La France divisée sur l’extension des droits des travailleurs irréguliers avant le débat au Sénat

Les conservateurs français et l’extrême droite sont farouchement opposés au projet de loi du gouvernement sur l’immigration, qui propose de créer un permis de travail automatique pour les migrants irréguliers travaillant dans des secteurs en pénurie de main d’œuvre et qui doit être débattu au Sénat à partir de lundi.

Avec une hausse des demandes d’asile de 31 % en 2022 par rapport à l’année précédente et une augmentation de 58,9 % des arrêtés de non-admission délivrés sur la même période, le gouvernement français affirme que de nouveaux outils juridiques sont nécessaires pour freiner la migration irrégulière.

Alors que le projet de loi avait été initialement présenté à d’autres ministres en février 2023, son renvoi au Parlement a été reporté à plusieurs reprises, le gouvernement craignant de vives critiques de la part des partis d’opposition.

Dans sa forme actuelle, le projet de loi relèverait la barre pour les migrants irréguliers pour obtenir l’autorisation de séjourner en France en imposant de nouvelles exigences linguistiques plus strictes. Tous les migrants demandant un permis devraient également jurer de respecter les principes de la République française, sous peine de rejet de leur demande d’asile.

Le projet de loi vise également à faciliter l’expulsion des migrants en situation irrégulière qui constituent une menace sérieuse pour l’ordre public tout en augmentant les moyens pour lutter contre les réseaux de passeurs, notamment en Méditerranée.

Il faut être humain et accueillant, notamment ceux qui fuient les conflits, mais il faut aussi être rigoureux () on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, a déclaré le président Emmanuel Macron dans un entretien fin septembre.

Au niveau de l’UE au sens large, on estime que 1,08 million de personnes étaient en séjour illégal dans l’UE en 2022, soit une augmentation de 59 % par rapport à 2021, selon la Commission européenne, qui a proposé en 2020 le nouveau pacte sur la migration et l’asile, qui est actuellement dans les dernières étapes des négociations.

Combattre la pénurie de main d’œuvre

Toutefois, le projet de loi propose d’accorder des permis de travail d’un an aux migrants en situation irrégulière qui travaillent officieusement dans des secteurs de l’économie où il y a une grave pénurie de main-d’œuvre ou qui vivent dans une zone géographique où il y a une grave pénurie de main-d’œuvre. La proposition fait beaucoup de bruit, laissant soupçonner qu’elle pourrait ne pas être adoptée au Parlement.

Présenté par le gouvernement comme un outil nécessaire pour limiter les risques économiques liés à la pénurie de main d’œuvre, il a été largement rejeté par les partis d’opposition conservateurs, qui estiment qu’il créerait un effet d’aspiration et attirerait l’immigration clandestine dans le pays.

Mais le leader du parti conservateur LR au Sénat, Bruno Retailleau, a prévenu qu’une telle mesure devait être supprimée immédiatement et qu’une position plus répressive contre l’immigration devait être adoptée. Il a appelé à mettre fin à la pratique consistant à fournir des soins médicaux d’urgence gratuits aux migrants en situation irrégulière dont les demandes d’asile sont en cours de traitement.

En mai dernier, la direction exécutive du parti LR a présenté un contre-plan au projet de loi du gouvernement sur l’immigration, qui appelait à un référendum sur l’immigration clandestine et créait la possibilité de déroger aux traités européens () lorsque les intérêts fondamentaux de la nation sont en jeu.

Ils ont continuellement menacé de voter contre le texte du gouvernement et d’organiser un vote de censure si la clause de pénurie de main d’œuvre était adoptée.

Le parti d’extrême droite Rassemblement National de Marine Le Pen a également confirmé qu’il voterait contre le projet de loi du gouvernement, Le Pen affirmant qu’il ne fournirait pas d’outils supplémentaires pour expulser tous ceux qui représentent un danger pour notre pays.

De l’autre côté, les partis de gauche, tous réunis au sein de la coalition NUPES, au bord de l’effondrement ces dernières semaines, veulent élargir la portée de la clause de pénurie de main d’œuvre et accorder des permis de travail à tous les travailleurs migrants irréguliers avec une pleine validité. -contrats à temps.

(Théo Bourgery-Gonse | Euractiv.fr)

En savoir plus avec EURACTIV

www.actusduweb.com
Suivez Actusduweb sur Google News


Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepteLire la suite