Le bilan de l’UE sur les nouveaux membres potentiels du bloc
La Commission européenne a pris mercredi des mesures clés pour intégrer de nouveaux membres dans le bloc des 27 pays.
Dans le cadre d’une campagne d’élargissement déclenchée par la guerre de la Russie en Ukraine, elle a suggéré le début de négociations formelles d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie, ainsi que l’octroi du statut de candidat à la Géorgie, une fois qu’un certain nombre de conditions seront remplies.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que les pays ont compris l’appel de l’histoire, à savoir qu’il faut choisir si l’on veut la démocratie et la prospérité ou si l’on veut un régime autoritaire.
La prochaine étape consiste pour les dirigeants européens à soutenir le plan de la Commission lors d’un sommet à Bruxelles en décembre.
POLITICO décompose les bulletins par pays et examine leurs futurs devoirs avant de devenir membre du bloc. De plus, il y a un feu tricolore indiquant la volonté politique d’adhésion (comme décidé par POLITICO, pas par la Commission !).
Ukraine
Ce que dit le rapport: Malgré l’invasion à grande échelle de la Russie en février 2022, l’Ukraine a continué de progresser en matière de réformes démocratiques et d’état de droit. L’octroi du statut de candidat à l’Ukraine en juin 2022 a encore accéléré les efforts de réforme, indique le rapport. La Commission a recommandé au Conseil d’ouvrir des négociations formelles d’adhésion. Les dirigeants européens décideront s’ils soutiennent ou non cette décision lors d’un sommet en décembre.
Ce qui est bien fait : Sur les sept étapes que l’Ukraine a franchies avant l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE, Kiev en a accompli quatre : 1) une législation sur une procédure de sélection des juges à la Cour constitutionnelle ; 2) finalisation de la sélection des candidats au Conseil supérieur de la justice ; 3) la législation anti-blanchiment d’argent ; 4) droit des médias.
Ce qu’il faut améliorer : L’Ukraine a amélioré ses résultats en matière de lutte contre la corruption, mais elle devrait encore faire davantage, notamment en adoptant une loi sur le personnel du Bureau national anti-corruption. Deuxièmement, le gouvernement a décidé de reporter la mise en œuvre d’une loi réprimant le pouvoir des oligarques et l’Ukraine devrait encore adopter une loi réglementant le lobbying conforme aux normes européennes, dans le cadre d’un plan d’action anti-oligarques. Troisièmement, en ce qui concerne les minorités, l’Ukraine devrait adopter une loi répondant aux recommandations de la Commission de Venise (un organe consultatif du Conseil de l’Europe) dans des domaines tels que la langue utilisée par l’État, les médias et l’éducation.
Moldavie
Ce que dit le rapport: Quatre mois après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, l’Ukraine et la Moldavie sont devenues pays candidats. La Commission européenne propose désormais d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la Moldavie sur la base des progrès réalisés.
Ce qui est bien fait : Réformes visant à renforcer la démocratie et l’État de droit, participation accrue de la société civile, préparation de la réforme de l’administration publique, préparation des réformes juridiques, progrès dans la lutte contre la corruption et la criminalité organisée.
Ce qu’il faut améliorer : Intensifier la lutte contre la corruption et la désoligarchisation et faire davantage de pas vers une réforme globale de la justice.
Géorgie
Ce que dit le rapport: Ce pays du Caucase du Sud est prêt à devenir le pays candidat le plus oriental de l’UE, recommande la Commission, malgré de sérieuses inquiétudes concernant le recul démocratique et son refus d’appliquer des sanctions contre la Russie voisine.
L’ancienne république soviétique n’a pas obtenu le statut de candidat lorsqu’il a été attribué à la Moldavie et à l’Ukraine en juin dernier, mais s’est vu remettre une liste de 12 domaines clés dans lesquels des réformes étaient nécessaires. Désormais, les responsables affirment qu’ils soutiendront son adhésion potentielle, étant entendu que neuf priorités en suspens seront prises en compte. Selon von der Leyen, cela reflète le large soutien du public géorgien à l’adhésion à l’UE, qui doit « être mieux reflété par les autorités ».
