En visite en Algérie, Frances Macron fait avancer la réconciliation post-coloniale

PARIS La visite de trois jours du président français Emmanuel Macron en Algérie ne cesse de retentir dans les deux pays, suscitant à la fois des acclamations et des critiques. Certains Algériens ont critiqué Macron pour ne pas s’être excusé directement sur la période coloniale et les crimes français pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie, tandis que des politiciens français d’extrême droite accusent Macron d’humilier la France.

Le 5 juillet, l’Algérie a célébré 60 ans d’indépendance après plus d’un siècle de domination coloniale française. Depuis son entrée en fonction, Macron a cherché à ce que son pays confronte son passé colonial en Afrique en général, et en Algérie en particulier. Pourtant, les déclarations qu’il a faites l’année dernière ont généré une crise diplomatique avec Alger, lorsque Macron a remis en question l’existence de l’Algérie en tant que nation avant le colonialisme français et a accusé le gouvernement algérien de fomenter la haine envers la France.

A l’époque, l’Algérie révoquait son ambassadeur à Paris et interdisait aux avions militaires français en route vers des bases au Sahel de passer par son espace aérien. Macron est depuis revenu sur ces propos. Par la suite, l’ambassadeur d’Algérie a été réintégré et les vols militaires français autorisés dans le ciel algérien.

Dès le premier jour de sa visite, le 25 août, Macron a annoncé que les deux pays créeraient une commission conjointe d’historiens pour étudier les archives sur la domination coloniale de la France en Algérie et la guerre meurtrière d’indépendance algérienne. Il a également annoncé que 8 000 étudiants algériens supplémentaires seraient admis à étudier dans les universités françaises cette année, rejoignant les 30 000 étudiants déjà présents dans le pays.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a salué le 25 août les « perspectives prometteuses d’amélioration du partenariat privilégié » entre les deux pays. Il a indiqué que sa rencontre avec son homologue français a été l’occasion d’évoquer la situation sécuritaire et politique d’intérêt commun au niveau régional et international, ajoutant que cette visite marque une reconnaissance du rôle pivot de l’Algérie dans la région et un retour en force de l’Algérie. diplomatie sur la scène internationale.

Concluant la visite le 27 août, les deux présidents ont déclaré une nouvelle dynamique irréversible de progrès dans les relations bilatérales. Leur déclaration commune précise encore que la France et l’Algérie ont décidé d’ouvrir une nouvelle ère en jetant les bases d’un partenariat renouvelé exprimé à travers une approche concrète et constructive, tournée vers les projets d’avenir et la jeunesse. Aucun autre détail n’a été fourni quant à la nature du nouveau partenariat, qui toucherait à la politique de l’histoire, de l’énergie, de la société civile et de la coopération en matière de sécurité.

Les analystes expliquent que l’Algérie cherche à jouer un rôle plus important dans la région, en particulier dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine et de la crise énergétique mondiale qui en a résulté. Avec l’embargo européen sur le gaz russe, l’Algérie devient de plus en plus un exportateur incontournable d’énergie. L’Algérie est actuellement le principal exportateur de gaz naturel d’Afrique, avec des gazoducs atteignant l’Espagne et l’Italie.

A ce titre, la France cherche à assurer la stabilité du secteur énergétique algérien. Paris cherche également à accroître son influence régionale déclinante, sur fond de présence accrue en Afrique et au Maghreb de la Chine, de la Russie, de la Turquie et d’autres pays.

Au cours de sa visite, Macron a suscité la controverse en mettant en garde les jeunes algériens contre la propagande de fausses nouvelles en ligne présentant la France comme l’ennemi. « Soyons clairs : de nombreux militants de l’islam politique ont une France ennemie. De nombreux réseaux qui ont poussé en cachette, que ce soit par la Turquie, que ce soit par la Russie, que par la Chine, ont une France ennemie.

Le ministère turc des Affaires étrangères a réagi avec colère à la déclaration de Macron en déclarant : « Il est inacceptable que Macron, qui a des difficultés à affronter son passé colonial en Afrique, en particulier en Algérie, tente de se débarrasser de son passé colonial en accusant d’autres pays, y compris notre pays. « 

La délégation de Macron en Algérie comprenait entre autres de hautes personnalités musulmanes et juives françaises. Lors de son deuxième jour en Algérie, Macron a déposé une gerbe devant un monument à ceux qui « sont morts pour la France », dans le cimetière mixte chrétien-juif Saint-Eugène, utilisé pendant la période coloniale. Après cela, il a visité la partie juive de ce cimetière.

L’inclusion de personnalités juives françaises dans la délégation a suscité une polémique avant l’arrivée de Macron. Des militants islamistes ont publié des messages sur les réseaux sociaux contre l’arrivée prévue en Algérie du grand rabbin Frances Haim Korsia, lui-même d’origine algérienne. Abderrazak Makri, chef du Mouvement social pour la paix affilié aux Frères musulmans, a tweeté, La France officielle ramène le grand rabbin de France qui soutient l’entité [euphemism for the State of Israel] et qui nie les droits des Palestiniens.

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