En bref : les crypto-actifs pour l’investissement et le financement en France

Cryptoactifs pour l’investissement et le financement

Seuil réglementaire

Quels attributs les régulateurs prennent-ils en compte pour déterminer si un cryptoactif est soumis à une réglementation en vertu des lois de votre juridiction ?

Une analyse approfondie des caractéristiques du cryptoactif doit être effectuée pour évaluer s’il est qualifié d’actif numérique ou si une autre classification s’applique, comme un instrument financier ou de la monnaie électronique. Plusieurs éléments doivent être considérés tels que l’objet et les modalités d’émission, les droits attachés au bien, les obligations de l’émetteur et l’acceptation par des tiers, etc.

Classement des investisseurs

Comment les investisseurs en crypto-actifs sont-ils classés et traités différemment ?

La loi PACTE ne classe pas les investisseurs en cryptoactifs. Cependant, certains fonds d’investissement alternatifs (FIA) sont autorisés à investir dans les actifs numériques en France, pour lesquels la commercialisation est réservé aux professionnels investisseurs et fortunés personnes physiques (article L. 214-154 du MFC et article L. 214-160 du MFC).

Offres initiales de pièces

Quelles règles et restrictions régissent la conduite et l’investissement dans les offres initiales de pièces de monnaie (ICO) ?

Les jetons qualifiés d’instruments financiers sont exclus du régime facultatif des ICO et sont soumis aux règles applicables aux offres au public de titres financiers.

Les conditions suivantes doivent être remplies par les émetteurs pour obtenir l’agrément de l’AMF :

  • l’émetteur doit être une personne morale constituée ou établie en France ;
  • l’émetteur doit établir un document d’information (un « livre blanc ») fournissant des informations claires et sincères sur l’offre (caractéristiques techniques et non techniques, facteurs de risque, conservation et restitution des actifs collectés, lutte contre le blanchiment d’argent et le financement des procédures antiterroristes (LBC/FT…) et l’émetteur lui-même ;
  • l’émetteur doit mettre en place des procédures adéquates de suivi et de sauvegarde des fonds et avoirs levés dans le cadre de l’ICO (ex : séquestre ou système multi-signatures) ; et
  • l’émetteur doit mettre en place un dispositif approprié pour se conformer aux exigences de LBC/FT relatives aux opérations conclues avec les souscripteurs dans le cadre de l’ICO.

Les offres de pièces non autorisées sont toujours possibles mais sont soumises à des restrictions marketing (sollicitation, quasi-sollicitation en ligne, mécénat et parrainage).

Offres de jetons de sécurité

Quelles règles et restrictions régissent la conduite et l’investissement dans les offres de jetons de sécurité (STO) ?

Les jetons qualifiés d’instruments financiers sont expressément exclus de la définition des actifs numériques et sont régis par les lois et réglementations nationales françaises et européennes applicables aux instruments financiers.

L’AMF a publié plusieurs analyses sur le traitement juridique des security tokens et des offres de security tokens et a reconnu que des obstacles juridiques entravent actuellement le développement des STO en France (Rapport AMF, « Bilan et analyse de l’application de la réglementation financière aux security tokens » du 27 février 2020).

Pièces stables

Quelles règles et restrictions régissent l’émission et l’investissement dans les stablecoins ?

Aucune réglementation spécifique régissant l’émission et l’investissement dans les stablecoins n’existe en France.

Différentes classifications et cadres juridiques peuvent s’appliquer en fonction des caractéristiques pertinentes du stablecoin (par exemple, son objectif, s’il s’agit d’un stablecoin algorithmique ou adossé à des actifs, le type d’actif auquel le stablecoin est rattaché, les conditions d’émission et les droits légaux des détenteurs , etc.), y compris :

  • la monnaie électronique dans le cadre de la directive Monnaie électronique (article L. 315-1 du CMF), qui impliquerait pour l’émetteur l’obtention, en principe, d’un agrément d’établissement de monnaie électronique auprès de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ;
  • les parts d’un fonds d’investissement alternatif (FIA) relevant de la Directive Gestionnaires de Fonds d’Investissement Alternatifs (AIFMD) (article L. 214-24 du CMF), obligeant ainsi la personne concernée à obtenir un agrément de société de gestion de portefeuille auprès de l’AMF ; et
  • actifs numériques.

Parachutages

Les crypto-actifs distribués par airdrop sont-ils traités différemment des autres types de mécanismes d’offre ?

Il n’y a pas de règles spécifiques concernant les offres de parachutage en France.

Publicité et marketing

Quelles lois et réglementations régissent la publicité et la commercialisation des cryptoactifs utilisés à des fins d’investissement et de financement ?

Conformément à l’article L. 552-5 du CMF, les supports marketing destinés à être diffusés au public par un émetteur de jetons agréé par l’AMF doivent être examinés sous forme de projet par l’AMF.

Plus généralement, les ICO non agréées et les DASP non agréés sont soumis à des restrictions de commercialisation en France car seuls les émetteurs de jetons agréés par l’AMF et les DASP agréés par l’AMF sont autorisés à faire largement la publicité de leurs services auprès du public, notamment par le démarchage, la quasi-sollicitation en ligne, les accords de mécénat et de parrainage. .

