La plus haute juridiction française rejette l’appel contre l’interdiction du port de l’abaya dans les écoles

Action pour les droits des musulmans a demandé une injonction contre l’interdiction, estimant qu’elle était discriminatoire et pouvait inciter à la haine.

Le plus haut tribunal administratif de France a confirmé l’interdiction du gouvernement sur le port de vêtements longs et amples traditionnels abaya portés par certaines femmes musulmanes dans les écoles publiques, rejetant les plaintes selon lesquelles l’interdiction était discriminatoire et pourrait inciter à la haine.

Le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction française chargée des plaintes contre les pouvoirs publics, a déclaré jeudi avoir rejeté une demande d’injonction contre l’interdiction.

Avant la décision des tribunaux jeudi, le Conseil français de la foi musulmane, créé pour représenter les musulmans devant le gouvernement, a averti que l’interdiction de ces vêtements pourrait créer un risque élevé de discrimination et a déclaré qu’il envisageait de déposer sa propre plainte auprès du Conseil.

Le gouvernement du président français Emmanuel Macron a annoncé le mois dernier qu’il interdisait l’abaya et le qamis, également un vêtement long et ample porté par certains hommes musulmans dans les écoles, affirmant que cette tenue enfreignait les règles de laïcité dans l’éducation. Le port du foulard musulman a déjà été interdit au motif qu’il constitue une manifestation d’appartenance religieuse.

Action pour les droits des musulmans (ADM), une association représentant les musulmans, a déposé une requête auprès du Conseil d’État demandant une injonction contre l’interdiction, la jugeant discriminatoire et susceptible d’inciter à la haine contre les musulmans.


Après avoir examiné la motion, le Conseil d’État a rejeté jeudi cet argument, estimant que le port de ces vêtements répondait à la logique de l’affirmation religieuse.

Cette interdiction s’appuie sur la loi française, qui interdit à toute personne de porter des signes visibles d’une quelconque appartenance religieuse dans les écoles, a indiqué le Conseil.

L’interdiction gouvernementale n’a pas, a ajouté le Conseil, porté atteinte de manière grave ou manifestement illégale au respect de la vie personnelle, à la liberté de religion, au droit à l’éducation, au bien-être des enfants ou au principe de non-discrimination.

L’avocat d’ADM, Vincent Brengarth, a soutenu lors de l’audience que l’abaya devrait être considérée comme un vêtement traditionnel et non religieux.

Il a également accusé le gouvernement français de chercher un avantage politique avec cette interdiction.

Une décision très peu motivée après une audience de près de deux heures. Cette décision, qui ne fait que confirmer la position du gouvernement, n’est pas à la hauteur du défi, a écrit plus tard Brengarth sur les réseaux sociaux.

Près de 300 écolières ont défié l’interdiction et ont refusé de retirer leur abayas le premier jour de l’année scolaire française cette semaine. La plupart ont accepté de changer de vêtements, mais 67 ont refusé et ont été renvoyés chez eux, a déclaré le ministre de l’Education Gabriel Attal.


Mercredi, les enseignants et les élèves d’un lycée français se sont mis en grève pour protester contre cette interdiction.

Nous voulons nous démarquer de la politique islamophobe du gouvernement, lit-on dans un communiqué du groupe de protestation du lycée Maurice Utrillo à Stains, en Seine-Saint-Denis, au nord-est de Paris.

Les élèves doivent être accueillis au Lycée Maurice Utrillo, et nous n’avons pas à contrôler la tenue vestimentaire. Nous refusons de stigmatiser les étudiants qui portent une abaya ou un qamis, affirme le groupe.

En 2016, le Conseil d’État a annulé l’interdiction du port du burkini dans une station balnéaire de la Côte d’Azur, affirmant qu’il ne voyait aucune menace à l’ordre public dans le long maillot de bain porté par certaines femmes musulmanes.

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