Elections françaises : une cinquantaine d’attaques violentes secouent le pays avant un scrutin crucial – BBC News
Source de l’image, REUTERS/Benoît Tessier
- Auteur, Paul Kirby
- Rôle, BBC News à Paris
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Plus de 50 candidats et militants en France ont été agressés physiquement à l’approche du dernier tour tendu des élections législatives de dimanche, a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Il a révélé ce chiffre après que la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, son adjointe Virginie Lanlo et un militant du parti ont été sauvagement agressés alors qu’ils collaient des affiches électorales à Meudon, au sud-ouest de Paris.
Le mobile de l’attaque n’est pas clair, mais Mme Thévenot est revenue jeudi à Meudon en compagnie du Premier ministre Gabriel Attal, qui a condamné ce qu’il a qualifié d' »attaques d’une intolérable lâcheté ».
La vague d’agressions à travers la France reflète l’ambiance fébrile du dernier jour de campagne d’une élection que le Rassemblement national (RN) d’extrême droite est sur le point de remporter.
Bien que le RN soit largement en tête dans les sondages, 217 candidats se sont retirés des scrutins locaux de second tour, ce qui laisse une meilleure chance à un autre candidat de les empêcher de remporter une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Interrogé sur BFMTV, M. Darmanin a indiqué que ces attaques intervenaient dans un climat où la France était « à fleur de peau » et que plus de 30 personnes avaient été interpellées.
Il a déclaré que les agresseurs étaient soit des personnes qui s’étaient « spontanément mises en colère », soit des « groupes d’extrême gauche, d’extrême droite ou d’autres groupes politiques ».
Des images filmées depuis un immeuble montrent les jeunes se presser autour de la candidate, de son adjointe Virginie Lanlo et d’un militant du parti Ensemble du président Emmanuel Macron.
Mme Thevenot a déclaré au site Le Parisien que lorsqu’elle et ses collègues se sont opposés à ce que des jeunes dégradent des affiches du parti, « ils ont immédiatement attaqué une de mes militantes, blessant Virginie ». Mme Lanlo a été blessée au bras, tandis que la militante a été frappée à coups de poing et de scooter, se retrouvant avec la mâchoire cassée. Le pare-brise de la voiture a également été brisé par le scooter.
Trois adolescents et un homme de 20 ans ont été arrêtés par la police et l’incident a été rapidement condamné par l’ensemble du spectre politique.
M. Attal a appelé à « rejeter le climat de violence et de haine qui s’installe », tandis que le chef de file du RN, Jordan Bardella, a déclaré que l’un de ses « grands engagements en tant que Premier ministre » serait de « lutter contre l’insécurité record et la récidive ».
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M. Darmanin a annoncé que 30.000 policiers seraient déployés dans toute la France pour le vote de dimanche afin d’empêcher « l’ultra-gauche ou l’ultra-droite » de semer le trouble.
La BBC s’est entretenue jeudi avec des électeurs de sa circonscription, dans le nord de la France, qui ont déclaré craindre que les jeunes se déchaînent, quel que soit le vainqueur, pour exprimer leur colère contre le système politique.
La loi et l’ordre sont l’une des grandes priorités du RN, aux côtés de l’immigration et des réductions d’impôts pour lutter contre la crise du coût de la vie.
Les candidats du RN ont également été la cible d’attaques. Marie Dauchy a raconté avoir été « violemment agressée » alors qu’elle faisait campagne sur un marché de La Rochette, près de Grenoble, dans le sud-est du pays.
Un candidat conservateur allié au RN, Nicolas Conquer, s’est plaint d’avoir été la cible d’oeufs avec une collègue. Et le mois dernier, un autre candidat du RN a été hospitalisé après avoir été agressé alors qu’il distribuait des tracts.
Après avoir recueilli 33,2% des voix au premier tour des élections anticipées, convoquées à l’improviste par le président Macron, le parti de M. Bardella vise désormais la majorité absolue à l’Assemblée nationale, qui compte 577 sièges.
Mais ses adversaires politiques ont accepté de faire tout ce qu’ils peuvent pour empêcher l’extrême droite de remporter suffisamment de sièges pour former un gouvernement.
Soixante-seize sièges ont été remportés d’emblée dès le premier tour par des candidats ayant recueilli plus de la moitié des voix locales dans leur circonscription, dont 39 candidats du RN et leurs alliés.
Les 501 sièges restants seront attribués au second tour, et 217 candidats arrivés en troisième position se sont retirés de la course pour donner à un rival une meilleure chance de battre le RN. Sur ces 217 retraits, 130 candidats venaient du Nouveau Front populaire (gauche) et 81 de l’alliance Macron.
Marine Le Pen s’est plainte amèrement de l’opération visant à obtenir des « retraits massifs » et a blâmé ceux qui cherchaient à « se maintenir au pouvoir contre la volonté du peuple ».
Elle a toutefois déclaré qu’elle pensait qu’il y avait encore une chance d’obtenir une majorité absolue, si les électeurs se mobilisaient en masse.
Selon le dernier sondage Ifop, le RN obtiendrait entre 210 et 240 sièges, soit moins que les 289 nécessaires pour former un gouvernement. C’est moins que les 240 à 270 sièges qu’il était censé remporter au premier tour.
Il existe néanmoins des craintes parmi certaines minorités françaises quant à ce que le RN pourrait faire s’il arrive au pouvoir.
Il vise à donner aux citoyens français la préférence nationale sur les immigrés pour l’emploi et le logement et à supprimer le droit à la nationalité française automatique pour les enfants de parents étrangers, si ces enfants ont passé cinq ans en France entre l’âge de 11 et 18 ans.
Les personnes possédant une double nationalité seraient également exclues de dizaines d’emplois sensibles.
Une femme musulmane d’une circonscription qui a voté à 54 % pour RN dimanche dernier a déclaré à la BBC que RN gagnait du terrain à chaque élection.
Pendant ce temps, les procureurs enquêtent sur un site Internet extrémiste de type « réseau patriotique » qui a publié une liste de près de 100 avocats « à éliminer », après qu’ils aient signé une lettre ouverte contre le Rassemblement national.
A la veille du quart de finale de l’Euro entre la France et le Portugal en Allemagne, le capitaine de l’équipe nationale de football Kylian Mbappé a appelé les électeurs à « faire le bon choix ».
Après les résultats « catastrophiques » du premier tour de dimanche, il a déclaré « nous ne pouvons pas mettre le pays entre les mains de ces gens-là », sans préciser de qui il s’agit.