Le gouvernement français fait un pas à droite

Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal écoute le discours de la Première ministre sortante Elisabeth Borne lors de la cérémonie de passation de pouvoir à l’hôtel Matignon à Paris, le 9 janvier 2024. (Photo/Agences)
Le nouveau Premier ministre charismatique français dirigera un cabinet qui s’est légèrement orienté vers la droite, avec la réémergence d’un remaniement de plusieurs personnalités clés du gouvernement de l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy.
Gabriel Attal, 34 ans, que le président Emmanuel Macron a nommé Premier ministre le 9 janvier après la démission d’Elisabeth Borne, pourra encore faire appel à plusieurs acteurs majeurs du cabinet Borne, mais à de nouveaux membres, dont Stéphane Séjourne au poste de ministre. aux Affaires étrangères et à Rachida Dati, membre chevronnée du Cabinet, au poste de ministre de la Culture, donne au gouvernement jusqu’ici centriste un air de droite.
Olivier Faure, chef du parti socialiste, a déclaré que le gouvernement, qui avait auparavant tenté de séduire les électeurs de gauche comme de droite, semble désormais déterminé à parer à la menace de l’extrême droite en ressuscitant les « dinosaures de Sarkozy » et en passant à le droit lui-même.
Le journal Libération a également souligné l’influence de Sarkozy après le remaniement de jeudi, en titrant « La connexion Sarko ».
Le député du parti socialiste Boris Vallaud a déclaré au journal The Guardian que Macron avait donné suite à la refonte radicale du système d’immigration français par le gouvernement, qui, selon de nombreux législateurs, suggérait une dérive à droite du parti Renaissance au pouvoir, en la confirmant avec le remaniement.
Attal a répliqué en déclarant à la chaîne de télévision TF1 qu’il privilégie simplement les personnes capables de faire avancer les choses.
« Ce que je veux, c’est de l’action, de l’action, de l’action » et « des résultats, des résultats, encore des résultats », a-t-il déclaré.
Le nouveau cabinet entourant Attal, le plus jeune Premier ministre français et son premier dirigeant ouvertement gay, a cependant pour objectif principal de garantir que Macron résiste au défi de l’extrême droite lors des élections européennes du 9 juin.
Macron, qui a été vilipendé l’année dernière lors de violentes manifestations contre sa réforme des retraites, aurait déclaré lors de la première réunion du nouveau cabinet qu’il souhaitait des « résultats rapides » et qu’il ne recherchait pas des « managers » mais des « révolutionnaires ».
« Je ne veux pas de ministres qui administrent, je veux des ministres qui agissent », a-t-il déclaré, cité par l’AFP.
Le journal Guardian a noté que huit des 14 ministres clés ont une formation au sein du parti Les Républicains de l’ancien président Sarkozy. Dati, qui a été ministre de la Justice sous Sarkozy entre 2007 et 2009, est rejoint par Catherine Vautrin, qui a servi sous l’ancien président de droite Jacques Chirac, et Emmanuel Moulin, ancien conseiller de Sarkozy, qui est le chef de cabinet du nouveau Premier ministre.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a également servi dans le gouvernement de Sarkozy mais qui était également dans le cabinet de Borne, a conservé son poste, tout comme Bruno Le Maire, le ministre des Finances.
Margot Faraci, experte en leadership mondial qui conseille les banques sur les tendances en matière de leadership, a déclaré au journal The Express que Macron avait essentiellement nommé Attal parce que son absence de majorité parlementaire, sa popularité décroissante et ses difficultés à entrer en contact avec les électeurs le laissaient désespéré.
« Il est courant que les politiciens arrivent sur une vague de popularité et se retrouvent en territoire impopulaire alors que la réalité du gouvernement s’installe », a-t-elle déclaré, notant que la nomination d’Attal par Macron était « un exercice de pragmatisme suprême » car il « s’appuiera sur Attal et se donner les meilleures chances d’augmenter sa propre popularité maintenant et de rester au pouvoir lors de la prochaine élection (présidentielle) » en 2027.
Le déclin de la popularité de Macron est survenu alors que Marine Le Pen et son parti d’extrême droite, le Rassemblement national, ont prospéré. Les Français surveilleront si le parti Renaissance de Macron offre une véritable alternative à Le Pen, et les alliés de la France voudront voir si la France s’aligne à nouveau sur l’OTAN, les États-Unis et le Royaume-Uni, ou si elle devient plus isolationniste.
Le Financial Times estime qu’il sera également intéressant de voir si Macron sera capable de partager la scène politique avec son ambitieux nouveau protégé.