La mort d’une orque dans le plus grand parc marin d’Europe soulève des questions sur le bien-être animal
Inouk, une orque de 25 ans, est mort là où il est né : dans un bassin en béton. Il s’agit de la deuxième orque à mourir en moins de six mois dans les bassins du Marineland, à Antibes, près de Calais. Les spectacles d’orques, qui devaient reprendre ce week-end de Pâques après une trêve hivernale, ont été reportés.
Le jeune mâle était reconnaissable à sa nageoire dorsale complètement affaissée et à sa bouche édentée. Les raisons de son décès ne sont pas encore connues, mais l’animal était soigné depuis plusieurs années pour de graves problèmes dentaires. Selon un rapport de trois scientifiques, dont la spécialiste néo-zélandaise des orques Ingrid Visser, mandatée par l’organisation One Voice, Inouk aurait usé ses dents jusqu’à la pulpe en rongeant son réservoir, formant des ulcères aux gencives et des abcès à la mâchoire. Le mauvais état des dents du mammifère marin avait déjà été confirmé par la vétérinaire Estelle Rousselet en novembre 2023, lors d’une visite sur place réalisée à la demande du gouvernement français.
Le rapport de Visser, qui faisait écho à la fiche de présentation d’Inouk de Marineland de 2010, indiquait également que le parc avait dû recourir à des médicaments pour stimuler l’appétit de l’animal, ce qui a été confirmé par un ancien dresseur et que celui-ci avait parfois un comportement « agressif » envers les dresseurs, surtout quand ils essayaient de « regarder ses dents ».
Autopsie à réaliser
Marineland n’a pas souhaité commenter au-delà d’un communiqué annonçant la « terrible nouvelle, qui touche les entraîneurs et toutes les équipes », sauf à préciser que « les orques sont surveillées quotidiennement, reçoivent les meilleurs soins de la part des meilleurs spécialistes et que les autorités de l’Etat surveiller le site très régulièrement. » Il a également souligné son appartenance « à l’Association européenne des zoos et aquariums » et le fait qu’il détient « la très exigeante certification ‘Humane Certified’ ». En collaboration avec les services de l’État, une autopsie sera pratiquée dans les prochains jours pour déterminer la cause exacte du décès de l’animal.
Cinq mois avant la mort d’Inouk, Moana a été retrouvée morte au fond de la piscine, à l’âge de 12 ans. Son rapport d’autopsie, consulté par Le Monde, lire : « Disparu de la surface à 8h06 après quelques respirations rapides. » Parmi les tests réalisés par les laboratoires, les tests PCR pour la grippe aviaire, la brucellose, le flavivirus et le Covid-19 (rarement observé chez les orques) se sont révélés positifs, mais le vétérinaire du parc estime qu’il s’agissait probablement d' »infections asymptomatiques ».
Une pneumonie fongique a également été constatée dans l’un des poumons, ainsi que des ulcères et des « corps étrangers » dans son estomac, qui étaient probablement des jouets qu’il avait mangés et « sans doute sans incidence clinique significative pour l’animal », a conclu le vétérinaire du parc. En fin de compte, une bactérie provoquant une « septicémie bactérienne aiguë » a causé la mort de Moana.
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