#image_title

Le gouvernement français annonce de nouvelles mesures pour calmer les protestations des agriculteurs, alors que des barricades serrent Paris

Les agriculteurs en quête de meilleurs salaires, de moins de contraintes et de coûts moindres campent sur les autoroutes jonchées de foin et autour de Paris, posant le plus grand défi au Premier ministre Gabriel Attal depuis sa nomination il y a moins d’un mois. Il a cherché à apaiser leurs inquiétudes dans un discours politique radical mardi à l’Assemblée nationale.

Nous devons écouter les agriculteurs qui travaillent et s’inquiètent pour leur avenir et leurs moyens de subsistance, a déclaré Attal.

« L’objectif est clair : garantir une concurrence loyale, notamment pour que les réglementations qui s’appliquent aux agriculteurs (français) soient également respectées par les produits étrangers », a-t-il déclaré. La protection contre les importations à bas prix est l’une des principales revendications des manifestants.

Attal a promis une aide d’urgence aux producteurs de vin en difficulté et le versement rapide des subventions européennes aux autres. Il a également déclaré que les détaillants alimentaires qui ne respectent pas une loi destinée à garantir une part équitable des revenus aux agriculteurs se verront sanctionner immédiatement par des amendes.

Après plusieurs jours de protestations croissantes, les agriculteurs français ont passé la nuit sur les barricades de lundi à mardi pour faire valoir que cultiver et élever des aliments est devenu trop difficile et pas suffisamment lucratif.

Les manifestants ont rejeté les mesures pro-agricoles jugées insuffisantes par Attal la semaine dernière. Ils ont menacé de s’installer dans la capitale, qui accueillera dans six mois les Jeux olympiques d’été, si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Les manifestants étaient prêts à affronter une bataille prolongée, avec des tentes et des réserves de nourriture et d’eau.

Le gouvernement a annoncé le déploiement de 15 000 policiers, principalement en région parisienne, pour stopper toute tentative des manifestants de pénétrer dans la capitale. Des officiers et des blindés étaient également stationnés au centre parisien d’approvisionnement en produits frais, le marché de Rungis.

Les agriculteurs qui dormaient sur une autoroute près du parc à thème Disneyland à l’est de Paris étaient sceptiques quant à la capacité du gouvernement à faire suffisamment pour les aider. Ils ont grillé des saucisses, installé une télévision pour regarder le discours du Premier ministre et accroché sur un pont l’effigie d’un agriculteur mourant.

Stéphane Chopin, un éleveur de bœuf charolais biologique près de Château-Thierry, au nord-est de Paris, a décrit le coût et la charge bureaucratique liés au maintien de méthodes biologiques tout en concurrençant les aliments provenant d’autres pays où le coût de la main-d’œuvre et de la vie est inférieur.

Cela fait 20 ans que nous essayons de faire un effort pour les produits locaux, pour l’environnement. Nous essayons, nous essayons… maintenant nous disons stop, a-t-il dit.

En Belgique voisine, une délégation de l’association des Jeunes Agriculteurs belges bloque pour la troisième journée consécutive l’autoroute principale entre Paris et Bruxelles, juste à l’extérieur de la capitale belge. Comme leurs collègues agriculteurs de toute l’Union européenne, ils exigent moins de bureaucratie et plus d’argent pour leurs produits.

Le mouvement en France est une autre manifestation d’une crise alimentaire mondiale aggravée par la guerre à grande échelle menée par la Russie en Ukraine, un important producteur alimentaire, qui dure depuis près de deux ans.

Les agriculteurs français affirment que la hausse des prix des engrais, de l’énergie et d’autres intrants destinés à la culture et à l’alimentation du bétail a grugé leurs revenus.

Les manifestants affirment également que le secteur agricole français, massivement subventionné, est sur-réglementé et pénalisé par les importations alimentaires en provenance de pays où les producteurs agricoles sont confrontés à des coûts et à des contraintes moindres.

Le président français Emmanuel Macron rencontrera jeudi à Bruxelles le chef de la Commission européenne pour discuter de la crise agricole.

Mais Macron a défendu la politique agricole européenne dans son ensemble comme le seul moyen de maintenir l’agriculture européenne en vie dans une économie mondialisée.

« Sans une politique agricole commune (au sein de l’UE), nos agriculteurs n’auraient pas de revenus. Beaucoup d’entre eux ne pourraient pas survivre », a déclaré Macron mardi lors d’un déplacement en Suède.

___

John Leicester à Paris, Helena Alves à Jossigny, Raf Casert à Halle, en Belgique, et Gianfranco Stara à Orte, en Italie ont contribué à ce rapport.

www.actusduweb.com
Suivez Actusduweb sur Google News


Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepteLire la suite