L’écrivain culinaire Carolyn Boyd parle de la cuisine de la côte vendéenne française
Cet article a été réalisé par Voyageur National Geographic (ROYAUME-UNI).
Les plats régionaux les plus intrigants de France ont souvent une histoire à raconter. Dans le sud-ouest par exemple, le cassoulet a été créé assiégé pendant la guerre de Cent Ans. La pâtisserie Paris-Brest commémore une course cycliste et le roquefort aurait été créé par un berger amoureux.
Plongez un peu plus profondément dans le paysage culinaire français, comme je l’ai fait en recherchant mon livre, et vous découvrirez des histoires qui vont au-delà des légendes et des histoires, comme celle de Noirmoutiers qui prétend abriter les pommes de terre les plus chères du monde. Cette patate superlative semblait une excuse idéale pour visiter l’île au large de la côte ouest de la France, patchwork de marais salants et peuplée de villages blanchis à la chaux.
Bonnottes, comme on les appelle, sont une rareté. Pendant seulement deux ou trois semaines en mai, ils doivent être récoltés à la main et pousser uniquement dans le microclimat unique de l’île. En 1995, la Coopérative Agricole de Noirmoutier en vendait 3 kg à la maison de ventes parisienne Drouot pour 15 000 francs (environ 1 500 à l’époque). Cela défraye la chronique et une spécialité locale est née.
Mais il y a bien plus à faire les bonnottes qu’un stratagème marketing intelligent. Les pommes de terre représentent une communauté d’agriculteurs qui se sont regroupés après la Seconde Guerre mondiale pour obtenir un prix plus juste pour leurs produits auprès des marchands du continent ou le continent comme l’appellent les locaux. Alors que je me tenais dans un champ de pommes de terre avec la présidente des Coopératives, Jessica Tessier dont les parents et grands-parents étaient tous producteurs de pommes de terre, et ses collègues, jen’ont pu s’empêcher de tomber sous le charme de leur passion pour leur île et ses produits. Sa communauté se réunit chaque mois de mai pour organiser une grande fête pour la Fête de la Bonnotte. La cour du siège des coopératives est remplie de longues tables pouvant accueillir 3 000 personnes pour manger des sardines locales et du beurre bouilli. bonnottessaupoudré de Noirmoutiers fleur de sel flocons de sel.

Carolyn Boyd est l’auteur de Amuse Bouche : Comment manger à votre guise en France Caroline Boyd
J’ai acheté une caisse de ces pommes de terre au marché. Cela regorgeait d’autres spécialités, notamment flan marachin, une bête de tarte faite avec une croûte profonde et une crème anglaise parfaitement bancale. D’autres étals gonflaient sous le poids des légumes qui prospèrent dans le même microclimat que les bonnottes.
L’air de Noirmoutiers est imprégné d’ozone et le sol est fertilisé par les algues. En étant là, en respirant l’air saumâtre et en discutant avec des producteurs et des chefs, j’ai découvert son terroir, un environnement si unique que le chef le plus célèbre de l’île, Alexandre Couillon a remporté trois étoiles Michelin pour des plats préparés uniquement à partir de ses produits. J’ai parcouru les marais salants, le ciel bleu se reflétant dans leurs étangs, jusqu’à son bistro plus décontracté LaTable d’Elise au village de LHerbaudire. jedîné de fines lamelles de betterave, de moules et de fromage de chèvre fouetté, suivi d’un goberge délicatement cuit, débarqué au port à quelques mètres de là.
Mais les îles vendéennes, uniques en leur genre, ont bien plus d’histoires à raconter. Sur l’île d’Yeu, la légende raconte que le tarte des noces, la tarte de lune de miel, a d’abord été préparée avec des ingrédients provenant d’une épave. Du XVIIe au XIXe siècle, les marins emportaient des pruneaux en mer pour lutter contre le scorbut, mais les navires transportaient aussi généralement d’autres produits exotiques venus des terres au-delà de l’horizon : de la vanille, du sucre, du rhum, de la cannelle et de l’eau de fleur d’oranger, qui c’est ainsi que raconte l’histoire des insulaires rassemblés sur l’épave pour créer leur tarte parfumée aux pruneaux.
Aujourd’hui, le dYeus Ptisserie Mousnier les prépare quotidiennement par douzaines, et pourtant aucun des insulaires qui connaissaient la légende ne pouvait me dire pourquoi la pâtisserie qui en résultait était appelée une tarte de lune de miel. Peut-être que ses ingrédients étaient conservés pour des occasions spéciales, réfléchissaient-ils.
En explorant l’île, j’ai trouvé ma propre réponse à l’énigme. Les ruelles idylliques du village de Saint-Sauveur abritaient des maisons aux volets peints de joyeux rouge, jaune ou turquoise qui rappelaient une station balnéaire mexicaine ; d’autres villages m’ont rappelé la Grèce, où les maisons blanchies à la chaux et aux toits de terre cuite étaient dotées de volets bleu poudré et de jardins aux murs de pierre regorgeant de roses trémières, d’agapanthes et même de quelques palmiers. Quand je suis arrivé à la plage, La Plage des Sabias, avec sa rangée de cabanes de pêcheurs shabby-chic, ça aurait pu être les Caraïbes. Dans le ciel bleu au-dessus de moi, les traînées de vapeur des avions sillonnaient la stratosphère alors que les passagers, parmi lesquels sans doute quelques jeunes mariés, traversaient l’Atlantique vers l’ouest. J’ai pensé que peut-être le dYeu ne verrait pas d’inconvénient à ce que j’écrive ma propre interprétation de l’histoire. Après tout, l’île est un mélange parfait de destinations idylliques pour une lune de miel.
Pour vous abonner Voyageur National Geographic (Royaume-Uni) cliquez ici. (Disponible dans certains pays uniquement).