La France va faire pression pour une diplomatie « très ambitieuse » des matières premières de l’UE
La France a un intérêt « très fort » pour la « diplomatie du métal » et fera pression pour une loi européenne sur les matières premières très ambitieuse lors d’une réunion la semaine prochaine qui verra des ambassadeurs étrangers et des industriels discuter de la stratégie de l’UE et de la France en la matière.
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La demande de métaux rares devrait croître de façon exponentielle dans les années à venir, selon Benjamin Gallezot, ministre délégué français à l’approvisionnement en minéraux et métaux stratégiques.
Prenant le lithium comme exemple, « les besoins devraient être multipliés par 10 d’ici 2040 », a déclaré Gallezot aux législateurs de la commission des affaires étrangères du Parlement français mercredi 15 mars.
Au cœur de la transition énergétique de l’UE se trouve la nécessité de revoir sa stratégie d’approvisionnement en métaux et minéraux stratégiques allant du lithium et du cobalt à l’acier et au cuivre.
Jeudi, la Commission européenne a présenté sa loi sur les matières premières critiques (CRMA), fixant des objectifs ambitieux pour stimuler la capacité nationale, de l’extraction minière au recyclage.
Cela comprend un objectif d’extraire « au moins 10 % » de la consommation annuelle de matières premières clés de l’UE sur le sol européen, ainsi qu’un objectif de 40 % pour la transformation et un objectif de 15 % pour le recyclage.
Avec la loi sur les matières premières critiques, l’UE franchit une étape « très importante », a déclaré Gallezot aux législateurs français, ajoutant que Paris « travaillera vers le texte le plus ambitieux possible » lorsque la proposition sera soumise au Parlement européen et au Conseil pour adoption.
Diplomatie des métaux
Pour présenter la position de la France, la ministre de l’Energie Agns Pannier-Runacher et le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht « réuniront la semaine prochaine des ambassadeurs étrangers et des industriels pour échanger sur les enjeux des métaux stratégiques », a précisé Gallezot.
Contacté plus tard par EURACTIV, le cabinet du ministre de l’Energie a confirmé l’information, précisant qu’il ne dévoilerait la liste des invités à la réunion qu’« en temps voulu ».
« La diplomatie des métaux est un sujet d’intérêt très fort pour le ministre [of energy]dans la lignée de ses fonctions précédentes », a déclaré le cabinet de Pannier-Runacher qui a été ministre français de l’industrie de 2020 à 2022.
S’adressant aux législateurs français, Gallezot a également souligné que les relations bilatérales étaient « extrêmement importantes » dans ce contexte, que ce soit avec le Canada, l’Australie ou le Chili.
Le ministre délégué a particulièrement insisté sur l’Afrique, notant qu’il s’agit « d’un continent majeur dans ce domaine ».
La France et ses organismes publics de recherche minière, comme le Bureau de recherches géologiques et minières, « travaillent à l’inventaire des ressources, à l’accompagnement et au développement économique » du continent, a ajouté Gallezot, précisant que son premier voyage était en Afrique du Sud en Mai 2022 pour le sommet Mining Indaba lorsqu’il était directeur adjoint au bureau du premier ministre.
S’exprimant jeudi, un haut responsable de la Commission européenne a confirmé que les États membres de l’UE auront un rôle à jouer dans la diplomatie des matières premières, dans le cadre d’une approche plus large de l’équipe Europe des relations avec les pays étrangers.
La loi sur les matières premières critiques comprend un conseil, qui contribuera à la gouvernance et à la coordination. Et l’une des tâches du conseil est de regarder en effet dans la coordination de nos partenariats stratégiques comme nous avons avec le Canada, la Namibie ou l’Ukraine », a expliqué le responsable.
Une autre tâche du conseil sera de coordonner les efforts des gouvernements nationaux en matière de diplomatie des matières premières. « Pas pour les empêcher de faire quoi que ce soit, mais pour s’assurer que d’une manière ou d’une autre, la perspective européenne puisse également être prise en compte et peut-être trouver des synergies », a déclaré le responsable.
Dépendance stratégique
En ce qui concerne les pays fournisseurs de métaux stratégiques, la Chine est toujours en tête du peloton.
Il contrôle jusqu’à 80% des chaînes de raffinage des métaux stratégiques, et bien plus de 90% d’entre elles pour certains métaux, a déclaré Gazellot.
L’Union européenne dépend des pays tiers pour 70 à 80 % des métaux nécessaires à sa transition écologique, a relevé Philippe Varin, ancien président du syndicat France Industrie, dans un rapport qu’il a remis au gouvernement l’an dernier.
Selon Gazellot, l’UE devrait réduire la consommation de matières premières à tous les niveaux tout en réorientant simultanément ses approvisionnements.
Tout cela devrait conduire à une « indépendance » qui « structurerait la politique que nous menons », a-t-il ajouté.
Interrogé par EURACTIV France en janvier, Varin a estimé que si l’UE devait « exploiter tous les gisements en Europe », elle pourrait atteindre « 30% d’autonomie » d’ici 2030.
[Edited by Frdric Simon]