En France, le jour J évoque à la fois les joies de la libération et la douleur des 20 000 morts civils normands
CARENTAN-LES-MARAIS, France (AP) Shortly after Le jour J en 1944les soldats américains se dirigeant vers de nouveaux combats contre les forces d’Adolf Hitler n’ont pu s’empêcher de remarquer le garçon français affamé au bord de la route, espérant de l’aide.
Un à un, les hommes sortent de leurs poches des sphères parfumées aux couleurs vives et les déposent entre les mains d’Yves Marchais. Le garçon de 6 ans n’avait jamais vu ces étranges fruits auparavant, ayant grandi dans la France occupée par les nazis, où la nourriture était rationnée et la terreur était partout.

DOSSIER – Une vue de l’hôtel de ville de Cherbourg, France, le 28 juin 1944, lors de la cérémonie tenue immédiatement après l’entrée des Américains dans la ville. Lors de cette cérémonie, le port normand est restitué aux Français par les Américains. (Photo AP, dossier)

DOSSIER – Les Royal Engineers britanniques décomposent les emplacements en béton du mur ouest allemand à Port en Bassin en France le 22 juin 1944. Port en Bassin fut le premier port à être capturé en Normandie après le débarquement allié, le 6 juin 1944. ( Photo AP, fichier)
Enthousiasmé par sa générosité, le jeune Marchais les compta tous 35 et se précipita chez lui pour goûter pour la première fois aux oranges.
Mais les bombardements alliés massifs qui ont pulvérisé des villes, des villages et les villes de Caen, Rouen et Le Havre, ensevelissant les victimes et rendant le ciel rouge feu sont également gravés dans la mémoire des survivants en Normandie.
Le 80e anniversaire cette semaine de l’invasion alliée du 6 juin 1944 Le jour J qui a percé les défenses occidentales d’Hitler et contribué à précipiter la capitulation de l’Allemagne nazie 11 mois plus tard, suscite des émotions mitigées chez les survivants français de la bataille de Normandie. Ils restent éternellement reconnaissant pour leur libération mais je ne peux pas oublier son coût élevé en vies françaises.
Marchais se souvient de la maison de sa famille à Carentan, en Normandie, tremblante lors des bombardements qui ressemblaient à du tonnerre et de la façon dont sa mère l’a assommé en avalant une bouteille de cidre fort normand alors qu’ils s’abritaient dans leur sous-sol, déclarant en la finissant : « C’en est encore une qui les Allemands ne boivent pas !
Les Américains, pour nous, étaient des dieux, se souvient Marchais, aujourd’hui âgé de 86 ans. Quoi qu’ils fassent dans le monde, ils seront toujours des dieux pour moi.
LES VILLES NORMANDIES EN RUINE COMPTENT LEURS MORTS

DOSSIER – Un char britannique avance dans une rue, alors que la bataille est toujours en cours, alors que la ville est toujours bordée de canons nazis qui lancent continuellement des obus dans la rue, à Saint-Lo, en Normandie, en France, le 20 juin 1944. (Photo AP, dossier)
Quelque 20 000 civils normands ont été tués lors de l’invasion et alors que les forces alliées se frayaient un chemin à l’intérieur des terres, parfois champ par champ à travers la campagne verdoyante de Normandie, ce qui a permis de dissimuler les défenseurs allemands. Seulement fin août 1944 sont-ils arrivés à Paris.
Victimes alliées dans la campagne de Normandie étaient également épouvantablesavec 73 000 soldats tués et 153 000 blessés.
Les bombardements alliés visaient à empêcher Hitler d’envoyer des renforts et à arracher ses troupes du mur de l’Atlantique constitué de défenses côtières et d’autres points forts que les forces d’occupation allemandes avaient construits au prix du travail forcé.
La liste des villes normandes laissées en ruine et comptant leurs morts s’allonge avec les avancées alliées : Argentan, Aunay-sur-Odon, Cond-sur-Noireau, Coutances, Falaise, Flers, Lisieux, Vimoutiers, Vire et autres. Des tracts dispersés par les avions alliés exhortaient les civils à PARTIR IMMÉDIATEMENT ! VOUS N’AVEZ PAS UNE MINUTE À PERDRE ! mais manquaient souvent leurs cibles.
Certains Normands étaient furieux. Avant d’être libérée, une femme de la ville portuaire bombardée de Cherbourg a décrit les pilotes alliés comme des bandits et des assassins dans une lettre du 4 juin 1944 adressée à son mari retenu prisonnier en Allemagne.
Mon cher Henri, c’est honteux de massacrer la population civile comme le font les prétendus Alliés, lit-on dans la lettre que les historiens Michel Boivin et Bernard Garnier ont publiée dans leur étude de 1994 des victimes civiles dans la région Normandie Manche.
Nous sommes en danger partout.
LES PERTES NORMANDES BALAYÉES SOUS LE TAPIS

