sans papiers après que les autorités belges ont rejeté sa demande d’asile en 2020, et était connu des forces de l’ordre pour « activités suspectes ». Son pays d’origine, la Tunisie, avait même demandé son extradition, un fait ignoré par le système judiciaire du pays. Le ministre belge de la Justice a démissionné tandis que les ministres de l’Intérieur, de l’Asile et de la Migration ont dû se présenter à deux reprises devant les législateurs pour expliquer pourquoi eux aussi ne devraient pas démissionner.
Pour la Belgique, la préparation à la présidence du Conseil a été délicate, après avoir voulu impressionner dans les domaines mêmes où elle a clairement échoué : la migration et la lutte contre la criminalité organisée.
Au début, la Belgique considérait certains éléments de l’attaque de Bruxelles comme une justification supplémentaire des priorités de sa présidence.
Lassoued s’est vu refuser l’asile en octobre 2020, mais une lettre lui demandant de quitter la Belgique n’a jamais été remise. Cette erreur illustre la difficulté des pays européens à organiser des retours forcés, dans lesquels ils sont également dépendants des pays d’origine.
Prendre « de bons arrangements avec d’autres pays, y compris en ce qui concerne les pays d’origine » serait une priorité belge pendant sa présidence, a déclaré le Premier ministre Alexander De Croo au lendemain de l’attentat.
Deux jours plus tard, lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, De Croo a augmenté la mise, déclarant que la « plus haute priorité » était de mener à bien le pacte européen sur l’asile et la migration. »
Mais un jour plus tard, le 20 octobre, il est apparu que la Tunisie avait demandé son extradition.
Cette demande a pris la poussière dans le bureau d’un procureur de Bruxelles, déclenchant la démission du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, qui avait déploré plus tôt que les services de sécurité belges soient confrontés à « la réticence de certains pays d’Afrique du Nord à reprendre leurs (migrants) illégaux ».
Les experts affirment que la Belgique reste crédible sur la question des retours forcés, mais reconnaissent que les enjeux sont élevés pour sa présidence de l’UE.
« C’est embarrassant, mais ces événements se produisent très souvent et il y a une certaine compréhension à cet égard. Cela aurait pu se produire dans d’autres pays également», a déclaré Hendrik Vos, professeur d’études européennes à l’Université de Gand. « La volonté d’aboutir (au pacte migratoire) sera encore plus grande. »
S’adressant aux journalistes avant le Conseil européen, De Croo a également nié que ce problème puisse nuire à la crédibilité de la Belgique.
« Oui, effectivement, la personne dont nous parlons, il y a eu une demande d’extradition, mais il était également illégal. Avant, il était illégal. Il est vrai que le débat belge a évolué, mais le problème demeure: il y a énormément de personnes qui ont reçu l’ordre de quitter le pays.»
Une tentative de la Belgique et de la Suède, lors du Conseil européen de cette semaine, de modifier le texte sur le terrorisme et la migration a été rejetée par d’autres pays.
Le déchaînement de Lassoued a également soulevé d’autres questions urgentes, telles que : comment a-t-il pu mettre la main sur le fusil semi-automatique qu’il a utilisé lors de son attaque ?
Jeudi, il est devenu clair que Lassoued aurait pu avoir de l’aide pour obtenir l’arme. Un compatriote tunisien, identifié uniquement sous le nom de Lamjed K., a été arrêté et inculpé de meurtre et de tentative de meurtre lors d’un acte terroriste, ainsi que de participation aux activités d’une organisation terroriste.
« Il peut éventuellement être lié à l’arme utilisée », indique le parquet dans un communiqué.
Ces évolutions se demandent également si la Belgique en fait suffisamment pour lutter contre le trafic illégal d’armes, essentiel au crime organisé. La lutte contre la criminalité organisée, en particulier le trafic de drogue, est une autre priorité de la présidence belge, a déclaré la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden à POLITICO en mai.
Mais les critiques affirment que le trafic illégal d’armes n’est pas une priorité pour les forces de sécurité en Belgique même.
« Vous le voyez dans le traitement quotidien de ces dossiers. Si vous avez une saisie de drogue, de cocaïne et de quelques armes à feu, alors on accorde beaucoup d’attention à la drogue, on cherche à déterminer d’où cela vient, mais il y a beaucoup moins d’examen de l’arme », a déclaré Nils Duquet, directeur de l’Institut flamand pour la paix, à la suite de l’attentat de Lassoued.
Camille Gijs, Barbara Moens et Jacopo Barigazzi ont contribué au reportage.