En cas de manquement à cette restriction publicitaire, une amende pouvant aller jusqu’à 100 000 € est applicable non seulement à l’entreprise promue mais à tout intermédiaire de la chaîne publicitaire.

Des restrictions de commercialisation plus larges peuvent également s’appliquer en fonction des caractéristiques du produit annoncé ou offert. C’est le cas, par exemple, des dérivés de cryptomonnaies dénouables en numéraire qui sont classés par l’AMF parmi les instruments financiers et peuvent donc être soumis à l’interdiction de publicité applicable aux contrats financiers à risque (article L222-16-1 du code de la consommation Code et article L533-12-7 du MFC).

Restrictions commerciales

Les investisseurs dans un ICO/STO/stablecoin sont-ils soumis à des restrictions sur leur trading après l’offre initiale ?

Il n’y a actuellement aucune restriction de négociation spécifique applicable aux investisseurs dans une ICO, une STO ou un stablecoin après l’offre initiale.

Financement participatif

En quoi les offres de financement participatif et de cryptoactifs sont-elles traitées différemment en vertu de la loi ?

Le financement participatif est réglementé en France conformément aux articles L547-1 et suivants. du MCF, tel que modifié par l’Ordonnance no. 2021-1735 du 22 décembre 2021, adopté suite à l’entrée en vigueur du Règlement (UE) 2020/1503 (le Règlement UE sur le financement participatif).

La réforme a supprimé le régime français du financement participatif et, sauf pour les opérateurs relevant du champ résiduel du régime des intermédiaires en financement participatif (IFP), les opérateurs sont tenus de demander un agrément de prestataire de services de financement participatif (CSP) auprès de l’AMF.

Conformément au considérant 15 du règlement de l’UE sur le financement participatif, les offres d’actifs numériques (c’est-à-dire les jetons utilitaires) ne doivent pas entrer dans son champ d’application ; tandis qu’une STO pourrait potentiellement bénéficier d’une exemption des exigences de prospectus en vertu du règlement de l’UE sur le financement participatif si le jeton est qualifié de valeur mobilière.

Agents de transfert et teneurs de registre

Quelles lois et réglementations régissent les agents de transfert de crypto-actifs et les registraires d’actions ?

Il n’y a pas de lois et réglementations spécifiques régissant les agents de transfert de crypto-actifs et les registraires d’actions. Les règles applicables doivent être évaluées au cas par cas.

Lutte contre le blanchiment d’argent et conformité de la connaissance du client

Quelles exigences et directives en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (AML) et de connaissance du client (KYC) s’appliquent à l’offre de cryptoactifs ?

Les autorités françaises suivent généralement les exigences AML/CFT et KYC découlant de la législation et de la réglementation de l’UE ainsi que les recommandations et l’approche fondée sur les risques du GAFI (Groupe d’action financière).

Les DASP soumis à l’enregistrement obligatoire auprès de l’AMF, les émetteurs de jetons d’offres de pièces approuvées par l’AMF et les DASP agréés par l’AMF doivent se conformer aux exigences de LBC/FT et de gel des avoirs.

Le cadre réglementaire français a été renforcé par le décret n°. 2021-387 du 2 avril 2021 qui impose aux DASP d’identifier les clients préalablement à toute transaction (même occasionnelle) sans seuil de matérialité. Les émetteurs de monnaie électronique sont également tenus de faire preuve de vigilance à l’égard de la clientèle lorsque de la monnaie électronique est utilisée pour l’achat d’actifs numériques, et interdisent ainsi l’utilisation de monnaie électronique anonyme dans de telles transactions.

Les émetteurs de tokens sont soumis aux obligations LBC/FT mais uniquement en ce qui concerne l’offre de pièces agréée par l’AMF et les opérations réalisées avec les souscripteurs en rapport avec celle-ci (article L. 561-2, 7° ter du MFC).

Pour les services de conservation ou les services d’achat et de vente d’actifs numériques contre monnaie fiduciaire pour le compte de tiers, l’AMF procédera à un contrôle ex ante lors du processus de demande d’enregistrement afin de vérifier la capacité de la DASP à se conformer à ses obligations de LBC/FT (article L. 54-10-3, 4° du MFC). Pour tous les autres services soumis à enregistrement obligatoire ou sous licence, l’AMF ou l’ACPR procéderont à des audits ex post pour vérifier la conformité LBC/FT.

Les DASP sont également tenues de déclarer toute activité ou transaction suspecte à une agence de renseignement spécialisée sous l’égide du ministère français des Finances (Tracfin).

Conformité aux sanctions et au Groupe d’action financière

Quelles lois et réglementations s’appliquent dans le contexte des crypto-actifs pour faire appliquer les sanctions gouvernementales, les principes de lutte contre le financement du terrorisme et les normes du Groupe d’action financière (GAFI) ?

Les DASP sont soumises à la réglementation relative au gel des avoirs et sont ainsi tenues de vérifier les listes de sanctions nationales et européennes françaises, de mettre en œuvre sans délai les mesures de gel et les interdictions de mise à disposition des avoirs et d’en informer sans délai le ministre chargé de l’économie.

Les exigences de gel des avoirs applicables aux DASP seront précisées dans les prochaines modifications du règlement général et du règlement d’application de l’AMF.

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