Accès libre : un impératif moral pour le progrès
En 2020, l’édition en libre accès a dépassé pour la première fois l’édition par abonnement, marquant une étape majeure dans son évolution. Cette tendance s’est poursuivie en 2023, avec près de 65 % des articles publiés en libre accès (source : Dimensions).
Avantages pour les chercheurs : amplifier l’impact grâce au libre accès
Les auteurs qui publient dans une revue en accès libre peuvent s’attendre à ce que leurs travaux soient davantage cités, ce qui augmente leur impact potentiel. Les résultats de recherche en accès libre sont plus susceptibles d’être cités que ceux cachés derrière un paywall. La liberté d’accès augmente considérablement l’audience potentielle de chaque article, favorisant un sentiment de communauté parmi les chercheurs du monde entier. Une visibilité accrue peut attirer des collaborateurs et des employeurs potentiels pour les jeunes scientifiques. Au MDPI, nous pensons que tous ces facteurs ne peuvent qu’accélérer les progrès de la science. De plus, les auteurs conservent les droits d’auteur de leur travail au lieu de le céder, ce qui permet une diffusion plus large sous les licences Creative Commons et augmente sa capacité d’impact.
L’accès libre en action : stimuler l’innovation et la coopération mondiale
Plusieurs initiatives récentes financées par l’UE illustrent l’impact transformateur du libre accès :
- Le projet Cerveau Humain : avec plus d’un milliard de dollars de financement, il a publié plus de 500 articles en libre accès, facilitant la collaboration mondiale en neurosciences et faisant progresser la recherche sur des maladies critiques telles que la maladie d’Alzheimer.
- L’Initiative sur le changement climatique de l’Agence spatiale européenne : fournir un accès ouvert aux données sur le climat et soutenir une prise de décision éclairée et l’élaboration de politiques, facteurs essentiels dans la lutte contre le changement climatique.
- L’Organisation européenne pour la recherche nucléaire : veille à ce que toutes les publications soient librement disponibles, favorisant ainsi la collaboration internationale et faisant progresser notre compréhension de l’univers.
L’OA est un élément clé de la science ouverte, que nous considérons, au MDPI, comme essentiel pour élaborer des politiques éclairées ciblant les problèmes du monde réel.
Financement et perspectives d’avenir : assurer le leadership scientifique de l’Europe
Il est inquiétant de constater que le niveau de financement de la recherche scientifique en Europe est inférieur à celui des autres pays de l’OCDE, avec des disparités importantes entre les pays de l’UE. L’harmonisation du financement de la recherche dans toute l’Europe est essentielle pour atteindre l’objectif Europe 2020 de porter les dépenses de recherche à 3 % du PIB. Le libre accès peut contribuer à combler ces écarts, en garantissant que les connaissances scientifiques soient accessibles à tous, quelle que soit leur situation économique.
Le 10e programme-cadre des États membres de l’UE prévoit que l’UE devienne un pôle mondial de recherche et d’innovation d’ici 2034, avec un budget proposé de 200 milliards d’euros. Ce budget doit être utilisé de manière intelligente et avant-gardiste. Les gouvernements, les institutions universitaires et le secteur privé doivent donner la priorité à la diffusion ouverte des connaissances si l’UE veut concrétiser cette vision. Nous devons donner à nos scientifiques et à nos communautés les moyens de prendre des décisions éclairées, de favoriser des progrès durables et de bâtir une société plus inclusive et plus résiliente.
L’impératif moral
L’accès libre n’est pas seulement une question de politique scientifique ; c’est un droit fondamental pour tous les citoyens et une condition préalable à un avenir meilleur et mieux informé. La recherche financée par des fonds publics doit être une priorité absolue, et je suis heureux de voir que les politiques vont dans ce sens. Notre capacité à générer des connaissances scientifiques transformatrices doit être démocratisée. La question aujourd’hui n’est plus de savoir si nous pouvons nous permettre d’adopter l’accès libre, mais plutôt de savoir si nous pouvons nous permettre de ne pas le faire.