Ce qui est bien fait : L’engagement de la Géorgie à mettre en œuvre certaines réformes est le bienvenu, indique le rapport, et une législation a été mise en place pour protéger l’égalité des sexes et lutter contre la violence à l’égard des femmes.
Ce qu’il faut améliorer : La Géorgie doit prendre au sérieux sa lutte contre la désinformation et l’ingérence étrangère (notamment russe), s’attaquer à la polarisation politique, garantir des élections libres et équitables lors du vote parlementaire de l’année prochaine, contrôler les services de sécurité et mener des réformes judiciaires substantielles. La Géorgie devra également responsabiliser les agences anti-corruption et renforcer la protection des droits humains. Il est également essentiel qu’il améliore ses projets de désoligarchisation, compte tenu des avertissements persistants concernant l’influence incontrôlée de l’ancien Premier ministre milliardaire Bidzina Ivanishvili.
Albanie
Ce que dit le rapport: En 2014, l’Albanie a obtenu le statut de candidat à l’UE, et une première conférence sur les négociations d’adhésion avec Tirana aura lieu en 2022. L’Albanie a continué de démontrer sa détermination à mettre en œuvre les réformes de l’UE et à progresser dans les réformes, indique le nouveau rapport. Mais le processus de négociation d’adhésion en cours doit maintenant se traduire par une accélération des réformes liées à l’UE.
Ce qui est bien fait : L’Albanie est félicitée par la Commission parce qu’elle a maintenu son alignement total sur la politique étrangère et de sécurité commune de l’UE. Et Tirana a placé les réformes liées à l’UE au centre de sa planification législative et politique.
Ce qu’il faut améliorer : Le gouvernement doit toutefois s’abstenir de mesures qui ne seraient pas conformes aux normes européennes. Des efforts supplémentaires sont également nécessaires en matière de liberté d’expression, de questions relatives aux minorités et de droits de propriété, ainsi que dans des domaines clés de l’État de droit, tels que la lutte contre la corruption et la criminalité organisée.
Bosnie Herzégovine
Ce que dit le rapport: La Commission a proposé le début des négociations d’adhésion une fois que le pays aura atteint un ensemble de priorités. La Bosnie-Herzégovine est actuellement un pays candidat mais n’est pas encore prête à entamer des négociations techniques, car elle a réalisé peu ou pas de progrès sur de nombreux points. L’exécutif européen soutiendra le début des négociations d’adhésion une fois que le pays aura satisfait à 14 critères, parmi lesquels la démocratie et l’État de droit.
Ce qui est bien fait : Le pays a amélioré son alignement sur la politique étrangère de l’UE, même s’il n’a pas imposé de sanctions contre la Russie.
Ce qu’il faut améliorer : Le rapport souligne un large éventail d’améliorations nécessaires. Il affirme que les développements récents, principalement dans la Republika Srpska, l’une des deux unités administratives de Bosnie-Herzégovine, vont à l’encontre de cette dynamique positive, pointant par exemple les restrictions à la liberté d’expression et à la liberté des médias. Le rapport critique également le manque de mesures visant à développer des réformes socio-économiques et le mauvais fonctionnement du système judiciaire. La Commission a également déclaré qu’aucun progrès n’avait été réalisé dans la lutte contre la corruption.
Kosovo
Ce que dit le rapport: Le Kosovo a demandé son adhésion à l’UE en décembre 2022. Le rapport de la Commission soutient qu’il doit démontrer un engagement plus sérieux pour normaliser ses relations avec la Serbie. La normalisation des relations est une condition essentielle sur la voie européenne des deux parties et toutes deux risquent de perdre d’importantes opportunités en l’absence de progrès, indique le rapport.
Ce qui est bien fait : Le Kosovo a réalisé des progrès dans un certain nombre de domaines, notamment la réforme électorale, la protection des droits de l’homme, la gestion des migrations et la préparation d’une économie de marché viable.
Ce qu’il faut améliorer : Outre l’amélioration de ses relations avec la Serbie, le Kosovo a également du travail à faire en matière de réforme de l’administration publique, de lutte contre la corruption, d’amélioration du système judiciaire et de renforcement de sa capacité administrative.