DOSSIER – Les troupes et véhicules britanniques traversant un village de Normandie sont occupés à poser des câbles de communication tandis que les blindés britanniques, canadiens et américains les font passer en route vers la ligne de front, le 13 juin 1944. (AP Photo, File)
Le président français Emmanuel Macron a rendu hommage aux victimes civiles lors des commémorations mercredi à Saint-Lô, rappelant comment la ville normande est devenue emblématique des pertes des bombardements alliés lorsqu’elle a été rasée les 6 et 7 juin 1944. Le bilan s’est élevé à 352 morts, selon le bilan. Boivin et Garniers étudient. Le dramaturge Samuel Beckett a surnommé Saint-Lo la capitale des ruines après y avoir travaillé avec la Croix-Rouge irlandaise.
Macron a déclaré que Saint-Lô était une cible nécessaire car les bombardiers alliés visaient à empêcher les renforts allemands d’atteindre les plages d’invasion et l’a décrit comme une ville martyre sacrifiée pour libérer la France.
80 ANS DEPUIS LE DÉBARQUEMENT
- Comment s’est déroulée la journée : Le Invasion alliée de la France occupée par les nazis était sans précédent par son ampleur et son audace, utilisant la plus grande armada de navires, de troupes, d’avions et de véhicules jamais vue pour changer le cours de la Seconde Guerre mondiale.
- AP était là : Le jour J, l’Associated Press avait reporters, artistes et photographes dans les airssur les eaux agitées de la Manche, à Londres, dans les ports de départ et sur les aérodromes pour couvrir l’assaut allié en Normandie.
- En direct: Suivez la couverture en direct par AP des mémoriaux et des veillées à travers le mondey compris une veillée aux chandelles organisée au cimetière de guerre de Bayeux, où seront illuminées 4 600 tombes de victimes militaires de la Seconde Guerre mondiale. Le roi Charles III d’Angleterre et Le président américain Joe Biden font partie des personnes attendues.
Parmi les personnes tuées à Saint-Lô figuraient le frère aîné de Marguerite Lecarpentier, Henri. Elle avait 6 ans à l’époque. Henri avait 19 ans et il aidait un autre homme à sortir une adolescente des décombres lorsque la ville fut à nouveau bombardée. Tous les trois ont été tués. Le père de Marguerite a ensuite identifié le corps de son frère grâce à ses chaussures, qui étaient neuves, a-t-elle déclaré.
Lorsque sa famille fuit ensuite Saint-Lô, elle traverse ce qui reste de la ville.
C’était terrible car il y avait des décombres partout, se souvient Lecarpentier. Sa mère agitait un mouchoir blanc pendant qu’ils marchaient, car les avions survolaient constamment et nous serions ainsi reconnus comme des civils.
Pourtant, Lecarpentier parle sans rancune des bombardements alliés. C’était le prix à payer, dit-elle.
Cela n’a pas dû être facile, a-t-elle ajouté. Quand on pense qu’ils ont débarqué le 6 juin et que Saint-Lô n’a été libéré que le 18 juillet et qu’ils ont perdu un nombre énorme de soldats.
L’historienne Françoise Passera de l’Université de Caen, co-auteur de Les Normands dans la guerre : le temps des épreuves, 1939-1945, affirme que les pertes civiles en Normandie ont été éclipsées pendant des décennies par les exploits des soldats alliés au combat et leurs sacrifices.
Bien que les villes ont organisé des commémorations localementelle a noté que ce n’est qu’en 2014 que le prédécesseur du président français Macron, François Hollande, a rendu un hommage national aux civils normands morts.
Jusqu’alors, la France ayant été bombardée par ses libérateurs, ce sujet n’était pas un sujet qui pouvait être soulevé très facilement par les autorités françaises, a déclaré Passera.
Les victimes civiles ont été quelque peu passées sous silence pour ne pas offenser les Américains, a-t-elle déclaré. Et pour ne pas offenser les Britanniques.
Mais pour les Normands, le jour J et ses conséquences ont été une sorte de confusion de sentiments, a-t-elle déclaré. Nous avons pleuré de joie parce que nous étions libérés, mais nous avons aussi pleuré parce que les morts étaient tout autour de nous.