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Le contexte. La question de la pêche a été l’un des derniers points de friction de l’accord post-Brexit, qui est entré en vigueur plus tôt cette année. Désormais, les bateaux des États membres de l’UE ont besoin de licences spéciales pour pêcher dans les eaux britanniques, et vice-versa. Les Français disent qu’ils n’ont pas obtenu une pile de licences auxquelles ils ont droit dans le cadre de l’accord, les Britanniques disent qu’ils ont accordé 98% de toutes les demandes de pêche de l’UE. Quelle que soit la vérité, à propos un tiers des licences demandées par la France n’ont pas encore été accordées.

Poisson pourri. Les tensions sont vives et les esprits s’échauffent. La semaine dernière, les Français ont saisi un chalutier britannique qu’ils accusaient de pêcher illégalement dans ses eaux. Macron a également lancé une série de menaces, notamment un avertissement selon lequel Paris taxerait les exportations britanniques et retarderait le traitement dans ses ports, ce qui pourrait laisser pourrir une réserve lucrative de poisson. Bien que Macron ait reculé pour l’instant, les choses sont devenues assez acrimonieuses: une lettre divulguée que le Premier ministre français Jean Castex a écrite à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen cette semaine aurait appelé Londres à être « puni » pour le Brexit.

Pourtant, les exportations de poisson représentent un maigre 0,1 pour cent du PIB du Royaume-Uni et 0,06 pour cent de l’économie française. Clairement, ce combat n’est pas seulement, ni même principalement, autour du poisson.

Qu’y a-t-il pour Boris ? Johnson a connu des moments difficiles ces derniers temps, et il espère peut-être qu’un combat avec les Français que les Britanniques aiment détester pourrait fournir une belle distraction à une série de crises provoquant frustration et angoisse à la maison. Perturbations de la chaîne d’approvisionnement alimentées par la pandémie et Le Brexit a les nerfs britanniques à fleur de peau, tandis que les pénuries d’énergie font fortement grimper les prix. Le moral des Britanniques est bas alors qu’un hiver glacial se profile.

Les conditions économiques pourraient bien se dégrader. Alors que Londres est aux prises avec des chocs post-Brexit, l’Allemagne, la plus grande économie d’Europe, affirme que le Royaume-Uni est susceptible de sortir des 10 principaux partenaires commerciaux du pays pour la première fois en sept décennies. Cela compte beaucoup plus que n’importe quel combat pour du poisson.

De plus, Johnson est enfermé dans une impasse avec l’UE alors qu’il tente de renégocier les conditions du protocole d’Irlande du Nord, un accord post-Brexit qui, selon le Premier ministre, perturbe le flux de marchandises entre Londres et Belfast. Johnson pourrait gagner du temps avec le drame français afin de pouvoir déclencher une échappatoire juridique qui lui permettrait de revenir sur le protocole. (Cependant, il veut probablement attendre que ses invités internationaux quittent le sommet COP26 à Glasgow.)

Les Français sont toujours grincheux en octobre. C’était l’analyse d’un Député conservateur sur ce qui agace tant les Français. (Il faisait allusion sournoisement à l’anniversaire de la bataille de Trafalgar, un combat au cours duquel les Britanniques l’ont emporté sur la marine de Napoléon en 1805.)

Une explication plus probable : la politique intérieure française joue un rôle non négligeable dans le calcul de Macron. Alors que la droite eurosceptique gagne du terrain avant les élections présidentielles françaises d’avril, Macron a pour mission de faire de la Grande-Bretagne un exemple et de convaincre les électeurs que la France peut imposer des coûts importants à ceux qui abandonnent l’UE et manquent de respect aux pêcheurs français qui travaillent dur. C’est une position populaire pour un leader confronté à une course plus serrée que prévu pour sa réélection l’année prochaine.

Macron veut également probablement faire valoir que la France ne sera pas bousculée par un dirigeant britannique qu’il considère comme peu sérieux. Après une récente décision australienne de former un partenariat de sécurité avec les États-Unis et la Grande-Bretagne et d’acheter des sous-marins américains plutôt que français l’a surpris et embarrassé personnellement, le président français veut probablement affirmer qu’il n’est pas un jeu d’enfant et créer un précédent pour de plus grandes négociations post-Brexit. venir.

Matière poisson, mais le vrai drame nous attend lorsque le Royaume-Uni essaiera de se sortir des accords post-Brexit auxquels il s’était engagé auparavant. Lorsque cela se produira, Johnson n’aura pas que les Français sur son cas.

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