Les électeurs français retournent aux urnes pour un second tour de scrutin dimanche
Les électeurs français pourraient inaugurer le premier Parlement d’extrême droite du pays depuis son installation après la Seconde Guerre mondiale, mais les candidats abandonnent la course pour tenter de l’arrêter.
STEVE INSKEEP, ANIMATEUR :
Le second tour de scrutin, qui aura lieu dimanche en France, désignera le prochain Premier ministre et le parti qui contrôlera le Parlement français. Le parti d’extrême droite de Marine Le Pen était en tête au premier tour. Les élites françaises ont longtemps considéré ce parti anti-immigrés et nationaliste comme trop extrême pour gouverner. Et maintenant, elles ont une chance de se faire élire après avoir devancé la gauche et l’alliance centriste du président Emmanuel Macron, qui était loin derrière en troisième position lors du scrutin. Le ministre de l’Intérieur dit craindre que les réactions de dimanche ne conduisent au chaos. Eh bien, faisons appel à Sylvain Bourmeau. Il est professeur à l’université de la Sorbonne et édite également un site d’analyse et d’opinion appelé AOC Media. Bienvenue.
SYLVAIN BOURMEAU : Merci.
INSKEEP : Pour un public américain, que représente le Rassemblement national qui pourrait être à ce point source de division en France ?
BOURMEAU : Eh bien, c’est l’extrême droite. Je veux dire, l’élection de dimanche est très cruciale. C’est l’occasion pour l’extrême droite d’arriver au pouvoir pour la première fois dans l’histoire de la République française, c’est-à-dire depuis 1789. Car ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est que l’extrême droite est arrivée au pouvoir sans élections.
INSKEEP : Ah, parce qu’ils ont collaboré avec l’Allemagne nazie, qui avait vaincu la France dans une guerre.
BOURMEAU : Et les gens ont été élus, puis ils ont changé de parti. C’est comme ça que ça s’est passé.
INSKEEP : OK. Et donc, auraient-ils le pouvoir, s’ils étaient majoritaires ou s’ils faisaient partie d’une coalition gouvernementale au sein du Parlement français ? Auraient-ils le pouvoir de changer l’approche de la France en matière d’immigration ou de guerre en Ukraine ou quoi que ce soit d’autre ?
BOURMEAU : Oh, ils auraient le pouvoir pour presque tout, vous savez, parce que quand le Parlement n’est pas du même côté que le président, c’est le Parlement qui détient le pouvoir en France. C’est un système politique très étrange, mais c’est comme ça que ça fonctionne. Et on l’a déjà vécu, mais pas avec l’extrême droite.
INSKEEP : OK. Nous sommes maintenant confrontés à une situation où il y a un second tour des élections. C’est un peu compliqué à expliquer aux Américains, mais il y avait plusieurs candidats au premier tour. Tout le monde n’est pas qualifié pour le second tour. Il y avait un minimum de voix. Mais il y a des cas où il y avait trois candidats : un candidat de gauche, un candidat de droite, un candidat du centre. Certains d’entre eux se retirent de la gauche et de la droite. Quel est l’intérêt de cela ?
BOURMEAU : Beaucoup d’entre eux se retirent effectivement, je l’espère, parce que cela empêchera probablement l’extrême droite de gagner dimanche. Cela veut dire que les gens, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont pour la plupart d’accord sur le fait que l’extrême droite est un parti différent. Je veux dire, ils ne devraient pas faire partie de la République. Ils préfèrent donc se retirer lorsqu’ils sont arrivés en troisième position pour s’assurer que le candidat d’extrême droite ne sera pas élu.
INSKEEP : OK. Donc la gauche et le centre, les plus conservateurs mais pas les plus à droite, peuvent tous voter pour un seul candidat, celui qui leur semble le plus fort. Quand on fait les comptes, est-ce que cela suffira à priver le Rassemblement national d’une majorité ?
BOURMEAU : Eh bien, ce n’est pas sûr. Je veux dire, c’est une élection très suspendue, et nous verrons dimanche soir. La situation la plus probable sera qu’aucun parti n’ait la majorité absolue. Ils devront se parler. Il y aura donc peut-être un gouvernement de coalition entre la gauche et la droite – la droite classique, la droite de Macron.
INSKEEP : C’est vrai. Je dois juste poser une question. Le ministre de l’Intérieur craint la violence, même si certaines personnes pourraient être contrariées par le résultat des élections. Pourquoi y aurait-il de la violence après un résultat démocratique ? Il s’agit d’élections.
BOURMEAU : Vous avez vu ce qui s’est passé au Capitole aux États-Unis. Le parti d’extrême droite est un parti très violent. C’est un parti raciste, et ils ont déjà commencé à être violents dans les rues ces derniers jours, en fait.
INSKEEP : Cela signifie que la violence serait à craindre de ce côté-là ou de la gauche ?
BOURMEAU : Non. Je pense que la violence est à craindre de la part de l’extrême droite. La gauche va… Bien sûr, si l’extrême droite gagne les élections, la gauche va manifester dans la rue, mais je suis assez sûr qu’il n’y aura pas de violence contre les individus, alors que c’est le cas de l’extrême droite.
INSKEEP : Sylvain Bourmeau, analyste et professeur à la Sorbonne. Merci beaucoup pour votre temps.
BOURMEAU : Merci.
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