« La France ferait bien de considérer les étudiants étrangers comme des agents d’influence plutôt que comme de potentiels immigrants illégaux »
jeC’est une façon de mesurer l’influence de la France que les Français eux-mêmes ignorent largement : trente des chefs d’État ou de gouvernement au pouvoir dans le monde en 2023 ont étudié en France.
Le classement des États les plus influents en la matière, établi par le Higher Education Policy Institute, un groupe de réflexion britannique spécialisé dans la politique universitaire, place la France en troisième position derrière les États-Unis (où ont été formés 65 dirigeants mondiaux) et le Royaume-Uni ( 58 dirigeants). Derrière la France vient la Russie, où ont été formés 10 dirigeants mondiaux, suivie par la Suisse, l’Australie, l’Italie et l’Espagne.
A l’heure où les questions de souveraineté et d’attractivité sont largement débattues, la question de l’accueil des étudiants étrangers dans notre pays est le plus souvent perçue négativement comme une question « d’immigration » plutôt que reconnue comme un moyen d’étendre notre influence et de renforcer notre présence mondiale. appel.
A l’instar de l’extrême droite, qui a tendance à considérer tout étudiant étranger comme un potentiel clandestin, le sénateur Roger Karoutchi (Les Républicains, droite) a réussi, à l’automne 2023, à faire adopter un amendement au projet de loi sur l’immigration rendant obligatoire l’immigration des étrangers. les étudiants doivent payer une caution pour obtenir un permis de séjour pour études. Cette somme est remboursable au départ de l’étudiant du pays. Cette mesure était un appât pour attirer les électeurs de droite et d’extrême droite vers le projet de loi. Les responsables de l’enseignement supérieur se sont opposés à l’amendement qui a finalement été rejeté par le Conseil constitutionnel car il n’avait aucun rapport avec l’objet du projet de loi. Ce rejet n’empêche cependant pas qu’il soit proposé une autre fois.
« Honnêtement, ce n’est pas une bonne idée », a reconnu le président Emmanuel Macron, dont la plupart des amis ont pourtant voté pour. « Je pense que nous devons continuer à attirer des talents et des étudiants du monde entier. » Le cliché selon lequel les étrangers utilisent le statut d’étudiant pour contourner les règles de résidence a été renforcé par le débat. Cela arrive mais reste un phénomène minoritaire : 80 % des étudiants arrivés en France en 2010 ont quitté le pays ou sont devenus français 10 ans après la délivrance de leur premier titre de séjour. Ceux qui restent représentent pas moins de la moitié de l’immigration de travail légale, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son rapport 2023 sur les migrations internationales.
Une erreur particulièrement regrettable
Autre dérapage : la suspension de la délivrance de visas et de bourses, à la rentrée 2023, pour les étudiants des pays sahéliens touchés par les coups d’État militaires. Cette suspension, provoquée par la fermeture des consulats, aurait pu être considérée comme une sanction suite aux putschs, une bévue particulièrement regrettable à l’heure où les jeunes Africains s’interrogent sur la politique africaine de la France.
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