Monténégro
Ce que dit le rapport: L’UE a ouvert les négociations d’adhésion avec le Monténégro en juin 2012, mais pour Bruxelles, la poursuite des progrès dans les négociations d’adhésion dépend de l’évolution de l’État de droit. Le rapport souligne que les progrès en matière de réformes en vue de l’adhésion à l’UE sont largement au point mort, le Monténégro souffrant d’une profonde polarisation et d’une instabilité politique.
Ce qui est bien fait : Les progrès ont été limités dans le domaine de la liberté d’expression, a déclaré la Commission européenne. Le Monténégro est également déterminé à promouvoir de bonnes relations avec ses voisins. Sa politique étrangère est également conforme à celle de l’UE.
Ce qu’il faut améliorer : Le problème le plus délicat en matière d’état de droit au Monténégro est la réforme de la justice, où aucun progrès n’a été réalisé, selon la Commission. Elle doit également intensifier sa lutte contre la corruption et le crime organisé.
Macédoine du Nord
Ce que dit le rapport: Dans son rapport, la Commission européenne a salué l’engagement de réforme de la Macédoine du Nord. Le pays passe actuellement par le processus de sélection de l’UE, sur lequel des réunions se tiendront jusqu’à la fin de l’année. La Commission a déclaré que le processus de sélection se déroulait sans problème.
Ce qui est bien fait : Le rapport de la Commission européenne souligne les progrès réalisés dans les domaines de la justice, de la liberté et de la sécurité, notamment dans la lutte contre la corruption.
Ce qu’il faut améliorer : Cependant, la Macédoine du Nord a encore du travail à faire dans la lutte contre la corruption et le crime organisé, ainsi que dans la réforme de l’administration publique.
Serbie
Ce que dit le rapport: Les négociations d’adhésion entre Bruxelles et Belgrade se poursuivent depuis 2014, mais le refus de la Serbie d’imposer des sanctions à la Russie et la montée des tensions avec le Kosovo ont bloqué le processus. Belgrade a déjà clôturé les deux premiers chapitres des négociations d’adhésion, appelés « clusters » dans le jargon bruxellois, et dans son rapport de mercredi, la Commission a recommandé d’en ouvrir un troisième. Mais la décision appartient aux pays membres, des poids lourds comme l’Italie, la France et l’Allemagne poussant Belgrade à prendre des mesures pour améliorer ses relations avec Pristina avant de poursuivre les négociations d’adhésion.
Ce qui est bien fait : Le rapport soutient les réformes judiciaires de la Serbie et, dans une moindre mesure, la lutte contre le crime organisé et la corruption, une priorité clé de la stratégie d’adhésion de Belgrade à l’UE. L’exécutif européen a salué la réforme comme une étape importante vers le renforcement de l’indépendance et de la responsabilité du système judiciaire.
Ce qu’il faut améliorer : Relations avec le Kosovo et politique étrangère, et la Commission a réprimandé Belgrade pour son refus d’imposer des sanctions contre la Russie et ses relations chaleureuses avec la Chine. La Serbie devrait de toute urgence améliorer son alignement sur la politique étrangère et de sécurité commune de l’UE, indique le rapport. La Commission a également exhorté Belgrade à faire preuve d’un engagement plus sérieux dans la normalisation des relations avec le Kosovo et à coopérer à l’enquête sur l’attaque perpétrée par une milice serbe en octobre, qui a exacerbé les tensions dans la région.
Turquie
Ce que dit le rapport: La Turquie est pays candidat depuis 1999, mais les négociations sont au point mort depuis 2018, bien qu’Ankara reste un partenaire clé de l’UE, et rien n’indique que cela soit prêt à changer.
Ce qui est bien fait : La Turquie est devenue un pays de transit important et fiable pour l’énergie arrivant vers l’UE et joue un rôle vital pour Bruxelles dans des domaines d’intérêt commun tels que la migration, la lutte contre le terrorisme et le commerce.
Ce qu’il faut améliorer : Cependant, sous le président Recep Tayyip Erdoan, la Turquie a continué à s’éloigner de l’UE, principalement en raison de son recul constant dans les domaines des droits fondamentaux et de l’État de droit, y compris l’indépendance du pouvoir judiciaire, et de l’absence de réformes dans certaines questions sectorielles. . Les tensions entre le pays et la Grèce, membre de l’UE, et l’impasse concernant Chypre ont également été soulignées comme des défis.