France : les protestations des agriculteurs bloquent les routes de Paris à cause de la loi européenne DW 29/01/2024
Le président français Emmanuel Macron s’apprête à faire pression pour que des modifications soient apportées à la législation de l’Union européenne (UE) afin de répondre aux doléances exprimées par les agriculteurs en France et à travers le bloc, a déclaré lundi le ministre de l’Agriculture du pays, Marc Fesneau, au milieu des manifestations en cours.
Les agriculteurs ont établi des points d’étranglement le long des principales artères de Paris lundi après-midi, le gouvernement ordonnant le déploiement de 15 000 policiers et gendarmes paramilitaires en réponse.
Les agriculteurs ont apposé sur leurs tracteurs des pancartes indiquant « pas de nourriture sans agriculteurs » et « notre fin signifierait pour vous la famine ».
« C’est la bataille finale pour l’agriculture. C’est une question de survie », a déclaré à l’AFP un agriculteur du département du sud-ouest du Lot-et-Garonne.
Quelle est la plainte des agriculteurs ?
De nombreux agriculteurs sont mécontents de la loi européenne de 2023 sur la restauration de la nature, qui oblige les pays membres à introduire des mesures environnementales sur un cinquième de leurs terres et de leurs mers d’ici 2030.
Pour atteindre cet objectif, environ 4 % des terres agricoles doivent rester en jachère, ce qui réduit les capacités de production des agriculteurs.
« Notre objectif n’est pas d’agacer les Français ni de leur rendre la vie difficile, mais de faire pression sur le gouvernement », a déclaré Arnaud Rousseau, président du syndicat FNSEA, sur RTL.
« Mais ce que nous avons compris, c’est que tant que la manifestation se déroule loin de Paris, le message ne passe pas. »
Vendredi, le gouvernement français a abandonné son projet controversé de réduction des subventions publiques au diesel agricole et a promis une réduction des formalités administratives et un assouplissement des réglementations environnementales.
Mais Rousseau a exigé de nouvelles concessions, promettant que les actions revendicatives se poursuivraient à l’échelle nationale « dans le but d’obtenir des mesures d’urgence concernant le cœur de notre activité ».
Dimanche, deux militants ont lancé de la soupe sur le verre protégeant la Joconde au musée du Louvre pour attirer l’attention sur l’industrie agricole. « Qu’est-ce qui est le plus important ? L’art ou le droit à une alimentation saine et durable ? » » ont demandé les militants.
Les protestations des agriculteurs s’étendent à la Belgique
La circulation a également été perturbée par la colère des agriculteurs belges autour de Bruxelles, où le président français Macron doit assister cette semaine à un sommet des dirigeants de l’UE au cours duquel il fera pression en faveur de politiques plus favorables à l’agriculture.
Le ministre de l’Agriculture Fesenau a ajouté qu’il se rendrait également à Bruxelles cette semaine pour tenter d’assouplir la réglementation européenne concernant les terres en jachère.
En France, les perturbations sur les routes pourraient également être aggravées par les chauffeurs de taxi qui protestent contre les nouveaux tarifs sur le transport des patients médicaux.
Sur le plan politique, les manifestations représentent le premier défi majeur pour le nouveau Premier ministre français, Gabriel Attal, nommé par le président Macron dans l’espoir de redorer l’image de son gouvernement.
Pendant ce temps, Marine Le Pen tente de présenter son Rassemblement national d’extrême droite comme étant du côté des manifestants.
zc,mf/rc (AFP, Reuters)