La France ratifie la Convention C190 sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail

GENÈVE (Nouvelles du BIT) – Le 12 avril 2023, la France a déposé l’instrument de ratification de la convention (n° 190) sur la violence et le harcèlement, 2019, auprès du Directeur général du BIT. En déposant l’instrument de ratification, la France devient le 27e pays au monde, et le 5e pays de l’Union européenne, à ratifier la convention n° 190.
La convention n° 190 est un instrument emblématique. Il s’agit de la première norme internationale du travail à traiter de la violence et du harcèlement au travail. Avec la recommandation n° 206, elle offre un cadre d’action commun et une occasion unique de façonner un avenir du travail fondé sur la justice sociale. Ces instruments seront essentiels pour atteindre les objectifs fixés par la Déclaration du centenaire de l’OIT pour l’avenir du travail, adoptée en 2019, qui s’engage clairement en faveur d’un monde du travail exempt de violence et de harcèlement, et plus récemment, par l’appel mondial de l’OIT à l’action pour une reprise centrée sur l’humain après la crise du COVID-19 qui soit inclusive, durable et résiliente.
La convention affirme que toute personne a droit à un monde du travail exempt de violence et de harcèlement. Elle fournit également la première définition internationalement reconnue de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, y compris la violence sexiste, comme « un ensemble de comportements et de pratiques inacceptables » qui « a pour but de causer, cause ou est susceptible de causer des dommages physiques, préjudice psychologique, sexuel ou économique ». Cette définition protège toute personne dans le monde du travail, y compris les stagiaires ou les apprentis, et les personnes exerçant l’autorité, les fonctions ou les responsabilités d’un employeur, et couvre les secteurs public et privé, dans l’économie formelle ou informelle, dans les zones urbaines ou rurales.
La convention demande également aux États membres qui l’ont ratifiée d’adopter, en consultation avec les organisations représentatives d’employeurs et de travailleurs, une approche inclusive, intégrée et sensible au genre pour prévenir et éliminer la violence et le harcèlement, par le biais de mesures de protection et de prévention, d’application et de réparation, ainsi que que l’orientation, la formation et la sensibilisation. La convention et la recommandation qui l’accompagne sont des preuves tangibles de la valeur et de la force durables du dialogue social et du tripartisme, qui les ont façonnés, et seront essentielles à leur mise en œuvre au niveau national.
Lors du dépôt de l’instrument officiel de ratification lors de la cérémonie qui s’est tenue au BIT à Genève, Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Inclusion, a déclaré :
« La finalisation de la ratification de la convention n°190 marque un moment décisif pour le droit du travail et la vie des salariés, en particulier des femmes, car ce texte est la première norme mondiale visant l’élimination de toutes les formes de violence et de harcèlement au travail. La France a joué un rôle moteur dans l’adoption de cette convention et appelle tous les États membres de l’OIT à la ratifier également.
En recevant l’instrument de ratification de la convention n° 190, le Directeur général, M. Gilbert F. Houngbo, a souligné le rôle actif joué par la France dans le processus normatif, notamment en soutenant l’adoption des instruments de l’OIT sur la violence et le harcèlement. et en aidant à parvenir à un consensus sur les questions abordées à la fois dans la convention n° 190 et dans la recommandation n° 206. Le Directeur général a déclaré :
« Je tiens à souligner le fort engagement de la France à s’attaquer aux causes profondes de la violence et du harcèlement et, en particulier, des violences basées sur le genre, comme en témoigne le rôle clé qu’elle a joué dans l’organisation et le soutien du Forum Génération Égalité qui s’est tenu à Paris du 30 juin au 2 juillet 2021. Les réformes récentes de la France pour concrétiser les principes contenus dans la convention n°190 (comme l’interdiction du harcèlement sexuel dans la rue en 2018, et la mise en place d’une « lutte contre le harcèlement sexuel et les comportements sexistes » référent dans entreprises comptant au moins 250 salariés en 2019) démontrent l’engagement et l’intérêt du pays pour les normes sur la violence et le harcèlement au travail. Il est en effet particulièrement important, dans le contexte social et économique mondial actuel, de poursuivre la lutte contre ce phénomène envahissant, aggravée par la pandémie de COVID-19 En ratifiant la convention n° 190, la France confirme son engagement, depuis la création de l’OIT il y a plus d’un siècle, pour la création d’un monde du travail exempt de violence et de harcèlement, fondé sur sur la dignité et le respect de tous et ne laisser personne de côté.
La France intègre également la lutte contre la violence et le harcèlement dans son action de coopération extérieure. À cet égard, il a soutenu des projets de coopération technique pour promouvoir la ratification et la mise en œuvre de la convention no 190.
A ce jour, la France a ratifié 129 conventions et 2 protocoles (dont 81 en vigueur). Pour plus d’informations, voir la base de données NORMLEX du BIT.