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Une université française de premier plan fait face à une nouvelle crise suite à la démission de son dirigeant

L’une des universités les plus prestigieuses de France s’est retrouvée mercredi sans dirigeant pour la deuxième fois en seulement trois ans après la démission de son directeur, Mathias Vicherat, pour faire face à un procès pour accusations de violence domestique.

L’université, Sciences Po à Paris, a produit cinq des huit derniers présidents français et plus d’une douzaine de premiers ministres, ainsi que des chefs d’entreprise de premier plan, des journalistes de renom et de nombreux fonctionnaires de haut rang. Il s’est efforcé de devenir encore plus fort en diversifiant son corps étudiant et en rivalisant pour recruter des étudiants à l’échelle internationale.

Mais la démission de M. Vicherat, 45 ans, qui a nié tout acte répréhensible et déclaré qu’il se retirait pour protéger la position de Sciences Pos, est le dernier d’une série d’épisodes de troubles internes qui ont terni la réputation de l’école.

Le prédécesseur de M. Vicherat, Frédéric Mion, a démissionné en 2021 après avoir admis qu’il n’avait pris aucune mesure contre un professeur de longue date et membre du conseil d’administration alors qu’il était au courant des allégations d’inceste portées contre lui ; l’enquête menée contre le professeur par les procureurs a ensuite été abandonnée en raison de l’expiration du délai de prescription. L’ancien directeur de l’école, Richard Descoings, a été retrouvé mort dans une chambre d’hôtel à Manhattan en 2012, un décès qui a été suivi d’un audit embarrassant du gouvernement sur l’utilisation des fonds publics par l’école.

Sciences Po a indiqué mercredi dans un communiqué avoir pris note de la démission de M. Vicherat pour sauvegarder l’institution, mais n’a pas commenté les troubles entourant son départ.

Laurence Bertrand Dorlac, qui dirige la Fondation nationale des sciences politiques, une entité privée qui supervise le budget et la stratégie de gouvernance des universités, a déclaré dans un message aux professeurs et aux étudiants qu’une administration provisoire serait nommée dans les prochains jours.

Nous serons tous unis autour de nos valeurs fondamentales, de nos missions de recherche, d’enseignement et d’accompagnement de nos étudiants, du bon fonctionnement de l’établissement et du meilleur choix pour sa direction, a déclaré Mme Bertrand Dorlac.

M. Vicherat, un fonctionnaire qui a travaillé auparavant à la Mairie de Paris, à la Compagnie nationale des chemins de fer français et à Danone, un géant français de l’alimentation, a pris la tête de Sciences Po en 2021, s’engageant à donner la priorité aux efforts de prévention des violences sexuelles et du sexisme. Mais cette promesse a été entachée en décembre lorsque les médias français ont rapporté que lui et son ancienne compagne, la réalisatrice Anissa Bonnefont, avaient été brièvement arrêtés par la police après avoir chacun accusé l’autre de violence domestique.

Bien qu’aucun des deux n’ait déposé de plainte officielle, les procureurs ont poursuivi l’affaire. Le parquet de Paris a confirmé mercredi que M. Vicherat et Mme Bonnefont avaient tous deux été convoqués pour être jugés pour violences conjugales, mais n’a pas précisé la date du procès.

Mme Bonnefont a posté sur les réseaux sociaux en décembre exprimant son choc et demandant le respect de la vie privée. La tristesse des couples appartient aux couples, écrit-elle, et elle n’est jamais toute blanche d’un côté et toute noire de l’autre.

Ces accusations ont suscité un tollé contre M. Vicherat, qui s’est temporairement retiré avant de réintégrer l’école fin janvier sous certaines conditions fixées par les responsables de l’école. Certains étudiants ont organisé des sit-in ou placardé des affiches pour exiger son départ.

Dans une déclaration envoyée par courrier électronique aux étudiants et aux membres du corps professoral mercredi, M. Vicherat a déclaré qu’il avait décidé de se retirer parce que lui et Mme Bonnefont avaient reçu l’ordre de subir leur procès devant un tribunal pénal.

Je nie toujours les accusations de violences qui ont été portées contre moi, a-t-il déclaré, soulignant que le procès se déroulait sans qu’aucune plainte n’ait jamais été déposée de part et d’autre.

Comme je l’ai déjà écrit, c’est moins ma personne que l’institution qui m’importe, c’est pourquoi j’ai décidé, pour la préserver, de démissionner de mes fonctions de président de l’Institut d’études politiques de Paris, a-t-il ajouté. utilisant le nom officiel de Sciences Po, qu’il qualifie d’institution admirable.

Les syndicats étudiants qui avaient exprimé leur colère face à son bref retour ont salué sa démission. L’une d’entre elles, l’Union étudiante, a qualifié son départ de tardif mais inévitable.

La démission de M. Vicherat intervient dans un climat particulièrement tendu pour l’institution, dont la direction a complètement perdu toute légitimité dans le sérieux et la sincérité de sa lutte contre les violences sexistes et sexuelles, indique le syndicat dans un communiqué, ajoutant que son successeur devra s’engager activement dans ce combat.

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