Victoire historique en France, mais
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La France est entrée dans l’histoire lundi. Il est devenu le premier pays à ajouter à sa constitution nationale une reconnaissance explicite de la liberté d’avorter.
D’une part, évidemment, c’était un énorme victoire pour les droits de l’homme. Même si l’avortement est légal en France depuis 1975, le vote positif à une écrasante majorité du Parlement français l’a confirmé comme un droit à un niveau plus fondamental.
D’un autre côté, tout aussi évidemment, cela soulève la question suivante : comment se fait-il qu’en 2024 il y ait même un débat sur la question de savoir si une personne a le droit de contrôler son propre corps ? Il va de soi qu’un individu doit être libre de décider des questions concernant sa propre santé.
Ainsi, même si la décision de la France est bien sûr la bienvenue, elle rappelle également à quel point tant de pays sont en retard en matière de droits de l’homme, même si cela est aussi clair que le droit de garder le gouvernement hors de votre corps.
Dans certains pays, les choses reculent. L’annulation par la Cour suprême des États-Unis en 2022 de l’arrêt Roe v. Wade, qui protégeait constitutionnellement le droit à l’avortement pour des raisons de respect de la vie privée, a ouvert les vannes. L’avortement est désormais restreint dans 21 États américains, et 14 États américains ont pris des mesures pour criminaliser les prestataires de soins de santé qui pratiquent des avortements.
Comme c’est le cas pour de nombreux mouvements politiques qui visent à accroître le pouvoir du gouvernement au détriment des droits individuels, les abus se multiplient au-delà même de l’absurdité.
Dans l’État américain de l’Alabama, par exemple, la Cour suprême de l’État a statué que les embryons congelés avaient le statut juridique d’enfants. Pendant ce temps, la loi de l’Alabama autorise que de vrais enfants soient battus dans les écoles.
Mais ne pensez pas non plus que la France soit désormais parfaite.
La nouvelle protection de l’avortement est une victoire, mais même dans d’autres domaines des droits des femmes, le gouvernement français est ne pas donner un brillant exemple. Comme le souligne ma collègue experte Hillary Margolis, le pays ne parvient toujours pas à prévenir suffisamment la violence à l’égard des femmes, à protéger les victimes et à demander des comptes aux auteurs. La France a enregistré jusqu’à présent 31 féminicides signalés en 2024.
La France a également activement restreint la tenue vestimentaire des femmes et des filles, interdisant le voile intégral dans les lieux publics, le foulard dans les écoles et le couvre-chef pour les athlètes, y compris lors des compétitions nationales et internationales. Donc, vous avez le droit de décider quoi faire de votre corps, mais pas de ce que vous portez ? Bien entendu, tout cela a un impact disproportionné sur les femmes et les filles musulmanes.
Bien entendu, la confirmation du droit à l’avortement en France est une bonne nouvelle. Non seulement cela renforce les droits des citoyens en France, mais cela envoie un message important à l’échelle internationale après des attaques contre l’accès à l’avortement et les droits à la santé sexuelle et reproductive ailleurs.
Mais cela nous rappelle aussi qu’il y a encore beaucoup à faire partout, y compris en France.