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Affaire autour du foulard : pourquoi la France poursuit-elle en justice une adolescente qui portait le voile à l’école ?

La France est prête à porter plainte contre une étudiante pour avoir faussement accusé un directeur d’école de l’avoir maltraitée parce qu’elle portait un foulard. Photo représentative/AFP

Lacit est l’idée française de laïcité et est au centre de la Constitution du pays. Aujourd’hui, l’État poursuit une adolescente pour cela. Qu’aurait-elle pu faire ? Elle aurait accusé à tort le directeur d’une école de l’avoir frappée après une dispute au sujet du port du foulard.

La France a imposé une interdiction stricte des symboles religieux dans les écoles publiques. Cela inclut les foulards islamiques, les voiles intégraux et l’abaya (une robe ample et longue), qui a été ajoutée à la liste l’année dernière. Le pays abrite la plus grande communauté musulmane d’Europe et la laïcité et la religion restent des questions sensibles dans le pays.

L’élève de l’école de Paris a bafoué la loi mais pourquoi l’État intervient-il ? Nous expliquons le cas.

Que s’est-il passé à l’école française ?

Alors que l’adolescente portait un couvre-chef dans l’enceinte de l’école à Paris, le directeur lui a demandé de l’enlever, au regard de la loi française. L’étudiant l’a faussement accusé de mauvais traitements lors d’un échange houleux.

L’incident s’est produit le 28 février lorsque le directeur, qui n’a pas été nommé, a dit à trois étudiants de respecter la loi et a retiré leur couvre-chef. Alors que deux filles suivaient les instructions, la troisième, un adulte qui fréquentait l’école de formation professionnelle, a choisi de ne pas le faire, ce qui a provoqué une altercation.

L’élève avait porté plainte contre le directeur, l’accusant de l’avoir maltraitée lors de l’incident. Elle a dit au quotidien français Le Parisien qu’elle avait été durement frappée au bras par lui.

Le directeur a commencé à recevoir des menaces de mort après l’incident et a démissionné. Il a adressé vendredi un mail à ses collègues du lycée Maurice Ravel, leur annonçant sa décision de quitter ses fonctions par souci pour ma propre sécurité et celle de l’établissement.

Je pars après sept années riches et intenses passées à vos côtés et après 45 ans dans l’enseignement public, a-t-il écrit dans un email, remerciant ses collègues pour leur soutien au cours des trois dernières années, rapporte le BBC.

Une écolière ajuste son foulard pendant la récréation dans une école privée de Marseille. Le gouvernement français a interdit les symboles religieux comme le foulard dans les écoles publiques en 2004. Photo d’archive/Reuters

Après que le ministère de l’Intérieur a été informé des menaces de mort dont l’enseignant avait reçu sur les réseaux sociaux, la police a été envoyée en patrouille dans l’école. Deux personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire, mais le ministère de l’Éducation a déclaré qu’elles n’avaient aucun lien avec l’école.

La ministre française de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, s’est également rendue dans l’établissement début mars et a déploré les attaques inacceptables contre le directeur.

Aujourd’hui, la démission des enseignants suscite un tollé.

La France interdit les abayas à l’école : la longue histoire d’interdiction du port du voile dans le pays

Pourquoi la France poursuit-elle l’adolescent ?

Les policiers ont déclaré qu’il n’y avait aucune preuve que le directeur avait frappé la jeune fille. Le Premier ministre français Gabriel Attal s’est également prononcé en faveur du directeur, affirmant que l’étudiant serait poursuivi en justice pour de fausses allégations.

L’ancien ministre de l’Éducation, Attal, a déclaré que l’État allait porter plainte contre l’élève pour avoir faussement accusé le directeur de mauvais traitements lors de l’incident de février.

L’Etat sera toujours aux côtés de ces responsables, de ceux qui sont en première ligne face à ces atteintes à la laïcité, à ces tentatives d’entrisme islamiste dans nos établissements éducatifs, a-t-il déclaré à la télévision. TF1 chaîne de télévision.

Dans une nouvelle démonstration de soutien, le ministère de l’Éducation a déclaré dans un communiqué qu’il n’abandonnerait jamais les enseignants face aux menaces. Le ministère a indiqué que toutes les équipes restaient mobilisées, ajoutant que la décision du directeur de quitter son poste était compréhensible compte tenu de la gravité des attaques dont il était victime.

Les agents chargés de l’enquête n’ont trouvé aucune preuve que le directeur ait frappé la jeune fille qui portait le foulard. Image représentative/Reuters

La fureur suscitée par la démission n’a fait que croître avec le soutien d’autres politiciens au directeur.

Qualifiant cet incident d’échec collectif, Boris Vallaud, chef des députés socialistes à la chambre basse de l’Assemblée nationale, a déclaré à la télévision. France 2Nous ne pouvons pas l’accepter.

C’est une honte, a écrit mercredi sur X Bruno Retailleau, chef du groupe des Républicains de droite à la chambre haute du Sénat.

Marion Maréchal, petite-fille du patriarche d’extrême droite Jean-Marie Le Pen et elle-même une politicienne d’extrême droite populaire, s’est exprimée sur Sud Radio d’une défaite de l’État face à la gangrène islamiste.

Maud Bregeon, députée du parti Renaissance du président français Emmanuel Macron, a également critiqué un mouvement islamiste. L’autorité appartient aux chefs d’établissement et aux enseignants, et nous avons le devoir de soutenir cette communauté éducative, a-t-il déclaré.

Le Premier ministre français Gabriel Attal a défendu la laïcité française après la démission du directeur de l’école parisienne. Photo d’archives/Reuters

Pourquoi la France se manifeste-t-elle en soutien à l’enseignant ?

La France prend au sérieux les menaces des extrémistes. Ce n’est pas le premier incident en France où un professeur des écoles est pris pour cible. Il y a eu deux meurtres choquants dans le passé.

En octobre de l’année dernière, un agresseur a poignardé à mort un enseignant et en a grièvement blessé deux autres lors d’une attaque islamiste présumée. L’homme au couteau aurait crié « Allahu Akbar », ou « Dieu est le plus grand », lors de l’attaque contre une école d’Arras, dans le nord de la France.

Les funérailles de l’enseignant Dominique Bernard se sont déroulées en présence du président français Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte.

Une rose est vue sur un mémorial de fortune alors que les gens se rassemblent pour rendre hommage à Samuel Paty, le professeur de français décapité dans les rues de Conflans-Sainte-Honorine, en banlieue parisienne, en 2020. Photo d’archives/Reuters

Lors d’un autre incident choquant, un enseignant nommé Samuel Paty a été décapité dans une banlieue parisienne en 2020. En décembre de l’année dernière, six adolescents ont été condamnés pour leur rôle dans le meurtre.

Paty a été tué devant son école à Paris après avoir montré des caricatures du prophète Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression.

La France a été la cible d’une série d’attentats au cours de la dernière décennie, la pire étant une attaque simultanée d’hommes armés et de kamikazes contre des lieux de divertissement et des cafés à Paris en novembre 2015.

Avec la contribution des agences

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