Le débat mondial sur le relèvement de l’âge de la retraite

Aux États-Unis, certains législateurs républicains proposent de relever l’âge d’éligibilité aux prestations complètes de sécurité sociale, provoquant des critiques virulentes de la part du président Biden et de nombreux démocrates. Mais le débat sur le moment où le gouvernement devrait commencer à verser des prestations de retraite n’est pas seulement une controverse ici. Cela se passe partout dans le monde.

Le président français Emmanuel Macron a proposé de relever progressivement l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, la Belgique débat d’un plan visant à fonder l’admissibilité aux prestations sur les années de travail plutôt que sur l’âge. Et le nouveau Premier ministre chinois Li Qiang a laissé entendre que son gouvernement pourrait y relever l’âge de la retraite d’une durée indéterminée.

La réponse en France comprenait des grèves généralisées et des manifestations de masse. Mais malgré les manifestations de rue, le Sénat français a approuvé le plan de Macron, qui attend maintenant un vote à l’Assemblée nationale dès cette semaine. (MISE À JOUR : Le 16 mars, Macron a annoncé qu’il porterait l’âge de la retraite à 64 ans par une action de l’exécutif, sans vote final du Parlement).

Leçons pour les États-Unis

Y a-t-il une leçon pour les législateurs américains dans la réponse française ? Les émeutes à Paris décourageront-elles la réforme de la sécurité sociale à Washington ? Ou l’engagement ferme de Macron et du Sénat français encouragera-t-il des changements ici ?

Le problème fondamental est exactement le même aux États-Unis, dans tout le monde développé et même dans les pays en développement comme la Chine. Le nombre de personnes en âge de travailler qui paient des impôts est insuffisant pour soutenir une cohorte croissante de retraités.

Ce déclin est causé par deux changements démographiques historiques. Les personnes âgées vivent plus longtemps que jamais et ont eu relativement peu d’enfants. Ces données démographiques sont cuites dans le gâteau financier. Rien ne les changera, à moins d’une augmentation massive de l’immigration de jeunes du monde en développement ou d’une vague catastrophique de décès parmi les personnes âgées qui éclipserait même ce qui s’est passé pendant la pandémie.

Cependant, au-delà de ce défi démographique fondamental, les choses sont très différentes d’un pays à l’autre. Et à bien des égards, les États-Unis ne sont pas la France.

Vive la différence

Commençons par ces données démographiques, qui sont un problème beaucoup plus grave en France. Aux États-Unis, il y a actuellement trois travailleurs pour chaque retraité et d’ici 2050, ce nombre tombera à deux. C’est mauvais. Mais en France, il n’y avait que 1,7 actif pour un retraité en 2020 et en 2033, il n’y en aura plus que 1,5.

De plus, les retraités américains nés en 1960 ou après doivent déjà attendre jusqu’à 67 ans pour recevoir des prestations de sécurité sociale complètes, trois ans de plus que ne le propose même Macron. Et les travailleurs de certaines professions en France peuvent prendre leur retraite dès l’âge de 52 ans, même si l’espérance de vie est nettement plus longue qu’aux États-Unis.

Non seulement il y aura plus de travailleurs pour chaque retraité aux États-Unis, mais les prestations de sécurité sociale sont bien plus modestes que dans le cadre du programme de retraite comparable en France. En moyenne, les retraités français reçoivent environ 60 % de leurs revenus de préretraite par le biais du système public de retraite. Les retraités américains ne reçoivent qu’environ 40 % de la sécurité sociale.

Pour voir les choses d’une autre manière, la France dépense environ deux fois plus pour son programme national de retraite en tant que part de son économie globale que les États-Unis. Et globalement, la solidarité sociale et la prévoyance sociale sont beaucoup plus ancrées en France qu’aux États-Unis

Mais il y a un autre aspect à cela. De nombreux retraités américains perçoivent également des revenus de retraites privées, basées sur le travail ou d’une épargne-retraite fiscalement avantageuse comme les IRA ou les 401 (k) qui n’existent pas en France. C’est particulièrement vrai pour les retraités à revenu élevé.

L’histoire américaine

L’histoire est donc compliquée. D’une part, le système de retraite français est bien plus sollicité que la Sécurité sociale. Pourtant, la sécurité sociale est également chancelante. Sans changements, le fonds fiduciaire pour la partie vieillesse de la sécurité sociale sera insolvable dans environ une décennie. Une fois que cela se produira, le programme ne pourra payer qu’environ 78 % des prestations promises.

Toute solution politiquement viable nécessitera une combinaison d’augmentations d’impôts et d’une certaine forme de réduction des prestations qui pourraient venir en réduisant les prestations promises pour les travailleurs à revenu élevé ou en augmentant l’âge auquel les retraités reçoivent des prestations complètes.

Gardez à l’esprit qu’il n’y a pas de propositions crédibles pour relever l’âge de la retraite anticipée de la sécurité sociale à 62 ans. Le débat portera sur l’opportunité de relever l’âge de la retraite à taux plein au-delà de 67 ans pour refléter l’augmentation de l’espérance de vie et les changements dans la nature du travail.

Ce n’est pas une question simple. Par exemple, bien que le relèvement de l’âge de la retraite puisse être approprié pour les cols blancs à revenu élevé qui vivront de nombreuses années après l’âge de 67 ans, il peut être plus difficile pour les travailleurs à faible revenu qui effectuent un travail manuel physiquement difficile et dont l’espérance de vie est plus courte .

Relever l’âge de la retraite est un problème qui ne disparaîtra pas, que ce soit aux États-Unis ou dans le reste du monde.

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