La présence de la France à l’OTAN n’est pas rentable, selon les auditeurs du pays

La France doit renforcer sa présence en personnel et sa participation aux programmes d’innovation au sein de l’OTAN pour que Paris puisse bénéficier de son adhésion et de sa contribution financière à l’alliance militaire, prévient un rapport de la Cour des comptes du pays.

Le ministère des Armées doit veiller à ce que, grâce aux moyens humains et financiers qu’il investit, la France soit en mesure d’assumer pleinement son rôle au sein de l’OTAN, a déclaré Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, dans un récent rapport.

Paris entretient une relation longue et compliquée avec l’alliance militaire occidentale, puisqu’elle a abandonné son commandement militaire pour la stratégie militaire et la planification opérationnelle pendant 30 ans et a précédemment appelé à une autonomie stratégique accrue de l’UE par rapport aux États-Unis.

Le statut délicat du président Emmanuel Macron au sein de l’alliance militaire occidentale, malgré sa grande armée et son budget, a culminé lorsque Macron a qualifié l’OTAN de « mort cérébrale » après son échec à résoudre les différends entre Paris et Ankara en Méditerranée.

Le cap de Paris a changé après le déclenchement de la guerre en Ukraine et sa participation accrue aux missions sur le flanc oriental de l’organisation, dirigeant un groupement tactique en Roumanie.

Cependant, le rapport de la Cour des comptes prévient que la récente décision d’augmenter les contributions nationales à l’OTAN doit être un investissement stratégique et que l’influence de Paris au sein de l’OTAN est faible par rapport au poids du pays.

Il s’agit d’un « double défi : rentabiliser au mieux l’augmentation des budgets communs de l’Alliance décidée au sommet de Madrid et renforcer la position de la France aux postes clés des structures militaires et civiles de l’Otan », ont souligné les auditeurs.

L’augmentation budgétaire de l’OTAN doit être rentable

Le rapport indique que la France « doit tirer le meilleur parti » de l’augmentation du budget commun de l’Otan lors du sommet de Madrid en 2022 pour assurer une croissance annuelle de 10 % des budgets civils et militaires en raison de la guerre en Ukraine.

La contribution de Paris à l’Otan s’élève à 203 millions en 2022 et pourrait atteindre environ 830 millions en 2030.

La France est le quatrième contributeur à l’OTAN parmi les 31 Alliés, derrière les États-Unis, l’Allemagne (16,34 %) et le Royaume-Uni (11,28 %), mais l’ampleur de son allocation est inédite, estiment les auditeurs.

La perspective d’une contribution plus élevée devrait s’accompagner d’un renforcement de la présence française à tous les niveaux des structures de l’OTAN, écrivent-ils.

La présence française au sein de l’OTAN est sous-représentée, tant au niveau du personnel du quartier général que par rapport à la taille des ambassades des autres membres, affirment les auditeurs, une situation qui, selon eux, n’est pas satisfaisante.

Questions de personnel

A l’heure où les ressources budgétaires de l’OTAN augmentent et où la participation des forces armées françaises aux missions de l’OTAN prend une importance croissante, il est souhaitable de changer cette situation, écrit la Cour.

En 2022, la représentation française auprès de l’OTAN comptait 63 effectifs, soit un effectif bien inférieur à celui des principaux Alliés, donc huit postes supplémentaires sont nécessaires. L’Allemagne en compte 120 et les États-Unis 200.

La France n’occupe que 75 % des 678 postes alloués dans le cadre de la répartition du personnel de l’OTAN, ce qui est l’un des taux les plus bas parmi les Alliés, alors que le ministère de la Défense s’est fixé un objectif de 84 % en 2019. La Cour fait état de problèmes similaires avec les affectations militaires.

Les auditeurs soulignent toutefois que plusieurs centaines de nouvelles offres d’emploi seront ouvertes dans le domaine de la cybersécurité.

Parmi les nombreux problèmes à l’origine du problème, les obstacles administratifs et la longueur excessive du processus d’autorisation pour les civils nuisent à tout intérêt pour l’emploi.

Il est nécessaire de réorienter la politique de gestion des talents des ministères concernés vers une politique d’influence en supprimant autant que possible les obstacles administratifs, recommande la Cour.

De plus, la politique de rémunération salariale s’avère parfois peu attractive pour les militaires souhaitant rejoindre l’organisation ou la délégation.

La décision d’augmenter le budget de l’OTAN entraînera également une augmentation de salaire de 7 % pour le personnel du secrétariat international en 2022 mais n’impactera pas le personnel de la délégation.

L’innovation dirigée par l’OTAN

Pour accroître son empreinte au sein de l’OTAN, les auditeurs estiment que Paris devrait améliorer sa participation aux plans de l’organisation en matière de recherche sur les armes et de développement de l’innovation.

Paris devrait participer davantage aux programmes d’armement et de recherche de l’OTAN dès la phase de conception.

Même si l’industrie de défense française est l’un des principaux bénéficiaires des fonds de l’Union européenne pour la recherche et le développement liés à la défense, elle n’est pas aussi intéressée à rejoindre les projets menés par l’OTAN, ce qui affecte son influence.

(Edité par Benjamin Fox)

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