Le Nicaragua rompt ses liens avec les Pays-Bas et interdit l’envoyé américain

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Managua (AFP) Le Nicaragua s’est retrouvé encore plus isolé sur la scène internationale samedi après avoir déclaré qu’il refuserait l’entrée à l’ambassadeur nommé par Washington puis rompu les relations diplomatiques avec les Pays-Bas.

Le gouvernement du président Daniel Ortega fait face à une pression diplomatique croissante face à ce que les États-Unis ont qualifié de « détérioration dramatique » des droits de l’homme, qui a entraîné l’emprisonnement de dizaines d’opposants politiques, d’étudiants et de journalistes.

Ortega se moquant des puissances occidentales, les autorités américaines ont déclaré que le président Joe Biden restait déterminé à maintenir une présence diplomatique à Managua et que les États-Unis recherchaient « un retour à un régime démocratique au Nicaragua ».

Les dernières mesures du Nicaragua sont intervenues alors que l’envoyé de l’Union européenne a été expulsé du pays d’Amérique centrale.

Déclarée persona non grata vendredi, l’ambassadrice de l’UE Bettina Muscheidt a quitté le Nicaragua samedi sur un vol commercial vers la France via Mexico.

Managua a coupé les ponts avec le gouvernement néerlandais vendredi soir, qualifiant La Haye d' »interventionniste » et de « néocolonialiste » après que son ambassadrice, Christine Pirenne, a déclaré que son pays ne financerait pas la construction d’un hôpital.

Dans une lettre transmise à l’AFP samedi, le ministère néerlandais des Affaires étrangères a condamné la réponse « regrettable » et « disproportionnée ».

Les Pays-Bas ont déclaré qu’ils avaient décidé de mettre fin définitivement au financement de la construction d’un hôpital au Nicaragua – suspendu depuis 2018 – en raison de la « détérioration de la situation dans le domaine de la démocratie et des droits de l’homme ».

Il a dit qu’il avait donné plusieurs avertissements à Managua mais que maintenant le Nicaragua « fermait la porte ».

Le gouvernement nicaraguayen avait accusé vendredi « l’ingérence répétée, la position interventionniste et néocolonialiste du Royaume des Pays-Bas » d’être à l’origine de la querelle.

Plus tôt dans la journée, Ortega avait fustigé la nation européenne.

« Ceux qui viennent manquer de respect à notre peuple, à notre patrie, ils ne devraient plus apparaître au Nicaragua. Et nous ne voulons pas de relations avec ce gouvernement interventionniste », a déclaré Ortega en référence à Pirenne, qui est basé au Costa Rica.

Les Pays-Bas ont fermé leurs bureaux à Managua en 2013 et mènent tout leur travail diplomatique en Amérique centrale depuis le Costa Rica.

Avant les remarques d’Ortega, son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo, a déclaré vendredi que le nouvel envoyé américain Hugo Rodriguez « ne sera en aucun cas admis dans notre Nicaragua ».

« Que cela soit clair pour les impérialistes », a-t-elle ajouté sur les médias d’État.

Le Sénat américain a confirmé jeudi le poste d’ambassadeur de Rodriguez, bien que le Nicaragua ait précédemment déclaré qu’il le rejetterait.

Samedi, un porte-parole du département d’État a déclaré que « M. Rodriguez continue de bénéficier de la plus haute confiance du président ».

En l’absence de Rodriguez, l’actuel ambassadeur Kevin Sullivan restera à son poste à Managua, a indiqué le porte-parole.

« Les États-Unis restent déterminés à promouvoir un retour à un régime démocratique au Nicaragua, en soutien aux aspirations du peuple nicaraguayen », a ajouté le responsable.

Le Nicaragua a déclaré qu’il avait bloqué Rodriguez en raison de commentaires « irrespectueux » tenus lors d’une audience au Sénat – au cours desquels il a décrit le Nicaragua comme un « État paria dans la région » et qualifié le gouvernement d’Ortega de dictature.

Rodriguez avait déclaré qu’il soutiendrait l’utilisation de tous les outils économiques et diplomatiques pour provoquer « un changement de direction » au Nicaragua, et avait notamment suggéré d’expulser le pays de l’accord de libre-échange entre la République dominicaine et l’Amérique centrale.

Mercredi, Ortega a qualifié l’Église catholique de « dictature parfaite », reflétant les tensions persistantes entre son gouvernement et l’institution religieuse au cours des manifestations de 2018 qu’Ortega a accusé l’église de soutenir.

Ces manifestations ont été écrasées par une répression qui a fait des centaines de morts.

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